“Le commerce silencieux”, tel est le nom donné par les chercheurs d’Accenture aux modèles d’affaires issus des technologies qui permettent aux appareils de dialoguer entre eux sans intervention humaine (RFID). Toujours plus sophistiquées, les étiquettes électroniques reçoivent et émettent une importante quantité d’informations par ondes radio, à distance. Des propriétés qui permettront d’optimiser la chaîne d’approvisionnement, la traçabilité des produits, de lutter contre la contrefaçon…“Les technologies sans contact vont affecter en profondeur les systèmes interentreprises”, prévoit Ceri Carlill, partner d’Accenture. Si le directeur du Laboratoire technologique européen du cabinet de conseil, à Sophia-Antipolis, ne peut dire avec certitude quand le marché va décoller, il estime, en revanche, que les technologies sont prêtes. Même discours chez les spécialistes de la carte à puce sans contact, destinée au public. “Nous avons commencé à nous y intéresser l’année dernière, quand elle a enfin concerné un marché de masse”, explique Marc Bertin, directeur marketing de la division finance et identification d’Oberthur Card Systems. Le facteur déclenchant : “Comme le GSM pour la téléphonie mobile ou l’EMV pour les cartes bancaires, un standard de transmission sans contact émerge, qui va nous permettre de vendre les mêmes produits sur tout le globe.”
Le métro sans les mains
Les applications commencent à faire leurs preuves. Ainsi, la carte à puce sans contact va faire une entrée en force dans le réseau de transport urbain parisien. “Les systèmes pour la RATP sont en place et vont fonctionner dès la rentrée”, promet Xavier Bon, responsable du développement marketing et commercial d’ASK. La société, spécialisée dans ces technologies dédiées au transport, revendique la conquête d’une vingtaine de villes. “Nous pensons que le marché du transport a le potentiel pour être trois fois plus important que celui du GSM”, s’enthousiasme le cofondateur d’ASK. À savoir 1,5 milliard d’abonnés potentiels. “Les modèles d’affaires du transport en seraient bouleversés. La tarification pourra totalement s’adapter à l’usager”, se félicite-t-il.Si le marché des étiquettes intelligentes est plus restreint que celui de la carte, des applications émergent : “Nous avons monté une solution pour un abattoir de volaille. Leurs containers transportant les produits entre l’abattoir et les clients ont été pourvus d’étiquettes électroniques. Résultat : le taux de perte de ces bacs est passé de 25 à 1 % ! Et le taux de rotation a diminué de 21 à 11 jours”, explique Pierre Oulès, directeur marketing d’Athelia, un intégrateur de solutions sans contact.Puces pour les individus ou étiquettes pour les objets, les technologies restent les mêmes. Il faut avant tout pouvoir stocker le plus d’informations possible pour étendre leurs possibilités. Mission accomplie, car les puces les plus élaborées peuvent contenir 16 kilobits (kbit), contre 1 à 2 kbit pour les cartes ordinaires. “Une capacité qui peut être fractionnée en 8 applications totalement indépendantes les unes des autres”, précise Pierre Pic, responsable produit chez Inside Technologies. La même carte pourra être ainsi utilisée pour le transport, le paiement, etc.Pourtant, “le frein technologique n’est pas la capacité de mémoire, note Pierre Pic. C’est plutôt le débit de transmission des données.” Cet échange passe par une antenne intégrée à la carte et aux lecteurs. Mais les distances de lecture restent encore faibles, une dizaine de centimètres tout au plus. Or pour accélérer le débit de transmission, il faut diminuer cette distance.
Un code barre à l’aveugle
Il n’en reste pas moins que cette technologie rivalise aisément avec le bon vieux code barre. Ses atouts ne manquent pas : il est possible d’ajouter ou de modifier des informations, la lecture ne suppose pas de contact visuel avec l’objet ou la personne portant la carte, ce qui donne plus de liberté pour son positionnement. Mieux, plusieurs étiquettes peuvent être lues simultanément, ce qui accélère le traitement.Les étiquettes peuvent être actives ou passives suivant qu’elles sont alimentées par des batteries ou non. Pour les passives, un champ magnétique généré par le lecteur active la puce et l’antenne, permettant l’échange de données. Mais une partie non négligeable de la technologie est l’encartage de la puce et de l’antenne sur un support. Évident pour une carte à puce, mais bien plus compliqué pour un morceau de jambon ou un bac plastique.Pour ses titres de transport, ASK a opté de son côté pour un procédé très particulier : sur un support papier, c’est l’encre, conductrice, qui fait office d’antenne. Une technologie en passe de devenir un standard pour ce type d’applications.
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