En 2006, Guillaume Barou, Xavier Monnier, et Léa Labaye créaient un journal satirique sur la Toile parce qu’ils « n’avaient pas un rond ». Demain, mercredi 23 septembre 2009, Bakchich.info sort son premier numéro papier, pour des questions d’argent là encore. Entre temps, la crise est passée par là, faisant chuter les revenus d’un site qui peinait à trouver son équilibre financier. Nicolas Beau, directeur de la rédaction, revient sur la genèse de Bakchich Hebdo, distribué à 100 000 exemplaires dans 20 000 kiosques de toute la France.
01net. : Pourquoi lancer un hebdomadaire papier aujourd’hui après 3 ans d’existence sur le Web ?
Nicolas Beau : C’est une raison économique qui a servi de levier à la création de ce magazine papier. Nous avions misé sur la publicité, avec cette idée que les recettes publicitaires des sites d’information connaissaient une forte marge de progression, environ 40 % par an. Puis la crise est arrivée. Les recettes mensuelles de notre régie sont inférieures à celles de Google [les liens sponsorisés AdSense, présents sur Bakchich, NDRL].
Au total, la publicité nous rapporte 7 000 euros mensuels à comparer à nos 50 000 euros de frais de fonctionnement. Nos actionnaires ne peuvent nous refinancer indéfiniment, c’est pourquoi nous lançons une déclinaison papier. Avec 30 000 exemplaires vendus [1,80 euro, NDLR], nous atteindrons l’équilibre financier.
Doit-on en conclure qu’il n’y a pas de place pour un site d’information « pure player » ?
S’il n’y avait pas la crise, Rue89 serait probablement à l’équilibre, mais actuellement même les sites d’information qui sont adossés à de grands médias perdent de l’argent. Aujourd’hui, oui, il n’y a pas de place pour les sites d’information. Ou alors ils doivent trouver des sources de revenus complémentaires. Il est peut-être l’heure de mettre en place un modèle d’information payante.
Bakchich s’essaie déjà au payant. Premier bilan ?
Le site est partiellement payant sur les « confidentiels ». Nous avons 2 000 abonnés, particuliers et entreprises. Le payant peut s’appliquer à des informations de niche, très pointues. Nous cherchons également des recettes complémentaires en vendant nos contenus à d’autres supports comme le Télégramme de Brest. C’est une voie qu’il nous faut explorer d’avantage.
Comment se positionnera l’hebdomadaire par rapport au site Internet ?
Bakchich Hebdo comportera 20 pages d’informations exclusives. Nous n’avons pas pour ambition de rivaliser avec la page politique du Canard Enchaîné, mais cette thématique sera présente. Le premier numéro de Bakchich Hebdo reviendra, bien sûr, sur l’affaire ClearStream. Par rapport au site Internet, nous investissons d’autres domaines que l’information satirique, comme le sport, les médias, Internet et la musique.
Comment comptez-vous convertir vos lecteurs Web au support papier ?
C’est le mystère. Nous espérons bien sûr drainer notre public de jeunes lecteurs de la Toile vers le papier. Et comptons aussi sur de nouveaux lecteurs, ceux qui appartiennent à une génération plus ancienne : les lecteurs de journaux satiriques papier.
Que modifie l’arrivée de ce nouveau support par rapport au Web dans le travail de vos journalistes ?
Nous avons fait un saut qualitatif dans l’editing grâce au papier. Sur le Web, le circuit de relecture de la copie est très court. Avec le papier, d’autres contraintes existent en termes de maquettes, de calibrage. Le papier appelle à plus de rigueur. Mais il ne faut pas sous-estimer ce qu’apporte le Net. Vrai laboratoire d’idées, il nous a permis de donner une chance à de jeunes journalistes, de créer une petite marque. Sans Internet, nous ne serions pas là.
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