[Artcile édité le 23/11/2022] : Cet article a été modifié afin de mettre à jour le paragraphe consacré à l’autonomie. Le test sur long trajet que nous avons effectué avec le Q4 e-tron Sportback et qui a fait l’objet d’un article complet a servi de base pour compléter les performances en autonomie constatées lors de notre essai.
Dans la famille Volkswagen, les nouveautés arrivent souvent par trois. Pour les SUV, c’est pareil. Il n’y a donc rien de surprenant à voir débarquer sur le marché, en l’espace de quelques semaines, un Skoda Enyaq Coupé, un Q4 Sportback électrique ou encore une version coupé de l’ID.4, la bien nommée ID.5. Si les trois modèles sont bâtis sur une plate-forme technique identique (MEB), ils affichent bien des différences, en matière d’équipement, de type de conduite et, bien sûr, de tarif. Après avoir pris le volant du SUV coupé de Skoda et quelques jours avant de tester son cousin de VW, c’est un détour par Audi que nous vous proposons. Comme nous n’aimons pas faire les choses à moitié, c’est dans un décor somptueux, là ou les voitures électriques sont reines, que nous avons choisi de le tester. Direction la Norvège et plus précisément la région de Bergen pour l’essai du Q4 Sportback e-tron.
Le modèle clé pour faire décoller l’électrique chez Audi ?
Ce Q4 Sportback e-tron n’est pas le premier véhicule électrique d’Audi, loin de là. La marque aux quatre anneaux commence à avoir un catalogue conséquent, qui penche certes du côté du SUV (depuis l’e-tron premier du nom), mais qui intègre également l’un des modèles les plus marquants du moment avec l’e-tron GT RS. Outre la motorisation électrique, ces représentants zéro émission d’Audi partagent un autre point commun, celui d’afficher un tarif particulièrement salé. Il n’est donc pas étonnant de voir la marque allemande tenter de séduire une nouvelle clientèle en faisant baisser le prix de son ticket d’entrée pour l’électrique. Ce qui surprend en revanche, c’est le modèle qui a été retenu pour opérer ce changement de stratégie.
En effet, le Q4 Sportback e-tron coche toutes les cases à la mode en ce moment. Il est à la fois un SUV, un coupé et une voiture 100% électrique. Autant dire, qu’à partir du moment où Audi ne commet pas un faute de goût rédhibitoire sur son design, il est presque sûr d’en vendre une palanquée. Or, malgré tous ses atouts en matière de séduction, il s’agit du véhicule électrique le moins cher du constructeur.
Son tarif, à partir de 44 750 euros, le positionne même en-dessous de ses faux jumeaux de Skoda et Volkswagen, du moins tant qu’on ne regarde pas de trop près la liste des équipements. Qu’importe, l’essentiel n’est pas là, du point de vue d’Audi, qui dispose avec cette version d’un modèle éligible au bonus écologique à taux plein (le montant du véhicule doit être inférieur à 45 000 euros pour activer les 6 000 euros de bonus).
Design : coupé, mais pas décalé
Ce style coupé c’est évidemment le point fort de ce Q4. En effet l’ensemble est très cohérent. Dès le premier coup d’oeil, le style Audi saute aux yeux avec, notamment, cette calandre pleine, qui semble prendre quelques centimètres à chaque nouveau modèle. Pour autant, bien qu’il reprenne plusieurs éléments familiers, comme les feux Matrix Led (en option) ou les fines barres de toit, le Q4 e-tron parvient à imposer un style assez singulier hérité du concept éponyme présenté en 2019 au salon de Genève.
Ce travail sur le design ne se fait pas pour le seul plaisir des yeux. Les courbes plongeantes du Q4 sont aussi le meilleur moyen pour Audi d’améliorer son coefficient de trainée et par extension l’aérodynamique du véhicule. Avec un Cx de 0,26, un score très bas pour un SUV, le contrat est rempli, comme en atteste la consommation de la voiture, nous y reviendrons.
