En promettant l’interopérabilité entre toutes les applications, les “web services” ont de quoi faire rêver les entreprises. Cet ensemble de technologies basées sur XML utilise internet comme un canal de communication et permet, en théorie, de faire communiquer entre elles les entreprises. Une aubaine pour ces dernières, à condition toutefois qu’elles en maîtrisent l’usage. Ces web services leur permettront en effet d’intégrer des applications utilisant des langages propriétaires. En outre, elles pourront, en retour, ouvrir leurs applications à d’autres sociétés.Jusque-là, les entreprises ont développé leurs systèmes d’information sans envisager a priori la révolution internet. Ainsi, la préoccupation principale d’un directeur informatique, avant le déploiement de toute nouvelle application, est de veiller à ce qu’elle puisse communiquer avec les autres applications de l’entreprise. Cette fonction est assurée par l’EAI (Enterprise Application Integration), un ensemble d’outils qui veillent à la communication entre les applications d’une entreprise, et cela indépendamment de leur langage. Au sein d’une plateforme centrale d’intégration, ces solutions se comportent comme un interprète.
Pour l’agilité de l’entreprise
De fait, à l’ère des web services capables de faire communiquer des applications entre entreprises, l’utilité de l’EAI pourrait être mise en question, notamment à cause de leur vocation interne. La position sur le sujet de Jean-Baptiste Ceccaldi, cofondateur et directeur général du cabinet de conseil Vistali, a le mérite de la clarté. “Les web services et les socles d’intégration applicatifs [EAI, ndlr] sont fondamentalement les meilleurs amis du monde”, affirme-t-il. Selon lui, EAI et web services servent un objectif commun qui est “l’augmentation de l’agilité de l’entreprise”. Cette agilité caractérise la capacité d’adaptation des systèmes d’information des entreprises qui sont confrontées à une contrainte constante : la nécessité de modifier en permanence leurs stratégies et donc de faire évoluer les systèmes d’information. Reste à savoir comment évoluer sans gérer trop d’instabilité. Les ERP (Enterprise Resource Planning ou progiciels de gestion intégrés) ont apporté une première solution en structurant le système d’information selon des fonctions fondamentales (gestion comptable, gestion de la chaîne des fournisseurs, etc.). Mais, en revanche, ils freinent dans une certaine mesure l’évolutivité, du fait de leur caractère très vertical et propriétaire.L’agilité de l’entreprise est portée par l’EAI, garantissant que chaque nouvelle application s’insère correctement et interagit avec les applications existantes. Cependant, “une entreprise qui veut offrir ses applications à l’extérieur aura nécessairement besoin des web services”, explique Didier Martineau, le directeur des services de l’éditeur de logiciels XML Software AG, pour lequel l’EAI prend tout son sens en s’imposant comme une “phase incontournable de consolidation interne du système d’information de l’entreprise”.Ainsi, compter sur l’utilisation des web services en interne pour l’intégration d’applications, en lieu et place des outils d’EAI, n’aurait pas de sens. “Les web services ne vont pouvoir exister que du fait de la présence de l’EAI”, tranche Jean-Baptiste Ceccaldi. Les éditeurs de solutions d’EAI ont d’ailleurs bien compris l’opportunité de ce rôle de socle central d’invocation des web services. “Même si toutes les applications entre les entreprises communiquent via les web services, les EAI seront toujours présents pour assurer la transformation, le routage et le transport des données au sein de l’entreprise”, précise Didier Martineau.
Bilingues
Les éditeurs d’EAI ont donc déjà commencé à intégrer dans leurs solutions des connecteurs web services. Ces connecteurs remplissent une fonction d’interface, d’interprète bilingue assurant le service de traduction entre le langage d’entreprise porté par l’EAI et le langage de l’application externe avec laquelle il échange des données. La mutation des solutions de ces éditeurs vers les web services a donné naissance à un nouvel acronyme pour un nouveau concept : l’IAI ou Internet Application Integration. À travers internet, l’enjeu de l’intégration est désormais de communiquer avec des applications externes à l’entreprise. Les web services font figure de passerelle pour des éditeurs d’EAI qui voient là l’opportunité d’étendre leur marché.
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