Dans la nuit du jeudi 27 au vendredi 28 janvier, les connexions au Web égyptien se sont éteintes les unes après les autres. En quelques heures, le trafic de données a chuté à une infime portion de ses capacités. Pour faire taire le Web, les blogs, les tweets, etc., Moubarak a fait couper Internet en Egypte, dans le pays et vers l’international. Selon James Convie de la société Renesys, spécialiste de l’analyse du trafic Internet mondial, vendredi 28 janvier, 93 % des réseaux égyptiens étaient inaccessibles. Seul le fournisseur Noor, responsable de la connexion à la Bourse du Caire, continuait à fonctionner, pour s’arrêter finalement le 31. Pendant ce temps, les réseaux de téléphonie mobile étaient, eux aussi, éteints. La situation a enfin évolué le mercredi 2 février, avec la réapparition progressive de l’Egypte sur la Toile mondiale. Hors du débat sur la brutalité et la contre-productivité de la coupure d’Internet pour museler une révolte populaire, reste une question : comment la coupure localisée d’un pays sur Internet est-elle possible ? Et serait-elle imaginable dans d’autres pays, telle la France ?
Une concentration de FAI
Même si l’infrastructure réseau de l’Egypte est forte, les explications tiennent malgré tout à une concentration des acteurs. Internet est un réseau regroupant des milliers de réseaux : pour que le trafic puisse se faire, ces réseaux échangent entre eux des informations vitales de “ routage ”, par où les paquets de données doivent passer pour aller d’une adresse à une autre… En Egypte, quatre fournisseurs d’accès géants (Link Egypt, Raya, Telecom Egypt et Etisalat Misr) concentrent la quasi-totalité des activités de fournisseur d’accès et d’opérateur. Il a donc suffi de demander à ces FAI, vraisemblablement dans la soirée du 27 janvier de bloquer tout trafic. Les fournisseurs ont ensuite, les uns après les autres, bloqué le protocole BGP, celui par lequel les réseaux s’échangent leurs informations de routage. Pour cela, deux solutions : quelques lignes de commandes qui n’auront pris que quelques minutes ; ou plus simplement, l’arrêt physique des machines (routeurs) chargées du routage BGP. En quelques heures, les données ne savaient plus par où passer…
Un impact circonscrit
A noter au passage, cette manipulation n’a affecté que l’Internet égyptien, sans impact sur le trafic mondial, alors que les câbles en fibre optique passant par l’Egypte sont essentiels pour les liaisons Europe-Asie. En France, où coexistent des centaines d’opérateurs, une telle coupure n’aurait pas été si simple. Mais, comme vient de le confier Bill Gates à la chaîne de télévision CBS : “ Ce n’est pas très difficile de couper Internet. ”
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