Cette consommation, justement, pourra aussi être perturbée par le choix de la taille de pneus. Audi va jusqu’à proposer une monte en 21 pouces, esthétiquement percutante mais qui fera chuter l’autonomie d’une quarantaine de kilomètres tout de même… Sur ce point, le futur acheteur devra trancher entre design et efficience.
Quelques changements à bord, mais pas de révolution
Comme à son habitude, Audi fait confiance à son système MMI pour faire vivre l’habitacle. Il s’étoffe au fur et à mesure de ses déclinaisons et intègre désormais un affichage tête haute à réalité augmentée, comme chez les cousins de VW. Côté interface, il y a assez peu de nouveautés par rapport aux précédentes moutures de l’OS. Celui-ci fait toujours partie des meilleurs du marché, au même titre qu’un MBUX chez Mercedes, même s’il serait temps de revoir quelque peu son design.
Esthétiquement, l’habitacle évolue quelque peu avec une console centrale, très jolie, mais peu pratique, à l’image du chargeur par induction difficile d’accès. L’écran central de 11,6 pouces, légèrement orienté vers le conducteur renforce cette impression d’être dans un cockpit. Quant aux touches physiques situées juste sous l’écran, elles sont autant de raccourcis vers les réglages les plus communs à bord (climatisation, sièges chauffants, dégivrage, etc.)
Le volant à double méplat, comme chez Peugeot, intègre des touches tactiles à retour haptique de part et d’autre. Les premières servent à paramétrer l’écran d’instrumentation et à lancer les aides à la conduite. Les autres sont dédiés aux médias et à l’assistant vocal du véhicule. Dans les deux cas, elles sont relativement désagréables à utiliser. Elles sont la preuve que le recours systématique au tactile n’est pas toujours le meilleur choix. Du moins pas lorsqu’il est source d’erreurs de manipulation ou d’un ressenti approximatif.
Enfin, pour avoir un aperçu de la dernière nouveauté à bord, il ne faut pas ouvrir les yeux mais prêter l’oreille. En effet, Audi a décidé de confier le système audio de son Q4 e-tron Sportback à Sonos. Les habitués de la marque, dont nous sommes, reconnaîtront aisément la signature sonore de l’Américain. Pour les autres, ce système basé sur dix haut-parleurs qui impressionnera même s’il met surtout à l’honneur les mediums et qu’il fait légèrement l’impasse sur les basses.
Sur la route, ça donne quoi ?
Audi ne peut réinventer son SUV en se basant sur la même plate-forme que ses précédents modèles (MEB). Si les choix des moteurs et/ou de batteries sont contraints par la plate-forme du groupe VW, chaque marque dispose d’une légère marge de manœuvre. Le Q4 e-tron Sportback ne se contente pas d’afficher un design et un système d’infotainment différents de ceux de Skoda ou de Volkswagen. En effet, chaque marque peut agir sur quelques réglages et ainsi changer le « typage » de conduite. Conséquence : alors que l’Enyaq coupé, l’ID.5 et le Q4 Sportback ont énormément de points communs, les sensations derrière le volant de chacun des trois véhicules peuvent différer. Et cela, Audi compte bien l’exploiter. Prétendument plus haut de gamme et plus sportive que ses « cousines », la marque aux quatre anneaux a opté pour des réglages plus fermes en matière de suspension et sur la direction. De fait, la conduite en Q4 Sportback e-tron donne l’impression d’être plus dynamique que sur les autres SUV électriques du groupe.
Attention, cela ne veut pas dire que le SUV électrique d’Audi offre un véritable toucher de conduite différenciant, qui lui permettrait de s’élever au-dessus de la mêlée des électriques. Ceci reste encore une exception que seuls quelques modèles tels que la Porsche Taycan ou la Renault Mégane e-Tech sont parvenus à toucher du doigt. Non, malgré un réglage plus dynamique, le dernier e-tron offre un comportement assez neutre ce qui lui permet par ailleurs une grande polyvalence.
