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Avion : Pékin veut bannir Boeing, alerte rouge chez l’avionneur

La Chine devrait représenter 20 % de la demande mondiale du secteur aéronautique au cours des deux prochaines décennies. Un manque à gagner qui risque de faire très mal à Boeing. Donald Trump est-il prêt à tenir le coup, au risque de laisser le champ libre à son principal concurrent, Airbus ?

Après un court passage par le secteur automobile lundi 14 avril, les déboires autour des frais de douane et de la politique de guerre commerciale de Donald Trump mettent l’accent sur le secteur aéronautique, ce mardi 15 avril. En fin d’après-midi en Chine, Pékin a appelé ses compagnies aériennes à ne plus accepter la réception des aéronefs de Boeing, malgré leurs commandes. En guise de représailles à l’escalade tarifaire entraînée par Donald Trump à la Maison-Blanche, l’Empire du Milieu cherche à s’attaquer au fleuron de l’aérien américain, déjà en difficultés.

L’information n’a pas été communiquée officiellement, mais Bloomberg avance ces informations en se basant sur des personnes qui ont demandé à ne pas être identifiées. Celles-ci précisaient que Pékin avait aussi ordonné aux compagnies aériennes de cesser tout achat d’équipements et de pièces liées aux avions de Boeing, de quoi rendre encore plus incertain l’avenir des avions en Chine s’il en venait à ne plus pouvoir suivre leur programme de maintenance. En parallèle, le gouvernement serait prêt à aider financièrement les compagnies pour faire face à ce changement brutal dans leur flotte.

Alors que Wall Street n’a pas encore sonné la cloche du début de ses échanges, ce mardi, l’action de Boeing perdait déjà 4,6 % en pré-séance. À la clôture lundi, son cours se positionnait en baisse de 10 % par rapport au début de l’année. Sur la première heure de négociation, l’action Boeing revenait à une baisse de 1 % seulement, expliquée dans une interview par George Ferguson de Bloomberg Intelligence. L’analyste spécialisé dans l’aéronautique expliquait que les liens entre Boeing et la Chine étaient de toute façon rompus depuis 2018 et la fin des grosses commandes auprès des compagnies aériennes du pays. « En tout est pour tout, nous comptabilisons seulement 242 commandes chinoises pour Boeing », expliquait-il.

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Boeing en Chine, un marché indispensable ?

En Chine, les avions de Boeing concernés par l’embargo de Pékin doivent revenir aux principales compagnies du pays. Dans le détail, China Southern Airlines doit prendre livraison de 37 Boeing 737 Max en plus de 2 787-9 Dreamliner. China Eastern attend 7 appareils de type 737 Max et 6 long-courriers 787-9. En troisième position, 4 Boeing 737 Max doivent venir renforcer la flotte d’Air China. Les livraisons devaient pourtant s’intensifier alors que la plus grosse commande du pays depuis 2015 venait d’être finalisée au mois de mars. Il s’agissait d’une commande de la Development Bank Financial Leasing, pour 50 Boeing 737 Max, rappelait Bloomberg.

Plus représentatif sur le long terme, la Chine doit représenter 20 % de la demande globale du secteur au cours des deux prochaines décennies. 33 380 avions monocouloirs doivent être exploités en Chine d’ici 2043, soit 19 % de la flotte mondiale. Sans Boeing, il y aura de la place à Airbus, l’avionneur européen, qui est devenu le fournisseur le plus important du pays. Mais désormais, le focus est surtout sur le nouveau Comac C919, produit localement et concurrent des Boeing 737 et Airbus A320. En 2023, la compagnie China Eastern effectuait le premier vol commercial de l’appareil.

Seule contrainte pour la Chine, le Comac C919 reste un appareil plus lourd que ses homologues, et donc plus gourmand en carburant. Nombreux de ses composants sont d’ailleurs produits en Europe et aux Etats-Unis, et seule une petite moitié de ses pièces seraient assemblées localement.

Boeing risque de manquer son principal objectif de 2025

Pour l’année 2025, le nouveau CEO de Boeing Kelly Ortberg avait dressé l’objectif de retrouver une cadence de 38 livraisons de 737 Max par mois, et ce dès le mois prochain. Une estimation déjà qualifiée de « très optimiste » début janvier par les analystes de Bernstein au journal The Guardian. Ces derniers déclaraient déjà que « Boeing n’a pas encore démontré qu’il était sur la voie de la reprise ». En parallèle à la Chine, la compagnie aérienne irlandaise low cost Ryanair, qui a récemment dépassé les 200 millions de voyageurs (entre mars 2024 et mars 2025) indiquait elle aussi qu’elle envisager de retarder la livraison de 25 avions de Boeing, face aux risques liées aux tariffs de Donald Trump.

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Source : Bloomberg