Dans son allocution du 14 juillet, le président de la République, Emmanuel Macron, a confirmé que son gouvernement travaillait à l’élaboration d’un « plan de sobriété énergétique ». Son but ? Réduire de 10% la consommation d’énergie par rapport à 2019, dans un délai de deux ans. Pour y parvenir, plusieurs pistes sont envisagées, dont une qui pourrait faire polémique : l’abaissement de la vitesse maximale autorisée sur l’autoroute à 120 km/h. Si cette mesure venait à être adoptée, les conducteurs de voitures électriques pourraient être moins touchés, voire avantagés. Explications.
Réduire sa vitesse, c’est diminuer sa consommation
La diminution de la vitesse moyenne est-elle un moyen de limiter sa consommation ? Surtout, si celle-ci diminue, est-ce de manière conséquente ou anecdotique ? Que l’on soit propriétaire d’une voiture électrique, d’un diesel ou d’un moteur à essence, la réponse à ces deux questions est oui. Sur les moteurs thermiques, citons par exemple nos confrères de Caradisiac, qui avaient mené une expérimentation il y a deux ans sur ce sujet. Leur conclusion était alors sans appel : « le fait de rouler à 120 km/h au lieu de 130 fait perdre environ 4 minutes par tranche de 100 km, le gain en consommation sur une berline compacte diesel type Renault Mégane s’élève à 14% ».
Et pour la voiture électrique ? Le constat est équivalent. Cette fois, ce sont nos propres chiffres auxquels nous allons nous référer. Quelle que soit la voiture électrique utilisée, la consommation augmente à mesure que la vitesse progresse. Sur autoroute, le point de bascule se situe à 110 km/h. Plus on le dépasse et plus la consommation explose. En exemple : lors de notre essai autonomie sur le MG5, le break électrique « pas cher », nous avons constaté une consommation moyenne de 19 kWh/100 km en roulant entre 110 et 120 km/h. Or, à 130 km/h, cette consommation atteint les 24 kWh/100 km. L’écart entre les deux valeurs est significatif. Sur la MG5, il se traduit par un gain d’autonomie de plus de 60 km.
Bien évidemment, tous les véhicules électriques n’afficheront pas les mêmes valeurs de consommation ou d’autonomie, mais tous sans exception voient leur kWh fondre comme neige au soleil à l’approche des 130 km/h. En conséquence, un abaissement de la vitesse à 120 km/h sur autoroute devrait permettre d’augmenter l’autonomie moyenne des voitures électriques sur ces voies rapides.
Plus d’autonomie, moins de charges
Plus d’autonomie sur autoroute, cela veut aussi dire moins d’arrêts sur les bornes de charge rapide. Or c’est bien sur les stations Ionity, Fastned ou encore TotalEnergies, que le prix du kWh est le plus élevé. Là encore, l’équation est simple : moins d’arrêts sur des bornes chères, c’est plus d’économies au final pour le propriétaire d’une voiture électrique.
La limitation à 120 km/h sur autoroute sera-t-elle adoptée ?
Il reste désormais à savoir si le plan de sobriété énergétique comportera un volet « abaissement de la vitesse sur les autoroutes ». En effet, le précédent de la limitation à 80 km/h sur les routes nationales et les polémiques qui avaient suivies pourraient échauder le gouvernement. Interrogé sur la question, Emmanuel Macron avait botté en touche en admettant préférer « laisser maturer le débat dans la société ». Rappelons également, que la diminution de la vitesse sur les autoroutes (à 110 km/h cette fois) était l’une des propositions formulées par la convention citoyenne pour le Climat, en 2020. En définitive, si la mesure semble avoir tout du bon sens écologique, elle demande un certain courage politique pour être adoptée. Mais si elle devait l’être, les propriétaires de véhicules électriques ne seraient pas les plus à plaindre.
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Source : Les Echos
