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Avis de tempête sur l’industrie des Télécoms

Rumeurs de faillite, suppressions d’emplois en cascade : l’industrie des télécommunications traverse une crise sans précédent. Lucent et Nortel sont les plus mal en point. Hormis Ericsson, les constructeurs européens s’en tirent plutôt bien.

C’est peu dire que la suppression de plusieurs dizaines de milliers d’emplois dans l’industrie des télécommunications et des réseaux fait l’effet d’une douche froide. Parti d’Ericsson en début d’année, le mouvement s’est depuis propagé à l’ensemble de cette industrie. Au départ, il n’était question que des difficultés des constructeurs de portables en raison de projections trop optimistes sur le marché européen du GSM. Loin d’être un phénomène isolé, c’est en définitive la quasi-totalité des segments et des acteurs qui sont concernés. Et les entreprises américaines, loin d’échapper à la règle, se retrouvent finalement en première ligne. Témoin Lucent Technologies, ex-numéro un mondial des télécoms, qui traverse une période noire, supprime près de 20 000 emplois et assiste à la démission surprise de son directeur financier, Deborah Hopkins, l’une des femmes d’affaires les plus influentes des États-Unis, débauchée à grands frais de chez Boeing il y a tout juste un an.

Suppressions d’emploi à n’en plus finir

Même atmosphère chez Nortel Networks, qui vient d’abandonner ses activités DSL (20 000 suppressions d’emplois) et où les principaux dirigeants sont sur le départ. Quant à Cisco Systems (8 500 suppressions d’emplois), la firme, pour la première fois de son histoire, plonge dans le rouge (2,7 milliards de dollars de pertes au cours de son dernier trimestre fiscal pour un chiffre d’affaires en recul de près de 30 %). Également sur la sellette, Motorola, avec 16 000 suppressions d’emplois. Une remise à zéro des ” compteurs ” qui influence le ralentissement de la conjoncture américaine. Principales explications : la faillite de nombreux opérateurs américains (Winstar, Covad, NorthPoint), conjuguée à une réduction sensible des investissements des entreprises. Autre élément à prendre en compte, la politique beaucoup trop généreuse de financement de leurs clients par les grands constructeurs (crédits fournisseurs et, surtout, prêts financiers) avec des engagements atteignant souvent plusieurs milliards de dollars.

L’Europe, relativement épargnée

Avec, pour couronner le tout, des provisions, parfois considérables, pour dépréciation de stocks (jusqu’à 2,2 milliards de dollars chez Cisco). Bref, une spirale infernale. Au-delà des ténors du secteur, les poids moyens ne sont guère mieux lotis : 4 300 suppressions d’emploi, chez Corning, un spécialiste de la fibre optique ; 3 000 chez 3Com, qui n’en finit pas de se restructurer ; 3 500 chez Texas Instruments, etc. L’informatique traditionnelle est également touchée : 5 000 emplois supprimés chez Compaq ; 3 000 chez HP ; 1 700 chez Dell, etc.Paradoxalement, l’Europe est relativement épargnée, à l’exception des spécialistes des portables (20 000 postes supprimés chez Ericsson, près de 7 000 chez Philips, et 6 000 chez Siemens). Alcatel a ainsi préservé l’essentiel de l’emploi en cédant son site industriel de Laval à Flextronics (830 salariés) après avoir supprimé 1 100 postes dans les réseaux de données aux États-Unis. Il n’empêche, la partie reste très serrée pour les constructeurs européens, compte tenu des crédits fournisseurs consentis au titre de l’UMTS. Une véritable bombe à retardement.

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Henri Bessières