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” Les start-up ont desservi le réseau “J. -C. Francispillai, ex-Actualinfo devenu DRH d’AsteriaEn 1999, Actualinfo était l’un des premiers sites d’information. Aujourd’hui, il n’en subsiste qu’une seule…

” Les start-up ont desservi le réseau “

J. -C. Francispillai, ex-Actualinfo devenu DRH d’AsteriaEn 1999, Actualinfo était l’un des premiers sites d’information. Aujourd’hui, il n’en subsiste qu’une seule page, qui indique sobrement : ” Pendant notre restructuration, la diffusion des informations est suspendue “. Et Jean-Claude Francispillai, son fondateur, y a perdu 305 000 euros. L’histoire avait commencé en 1997, quand cet éditeur de city- guides s’est mis au net avec l’idée géniale de monter un site d’informations alimenté par des dépêches AFP.” Nous avons signé le premier contrat de diffusion en ligne de dépêches “, se rappelle celui qui est aujourd’hui DRH du groupe franco-espagnol Asteria. C’est peut-être cette précocité qui l’a perdu. Car, en mars 2000, l’AFP a voulu revoir les termes du contrat qui liait les deux entreprises. Au lieu du forfait, l’agence de presse a demandé à percevoir des revenus en fonction des pages vues. En quelques jours, le destin du site (qui dépassait celui de TF1 en audience) s’est joué. Les business angels ont décidé d’engager une partie de bras de fer. L’AFP a stoppé toutes ses livraisons de dépêches, supprimant le contenu du site, qui a fermé ses portes de suite.” J’ai essayé de me relancer sur un nouveau concept, Euroxl.com, explique Jean-Claude Francispillai. C’était un concept de site multiservices (recrutement, appels d’offres) pour les PME. Mais j’ai commis l’erreur d’avoir des réflexes d’entrepreneur traditionnel. Nous avons monté le site, j’ai écrit un ” business plan” de 150 pages. Au lieu de lever des fonds en avril 2000, j’ai attendu jusqu’en septembre. Et là, il était impossible de trouver le moindre kopeck. Ceux qui ont réussi sont ceux qui n’avaient pas l’habitude des règles du jeu. Mais je pense que les start-up ont desservi le net. Aujourd’hui, les décideurs de l’économie traditionnelle considèrent que c’est bidon pour faire du business “, regrette-t-il.Lorsqu’il a quitté Paris pour Aix-en-Provence, sa première surprise a été le non-développement du net en province. ” À Paris, je croyais que tout le monde était connecté. Mais c’était le contraire : mon groupe est international, et il y a encore des employés qui n’ont pas d’accès au bureau.

” Sans diplôme, on ne travaille pas en France “

Frédéric Cirera, ex-Mygale, maintenant développeur chez SunL’histoire de Multimania, le premier site de communautés français, ne tient pas à grand-chose. Son ancêtre, Mygale, aurait pu ne jamais voir le jour en 1996. ” À l’époque, se souvient Frédéric Cirera, son fondateur, j’avais 8 ans d’expérience de développeur, mais j’avais pour seul diplôme un BEP. Sans diplôme, on ne travaille pas en France et il est difficile d’émigrer aux États-Unis, car le gouvernement considère que vous allez prendre des jobs non qualifiés à des Américains. J’ai donc décidé de m’inscrire en fac. ” Et pour sa maîtrise, l’étudiant monte un projet de sites d’hébergement de pages perso. Un concept quasiment novateur.Seul l’Américain Geocities (racheté par Yahoo depuis) offrait ce type de service. Hébergé sur le réseau universitaire, Mygale connaît un succès foudroyant, l’obligeant même à suspendre l’inscription de nouveaux membres, faute de machines. Ce succès, Frédéric Cirera le perçoit plus en termes de déboires. Très rapidement, le réseau de l’université refuse de l’héberger. Puis ce sont les héritiers de Queneau qui l’attaquent pour violation du droit d’auteur : un site hébergé par Mygale reprenait des citations de l’auteur. ” C’était facile de s’attaquer à moi, je n’étais qu’un étudiant et j’étais sûr de perdre. Eux, ils pouvaient s’offrir une jurisprudence pour pas cher. Le procès n’a d’ailleurs toujours pas été jugé sur le fond.”L’aventure est aussi rocambolesque : “ Un jour, j’ai vu débarquer Pierre-François Grimald
i (fondateur d’Ibazar, NDLR) dans mon laboratoire avec une enveloppe remplie de billets de 100 francs. Il voulait m’acheter Mygale pour 50 000 francs. Je n’en ai pas voulu, alors il a déposé la marque pour m’empêcher d’exploiter le site “.Les quelque 120 000 utilisateurs, eux, soutiennent l’étudiant. Une ” opération tee-shirt ” (à l’effigie de la mygale) permet d’acheter des serveurs. ” C’était une galère, car on n’était pas une société “, se souvient Frédéric Cirera. Mais à l’époque, sa décision était déjà prise : il partirait aux États-Unis. Il fusionne Mygale avec Virtual Baguette, le site de Michel Meyer, l’ensemble devenant Multimania.Aujourd’hui, expatrié à Santa Clara en Californie, Frédéric Cirera travaille sur le système d’exploitation Solaris de Sun. Il n’en a pas oublié ses hobbies puisqu’il a créé Ulimit.com, un service de redirection de pages personnelles. ” Je voulais prouver qu’avec peu de moyens, on pouvait générer beaucoup d’audience et j’ai réussi. Je suis dans le top 10 de Jupiter MMXI “. Mais pas question pour l’ingénieur de créer sa société ou de revenir en France :” Il n’y a plus aucun projet informatique développé en Europe. Tout se passe ici en Californie.”

” La balle est dans le camp des politiques “

Xavier Schallebaum, ex-webmaster du site web de l’Élysée, PDG de ContentisC’est en écrivant à Jacques Chirac que Xavier Schallebaum a intégré l’Élysée. Le Président lui accorde le privilège d’effectuer son service militaire dans la cellule de communication du Palais. ” Faute de combattants, je suis devenu le Monsieur internet du Président. ” Cette place de choix, au c?”ur de la stratégie ” mulot ” de Jacques Chirac, lui permet de se créer un carnet d’adresses formidable. Et c’est ce dernier qui lui a permis, début 2000, de rejoindre le fonds d’investissement Apollo Invest en tant que directeur associé.Un an plus tard, il crée sa société de conseil, Contentis. ” J’en rêvais depuis que j’avais 18 ans. Le net a été un révélateur, qui a donné le goût d’entreprendre aux jeunes comme moi. Aujourd’hui, la balle est dans le camp des politiques. Ils ne doivent pas laisser retomber le soufflet”, s’exclame-t-il, se disant prêt à conseiller l’éventuel candidat Chirac sur ce thème en 2002.

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Alain Steinmann