C’est une drôle de conférence de presse qu’a organisé Huawei, à Paris, ce jeudi 17 octobre. Les dirigeants de la filiale française de l’entreprise y ont présenté le Nova 5T, « un smartphone conçu pour séduire les 18-24 ans ». En pleine crise entre la Chine et les États-Unis, Huawei tente à tout prix de rassurer et a trouvé un moyen de contourner les sanctions américaines : lancer des smartphones déjà commercialisés dans d’autres pays.
Huawei fait du Honor
Si vous avez suivi l’actualité tech ces derniers jours, vous savez déjà que le Huawei Nova 5T n’est pas un nouveau smartphone. Il s’agit de la version chinoise du Honor 20, un mobile lancé en juin 2019. Autrement dit, Huawei se contente d’apposer son logo au dos d’un appareil déjà existant, sans changer quoi que ce soit d’autre. L’avantage pour Huawei est que le Honor 20 est déjà certifié et peut donc profiter des services Google, contrairement à d’autres nouveaux produits comme le Mate 30.
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Pourtant, l’entreprise chinoise fait comme si le Nova 5T était un tout nouveau produit. Si l’on se fie à son discours, le smartphone a été imaginé pour «conquérir un public jeune» et se situe «entre le P30 Lite et le P30». Chacune des caractéristiques de l’appareil, de son quadruple module caméra à son écran LCD poinçonné en passant par son capteur d’empreintes latéral, a été présenté comme une nouveauté… comme si le Honor 20 n’avait jamais existé. Un représentant de l’entreprise nous assure d’ailleurs que « Huawei compte lancer en France la gamme Nova depuis de nombreux mois ». D’autres smartphones suivront dans les prochains mois
Commercialisé au tarif de 399 euros, le Huawei Nova 5T coûte 100 euros de moins que le Honor 20 à son lancement (même s’il est désormais en promotion à 399 euros). À un tel prix, on peut d’ores et déjà parier sur son succès lors des fêtes de Noël. Ceci est d’autant plus vrai que l’aura de Huawei est supérieure à celle de Honor et que le Nova 5T sera vendu chez des milliers de revendeurs, dont les quatre opérateurs (qui le subventionneront). La cible n’est pas la même selon l’entreprise, mais nous sommes en droit de nous demander comment Honor résistera à une telle concurrence, qui plus est interne.
Les chiffres français « exceptionnellement » présentés
Enfin, et c’est suffisamment rare pour le souligner, Huawei a communiqué sur ses résultats en France. Au mois d’août 2019, 22% des smartphones vendus dans notre pays étaient signés « Huawei », ce qui fait du Chinois le deuxième constructeur le plus populaire derrière Samsung. Nous avons aussi appris que 91% des Français connaissaient la marque (ce qui est plus que pour n’importe lequel de ses compatriotes) et que les ventes locales enregistraient une croissance de 37% en un an. Autrement dit, les Français ne semblent pas inquiétés par les sanctions américaines.
Autres chiffres : Huawei veut prouver qu'il est populaire en France. 91% des Français connaissent la marque et 16% la préfèrent aux autres. Huawei s'est bien installé dans le top 3 avec Samsung et Apple. (Ce qui, en soi, ne change rien au problème Trump) pic.twitter.com/gjTaEENgma
— 01net (@01net) October 17, 2019
Rappelons qu’à ce jour, Huawei ne peut plus lancer de nouveaux smartphones équipés des services Google. L’entreprise nous a, une nouvelle fois, confirmé qu’elle comptait lancer son Mate 30 en France mais ne peut communiquer aucune date pour l’instant. Sans apaisement entre les États-Unis et la Chine, Huawei risque à un moment ou l’autre de se retrouver dans une impasse. Et ne pourra plus se contenter de lancer en Europe des smartphones conçus pour la Chine. Pour l’instant, l’entreprise dit croire en une résolution du problème même si elle nous confirme réfléchir à un plan B.
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