Pourquoi, du jour au lendemain, certains sujets, parfois très pointus, font le tour de la Toile et des médias ? Dernier exemple en date, la neutralité du Net (lire aussi notre enquête p. 50), qui n’est pourtant qu’une affaire de gros sous, plus exactement de négociations commerciales ultratendues entre les opérateurs et les fournisseurs de contenus. Qu’à cela ne tienne, on a réussi à nous y intéresser. Utilisateurs, défenseurs des droits des internautes, observateurs du marché, tous ont désormais un avis sur la question du prix à payer ou pas sur la bande passante ! C’est le petit miracle du lobbying… Et Giuseppe de Martino, à qui est dû ce dernier phénomène médiatique, nous en raconte la petite histoire cachée. Président de la première organisation qui regroupe les acteurs du Web 2.0 (l’Asic), il est invité un jour à un colloque sur la sécurité et le contrôle parental. Il s’aperçoit rapidement que les débats dérapent. “ Les intervenants remettaient en cause la neutralité du Net. J’ai entendu les Américains défendre l’idée que la neutralité empêchait les FAI de faire le ménage et d’éliminer les sites pédopornographiques. En gros, parce que les opérateurs diffusent de la même manière tous les services Web, nos enfants ne peuvent pas être protégés des dangers du Net ! ”. Giuseppe de Martino avertit de ce pas le régulateur français des télécoms. “ Ils nous ont dit que ça ne les concernait pas. Alors on a fait part de leur position au journal Les Échos ”. Ça a mis le feu aux poudres et depuis, l’Arcep a lancé une consultation, remis un rapport, et la neutralité du Net est entrée dans un débat public ! Ce coup de force n’est pas le premier de notre invité. C’est aussi comme ça qu’il raconte la création de l’Asic, sans équivalent dans le monde.
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