01net.com lance aujourd’hui un nouveau rendez-vous dédié à la 5G en collaboration avec QoSi (groupe MOZARK), spécialiste de la mesure des réseaux télécoms, éditant notamment l’application 5GMark et partenaire de référence de l’Arcep.
Notre objectif est de mesurer sur le terrain la qualité de service 5G perçue par un utilisateur et de voir ce qu’apporte cette technologie par rapport à la 4G. Pour notre premier volet, nous avons choisi de nous focaliser sur Paris intra-muros, dont le territoire est couvert en 5G par les quatre grands opérateurs depuis le mois de mars dernier. Voici donc notre baromètre 5G dédié à la capitale.
Retrouvez l’étude en intégralité sur le site de QoSi.
La campagne de mesures a été réalisée du 13 au 19 juillet 2021 par les équipes de QoSi. Elles ont procédé à 6400 tests répartis sur l’ensemble des arrondissements avec des forfaits 4G et 5G de Bouygues Telecom, Free Mobile, Orange et SFR*. Les résultats reflètent l’expérience moyenne qu’aurait vécu un utilisateur qui serait passé dans tous ces lieux. Vous trouverez plus d’informations sur la méthodologie et le matériel en fin d’article.
* 01net.com est édité par une filiale de NextRadioTV, elle-même propriété de Altice Media
Débit descendant : Free Mobile à la traîne
Premier constat, Orange présente les performances les plus élevées en débit descendant en 5G (204,7 Mbit/s). Mais il est suivi de près par SFR (198,4 Mbit/s). Bouygues Telecom se place un peu plus en retrait (134,2 Mbit/s). Pour ces trois opérateurs, il y a un vrai gain lorsque l’on passe de la 4G à la 5G.
Free Mobile occupe une place à part. Non seulement ses résultats se trouvent très en-deçà de ses concurrents en 4G comme en 5G, mais en plus sa 5G (36,4 Mbit/s) semble apporter moins de débit que la 4G (46,7 Mbit/s). Attention à ne pas surinterpréter cette anomalie. Il faut rappeler que la 5G actuelle fonctionne encore avec un cœur de réseau 4G (5G non standalone). «Il peut arriver qu’elle rebascule sur de la 4G et inversement. Ce qui peut induire des contre-performances sur certains tests », prévient Sébastien Kaiser, directeur du développement business de QoSi. Ce que l’on peut dire, c’est que la 5G de Free n’apportait pas de bénéfice par rapport à sa 4G dans Paris intra-muros au moment où la campagne de mesure a été réalisée.
L’impact des fréquences
Comment expliquer malgré tout l’écart entre Free Mobile et ses concurrents ? Sur Paris, les quatre opérateurs ont déployé leur réseau dans la bande cœur des 3,5 GHz. Mais Free Mobile en a moins. Et il est le seul à avoir fait le choix d’activer aussi une bande basse, à savoir du 700 MHz.
Les derniers chiffres remontent au 30 juin 2021. L’observatoire de la 5G tenu par l’Arcep prend en compte l’Ile-de-France sans isoler Paris intra-muros. On y apprend malgré tout que Free Mobile a activé 1248 sites dont seulement 221 dans la bande 3,5 GHz. Il dispose de plus de sites ouverts que ses rivaux en 5G, mais moins de sites en 3,5 GHz.
Les fréquences par opérateur en Ile-de-France (Source Arcep, juin 2021)
A l’inverse, Bouygues Telecom, Orange et SFR ont mis le paquet sur la bande 3,5 GHz, qui dispose d’une énorme quantité de spectre, ce qui leur permet de faire la différence en débit descendant. Dans la bande 700 MHz, la quantité de spectre disponible est moindre. Mais en plus, il faut la partager entre les utilisateurs restés en 4G et ceux qui sont connectés en 5G. Cela limite d’autant plus le débit.
La situation pourrait malgré tout évoluer. « Nous sommes dans une phase de première jeunesse de la 5G et de conquête », fait observer Sébastien Kaiser. « Les stratégies des opérateurs au niveau du déploiement de la 5G ne sont pas les mêmes. Free a pour objectif d’avoir le maximum de couverture le plus rapidement possible en France : pour cela, il utilise des fréquences basses avec plus de portée, mais moins de bande passante disponible. » Il faudra observer s’il fait davantage appel au 3,5 GHz dans un second temps.
On relèvera également qu’Orange permet dans 20% des cas de dépasser les 200 Mbit/s. Idem pour SFR dans 12% des cas. Ajoutons qu’en moyenne, les débits descendants les plus élevés en 5G ont été de 582 Mbit/s pour SFR et de 547 Mbit/s pour Orange.
