On connaissait Les Yeux dans les Bleus, documentaire retraçant l’épopée de l’équipe de France de football lors de la Coupe du monde de 1998. Voici aujourd’hui Les Yeux dans les Verts. Rien à voir avec le football, ni avec le club de Saint-Etienne. Il s’agit de « la première web-série politique en France », telle qu’elle est présentée, consacrée à la campagne électorale des écologistes, lors des élections régionales de 2010 et au-delà (journées d’été, annonce de la candidature d’Eva Joly…) Mais ce n’est pas exactement le cas, puisque dans le même genre le site Tele Toc avait narré l’histoire de Jean-Luc Mélenchon (Voir vidéo en fin d’article).
Du 25 mars au 3 juin 2011, Dailymotion hébergera chaque semaine un épisode de 5 minutes des Yeux dans les Verts, disponible aussi sur un site dédié. La série en compte douze au total, issus de quelque 200 heures de tournage. La réalisatrice-productrice Karine Niego les a proposés gracieusement à la plate-forme de vidéos, en échange d’un hébergement exclusif et d’une visibilité (l’épisode sera affiché en page d’accueil pendant 24 heures). Ils ne seront visibles que sur la Toile, aucun autre canal de diffusion n’étant prévu pour le moment.
Le choix du Web allait de soi pour Karine Niego, de par sa « force de frappe » et du « plus large public » qu’à la télévision. « La web-série n’est pas une forme de promotion pour autre chose, c’est un format en soi », dit celle dont c’est le premier documentaire politique. Pour la réalisatrice, cette distribution originale va de pair avec le côté alternatif du film, visant à capter la naissance du nouveau parti écologiste (issu du mariage des Verts et d’Europe Ecologie), en toute transparence.
« C’était une évidence ce format, je vis avec mon époque », précise Karine Niego, qui a commencé à suivre la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, après le bon score des écologistes aux élections européennes. « A l’époque, personne ne la connaissait, c’est ma caméra qui attirait l’attention sur elle. Elle n’était pas comme elle est aujourd’hui. »
« Au début, quand je lui ai proposé le projet de tout filmer, sans censure, en totale immersion pour suivre la naissance du mouvement, elle ne voulait pas. Puis, à force d’insister, elle a accepté et joué le jeu. Il n’y a eu aucune censure. J’étais là tout le temps, au point de faire partie du décor. Certains se demandaient même où j’étais passée, les jours d’absence… », ajoute Karine Niego, heureuse et surprise de tant de liberté.
Version longue et portrait
Il n’a pas été forcément difficile d’extraire douze épisodes de 5 minutes du large stock d’images tournées. « Quand vous savez ce que vous voulez, ce n’est pas si compliqué », dit Karine Niego, qui a montré les trois premiers épisodes déjà prêts à Cécile Duflot. « Vu que tout a été filmé sans restriction, elle a forcément tiqué lors de certains passages. Mais elle n’a demandé aucun changement. » Les deux derniers épisodes seront mis en ligne le 3 juin, à la veille du congrès du nouveau parti. « Après, c’est la bataille présidentielle de 2012 qui commence. »
Karine Niego compte utiliser la vaste matière dont elle dispose pour concevoir une version longue de la web-série, de 90 minutes, ainsi qu’un portrait inédit de Cécile Duflot de 52 minutes. « L’idée est de les diffuser plutôt à la télévision, vu le format. ». Mais rien n’est encore signé.
Valeur de test
Les Yeux dans les Verts est une première pour Dailymotion : « Nous avons diffusé bon nombre de web-séries, comme Le Visiteur du futur ou Mes Colocs, mais aucune qui abordait la politique de façon documentaire. Nous avions juste passé une émission, Politique à domicile, avec Vincent Peillon, qui pourrait avoir une suite. La démarche de Karine Niego nous a intéressés, son documentaire est exceptionnel au niveau du contenu. Cette qualité nous importe », explique Antoine Nazaret, en charge des contenus news. Lequel estime que Les yeux dans les Verts a valeur de test pour ce type de série non fictionnelle.
Concernant cette opération, le site est simple hébergeur, il n’a pas participé au financement du film, ce qui peut lui arriver parfois. Mais il n’est jamais à l’origine d’un projet. « Notre métier ne change pas, c’est d’être un hébergeur. Mais rien n’exclut que nous intervenions davantage à l’avenir en amont pour parler des idées ou des formats Web avec les réalisateurs, par exemple. »
Premier épisode de Monsieur Mélenchon, de Tele Toc :
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