Dans cette entreprise high-tech de province, les salariés se sont vu demander de porter des T-shirts bien particuliers : ils indiquaient non seulement le nom de la société mais aussi celui de son site Web et le fait qu’elle embauchait. Histoire de la faire connaître lors de leurs déplacements, dans les transports en commun, dans la rue ou dans les restaurants de la région. Bref dans tous les endroits où ils sont susceptibles de rencontrer des informaticiens, population qui fourmille dans la région.Soumises à la pression du marché, les entreprises recherchent désespérément des candidats afin de satisfaire l’explosion de leur chiffre d’affaires. Les enjeux, il est vrai, sont de taille. Les salariés peuvent donc être tentés de jouer le jeu. Mais, là, tout de même, le bouchon va un peu loin !Même si cet épisode peut être pris sous la forme d’un jeu et se révéler très circonstanciel, il s’agit néanmoins d’une utilisation des salariés dans un but purement commercial, en dehors de leur cadre de travail. Et pourquoi ne pas les envoyer en mission, deux par deux, frapper aux portes des appartements ? Il y aurait toujours une bonne raison pour leur expliquer que la situation l’exige et qu’il en va de la pérennité de leur entreprise.Avec de tels arguments, on risque vite de tomber dans des abus qui transforment subrepticement le salarié en nouvel esclave, avec toutes les fausses vraies bonnes raisons du monde à l’appui. Déjà, la cooptation, avec prime ou voyage aux Bahamas à la clef, a un petit côté mercantile à la limite de la bienséance. Mais ce système a au moins le mérite d’annoncer la couleur et d’offrir un mode de reconnaissance au salarié. Ce dernier garde toute sa liberté et a tout intérêt à ne pas tromper le coopté sur l’entreprise.Par contre quand il s’agit d’endosser ” l’habit de l’entreprise “, on est en droit de se demander si le salarié nest pas transformé ni plus ni moins en marionnette. De quoi, paradoxalement, faire fuire les candidats les plus motivés !Prochaine chronique le lundi 13 novembre
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