Glissons un mot sur les pics de débits relevés par Qosi. Le pic est une valeur instantanée, obtenue fugacement au cours du test. Cela donne une illustration du potentiel atteignable par la 5G, de là où elle peut aller. Mais cela n’est pas révélateur de l’expérience de l’utilisateur, ni même de la performance globale de l’opérateur. Il reste tout de même prometteur de constater que de tels sommets ont ou être atteints puisque dans certains cas, on a frôlé le 1 Gbit/s de débit descendant.
Pourquoi Orange et SFR font-ils mieux que Bouygues ?
Reste une interrogation. Si Bouygues Telecom, Orange et SFR ont fait le même choix d'activer beaucoup d'antennes dans la bande de fréquence 3,5 GHz, pourquoi le premier obtient-il de moins bonnes performances que les deux autres ?
Portons notre attention sur le taux d’accroche 5G. Il s’agit du nombre de transferts réalisé en 5G pendant plus de 50% du temps, divisé par le nombre total de transferts effectués (4G+5G). Orange et SFR fournissent les taux les plus élevés (74 et 72%). Cela signifie que leurs abonnés 5G bénéficient très majoritairement d’une expérience 5G quand ils ont souscrit à un forfait 5G avec un smartphone compatible. La proportion est exactement inverse pour Free Mobile dont les tests se retrouvent à 72% en 4G. Bouygues Telecom se situe entre les deux avec un taux d'accroche 4G de 51% et un taux d'accroche 5G de 49%.
« Il peut arriver que l'on capte une antenne 3,5 GHz et que le débit soit en-deçà de ce que l'on pourrait attendre. La 5G est alors présente du point de vue de la couverture géographique, mais l'utilisateur final n'en tire pas encore tous les bénéfices », nous explique Thierry Moncorger, directeur produit et cofondateur de QoSi.
Plusieurs hypothèses sont envisageables. Il est possible qu'il y ait plus ou moins de nouvelles antennes en 3,5 GHz, car cela a un coût financier important. Avec le risque d'impacter la capacité et la qualité de service du réseau.
Il faut aussi rappeler que le déploiement est toujours en cours. Quelques sites attendent encore d'être autorisés pour être activés. Et certains points testés ont pu se retrouver surexploités en fonction du nombre d'utilisateurs connectés simultanément au même endroit.
Par ailleurs, la portée de la bande 3,5 GHz se trouve réduite entre 400 et 800 mètres dans un univers urbain, d'après l'ANFR. À cet égard, l'environnement parisien est particulièrement complexe. « Il y a une forte densité de population et d’habitations avec des immeubles relativement hauts ou épais, ainsi qu'un challenge pour bénéficier de points hauts pour obtenir des autorisations afin d'installer les antennes pour les opérateurs », souligne Thierry Moncorger. Le signal peut être amoindri par tous ces obstacles.
Enfin, chaque opérateur paramètre de façon spécifique son réseau. Au sein des limites de couverture de Paris intra-muros, il peut choisir un basculement automatique en 4G même si l'utilisateur capte la 5G venant, par exemple, de l'autre côté du périphérique. Une forme de prudence pour garantir la qualité de service mobile des utilisateurs. Mais l'inverse est également envisageable. L'opérateur pourrait choisir de maintenir la 5G un peu trop loin à la limite de sa couverture, alors que le signal faiblit.
Débit montant : il n'augmente pas en 5G
Terminons par le débit montant. C’est la grosse surprise de cette campagne de tests. La 5G des quatre opérateurs n’apporte absolument aucun bénéfice. Free Mobile, Orange et SFR sont stables. Bouygues Telecom affiche une légère contre-performance. Question de priorité pour les opérateurs, qui ont préféré clairement privilégier le débit descendant.
« Les clients du grand public consomment essentiellement de la bande passante descendante, c'est pour cela que les opérateurs la priorisent et travailleront probablement plus tard sur la bande montante pour des usages plus B2B », avance Sébastien Kaiser.
Nous aurons l'occasion dans les mois qui viennent de publier un nouveau baromètre 5G sur Paris intra-muros, afin de suivre l'évolution du réseau pour les quatre opérateurs. Mais ce premier bilan nous permet déjà de tirer des conclusions. « Avec ces résultats, nous voyons que la 5G est maintenant une réalité sur Paris et que le gain de performance est très significatif pour trois des quatre opérateurs, grâce, notamment, à un usage massif des fréquences hautes », résume Sébastien Kaiser.
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