Autodesk, leader mondial du logiciel d’impression 3D, investit une galerie jusqu’au 23 octobre à Paris. Une occasion de rencontrer Jason Medal-Katz, le conservateur de la galerie de la société à San Francisco et directeur de l’expérience de la marque. Il revient pour nous sur l’un des projets de recherche phare d’Autodesk : l’impression 4D.
01net : Qu’est-ce que l’impression 4D ?
Jason Medal-Katz : Dans l’impression 3D, vous construisez un objet par ajout de couches successives. Dans l’impression 4D, on ajoute une source d’énergie. Il peut s’agir d’eau, de chaleur ou de lumière, par exemple. L’énergie va agir comme un stimulateur sur le matériau pour le configurer autrement.
Pour bien faire comprendre le processus au grand public, nous aimons bien montrer un tube à essai avec des morceaux de matériaux aimantés qui représentent des structures moléculaires. Quand on le secoue, les pièces se séparent. Et quand on le secoue à nouveau, les pièces se réassemblent. L’auto-assemblage est un processus qui se produit de cette façon tout le temps dans la nature. Il est bien connu en biologie, en chimie et se trouve même à l’oeuvre à l’intérieur de notre corps : notre ADN s’auto-assemble aussi de cette manière.
Arrivez-vous déjà à reproduire ce processus naturel ?
C’est le but : arriver à programmer des objets pour qu’ils s’auto-assemblent selon la forme et les propriétés de leur matériau. Pour le moment, les seules applications possibles ne fonctionnent que dans un environnement extrême de faible gravité : sous l’eau ou dans l’espace. Mais vous pouvez imaginer un jour, quand la technologie se sera améliorée, où l’on pourra l’utiliser dans notre atmosphère. Vous irez alors acheter un objet en pièces détachées dans un magasin comme Ikea, et vous n’aurez plus besoin de lire la longue notice d’instruction pour le monter : votre table apparaîtra comme par magie !
Autodesk se contente-t-il de financer les recherches ?
Non, c’est une véritable collaboration entre notre équipe de R&D et de nombreux chercheurs. Principalement avec Skyler Tibbit du MIT, pour ce qui est de l’auto-assemblage. Mais de façon plus large, nous travaillons activement sur la bio et la nano-programmation de matière avec des experts comme Arthur Olson du Scripps Research Institute, Rob Knight de l’Université de Colorado, ou encore le George Chruch Lab d’Harvard, etc.
Quel est le potentiel de l’impression 4D pour votre société ?
Nous sommes très intéressés par l’impression 4D. Demain, il faudra pouvoir modéliser, visualiser et simuler l’auto-assemblage des objets grâce à des logiciels. Et bien sûr, ils devront ensuite être imprimés. Nous avons lancé au mois de mai dernier une plateforme d’impression 3D open source : Spark. Nous voulons faire de Spark pour l’impression 3D ce qu’est aujourd’hui Android pour le téléphone mobile. L’impression 4D, ce sera l’étape suivante pour Spark.
Quelles sont les évolutions que vous attendez de l’impression 3D ?
Nous pensons que les plus grandes avancées auront lieu en matière d’applications industrielles mais pas forcément pour les consommateurs. Il y a beaucoup de possibilités très excitantes qui se profilent. En ce moment, l’impression 3D est en train de migrer du prototype à la production d’objets finis.
La révolution industrielle était basée sur la production de masse, l’impression 3D va faire triompher la personnalisation de masse. Au lieu de créer une seule chose de nombreuses fois, nous créerons demain de nombreuses choses en une seule fois !
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