Autonomie : la bonne surprise
Audi n’est pas vraiment à la fête lorsqu’il s’agit d’aborder le sujet de l’autonomie. Assez lourds et imposants, ses précédents SUV électriques affichaient des moyennes de consommations à peine dans la moyenne. Quant à sa sportive de luxe, la RS e-tron GT… disons simplement que l’autonomie est un critère au mieux secondaire pour ses clients, même si paradoxalement ses performances en la matière sont relativement correctes.
Autant dire qu’au moment de prendre le volant de ce Q4 Sportback nous n’étions pas particulièrement optimistes. Or, ces dernières semaines, Audi a déployé une mise à jour sur ses véhicules électriques récents. Un évolution de son logiciel qui améliore… l’autonomie.
Bien lui en a pris puisque notre balade en Q4 e-tron nous a permis de constater de réels progrès. Nos 16 kWh/h au 100 km de moyenne ne sont pas nécessairement représentatifs de la consommation de ce SUV et ce pour deux raisons. Il y a d’une part la beauté des paysages norvégiens qui nous a contraint à rouler de manière contemplative. Mais il y a aussi la typologie de ces routes entre les fjords, des nationales sinueuses peu propices à la vitesse.
Sur voie rapide, c’est à dire à 130 km/h sur autoroute, les performances du Q4 e-tron Sportback sont bien plus conventionnelles. En effet, si le SUV d’Audi fait illusion en ville et sur réseau secondaire en maîtrisant parfaitement sa consommation, il affiche un comportement plus classique sur autoroute. En effet avec, lors d’un essai sur un long trajet réalisé en marge de ce test, nous avons obtenu une consommation moyenne de 24,5 kWh/100 km. Les détails de cet essai spécifique sont à lire dans l’article qui lui a été consacré et qui vient compléter notre test.
Au final, l’aérodynamique de ce Q4, mais aussi une meilleure gestion logicielle des batteries lui permettent d’être la référence en matière de consommation chez la firme aux quatre anneaux.
La moins chère des Audi électrique est-elle une bonne affaire ?
Au petit jeu des options, Audi est comme au casino. Le futur propriétaire peut bien miser comme bon lui semble, à la fin c’est toujours la banque qui gagne. En effet, si le tarif de base de cette Q4 Sportback e-tron est particulièrement agressif pour la marque allemande, c’est aussi parce que sa liste d’équipements de série est relativement réduite. Autrement dit, pour disposer d’un niveau de confort digne d’une Audi, le futur propriétaire devra mettre la main au porte-monnaie. Compte tenu du tarif de chaque option, et des packs, le tarif final peut rapidement exploser.
Des options, il y en a en nombre. Même ce qui apparaît comme basique et de série chez la majorité des constructeurs se paye au prix fort chez Audi. Un exemple ? Le GPS ! En effet, la navigation s’obtient via le pack « MMI Navigation Advanced ». Certes, il y a toujours la possibilité de faire l’impasse sur cette option et de se contenter de Waze ou Google Maps sur son smartphone, mais tout de même… Ce qu’il faut en déduire, c’est que ce tarif plancher de 44 750 euros, ne correspondra que très rarement au prix final indiqué sur la facture.
Verdict de l’essai
Finalement, cette Audi électrique éligible au bonus écologique est-elle vraiment crédible ? Par son design, ses performances ou encore son autonomie en nette amélioration, la Q4 e-tron Sportback apparaît comme une belle réussite. Surtout, il y a son prix qui peut abaisser la facture finale à 38 750 euros (auxquels il est encore possible d’ajouter une prime à la conversion). Mais attention, ce tarif ne donne accès qu’à une version « d’entrée de gamme » particulièrement chiche en équipement. Et pour cause, à niveau d’équipement égal, les VW ID.5 et Skoda Enyaq Coupé deviennent plus intéressantes que leur pendant chez Audi.
En définitive, ce Q4 e-tron coupé apparaît surtout comme une opportunité de rouler en Audi électrique à moindre coût. Mais les utilisateurs les plus exigeants pourront toujours lui reprocher, au choix, un certain manque de caractère en conduite, un niveau d’équipement ridicule ou encore un manque d’ambition technologique.
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