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Au Mondial de l’auto, BMW demande d’annuler l’interdiction des moteurs thermiques

Le patron du constructeur allemand a pris la parole lors du salon automobile de Paris 2024, en mentionnant une directive européenne interdisant en 2035 la commercialisation de voitures disposant d’un moteur thermique. Pour se faire comprendre, BMW a un argument simple : le risque de dépendance à la Chine.

Lundi dernier, le Mondial de l’auto a lancé son édition 2024 avec une première journée dédiée à la presse. L’occasion pour les marques présentes à l’événement (bien plus nombreuses qu’en 2022) de présenter leurs dernières nouveautés, et faire monter sur scène leurs équipes pour évoquer leur état d’esprit dans un contexte où le secteur automobile se déchire sur la question de l’électrique.

Sur le stand BMW, pourtant habillé d’un gigantesque panneau avec noté « We are Electric » (« nous sommes électriques »), le patron Oliver Zipse a pris la parole pour inviter l’Union européenne à revoir sa directive sur l’interdiction des voitures équipées d’un moteur à combustion, en 2035.

BMW alarme contre la dépendance des batteries chinoises

Cité par Reuters, l’homme d’affaires arrivé au conseil d’administration de BMW en 2015 et au poste de CEO en 2019 déclarait qu’une « correction de l’objectif de 100 % de véhicules électriques à batterie d’ici 2035 dans le cadre d’un programme global de réduction des émissions de CO2 permettrait également aux constructeurs européens de moins dépendre de la Chine pour les batteries ».

Un argument que le constructeur munichois peut utiliser, tant à l’heure actuelle, sa gamme de voitures électriques s’équipe de batteries fournies par le géant chinois CATL, en plus du coréen Samsung SDI. Au mois de juin, les espoirs pour voir arriver une production européenne se vaporisaient par l’annulation d’un projet suédois à 2 milliards d’euros, avec le fabricant de batteries Northvolt. La faute à des retards de production.

Avec Northvolt, BMW entretenait aussi l’espoir de voir le précurseur européen de batteries pour voitures électriques installer un site de production en Allemagne, à Heide, dans le Schleswig-Holstein.

Lire aussi : Voitures électriques : en 2025, la prime à la conversion risque de disparaître

En Chine, les investissements de BMW continuent. L’année dernière, la marque espérait que la moitié de ses ventes dans le monde en 2030 soient constituées de voitures électriques. Mais ce n’est pas tout, car entre le pays et le constructeur, il y a aussi des projets en Europe. Parmi eux, celui de l’entreprise chinoise EVE Power, qui doit en 2026 rejoindre CATL en Hongrie, et commencer à produire des batteries pour BMW.

Une production qui se rapproche donc des principaux marchés de BMW, mais qui ne permettent en rien de rendre la production européenne, alors que les capitaux de ces investissements dans des centres de production resteraient donc chinois, avec des pièces et des matières premières venues de Chine.

L’interdiction des modèles thermiques en Europe en 2035 « pourrait menacer l’industrie automobile européenne en son cœur », ajoutait Oliver Zipse. La réglementation « conduira, selon les hypothèses actuelles, à un rétrécissement massif de l’industrie dans son ensemble », disait-il avant de signaler que « pour gagner, il est essentiel de suivre une approche techno-agnotique, dans le cadre politique ».

L’avis du chinois BYD : « cela tuera ces constructeurs »

Plus loin, sur le stand de BYD, le discours est bien différent. Citée par le journal allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung, la présidente du constructeur chinois spécialisé dans les voitures électriques, Stella Li, déclarait : « nous entendons aujourd’hui que de nombreuses entreprises reviennent aux voitures à combustion. Mais si le monde entier passe aux voitures électriques dans cinq ans, ils ne seront pas prêts parce qu’ils n’auront pas investi. […] À long terme, c’est très dangereux. Cela tuera ces constructeurs automobiles ».

Le patron du Mondial de l’auto, qui se réjouissait hier que l’écosystème automobile puisse à nouveau se rencontrer en physique, avait bien raison. Mais le rendez-vous à la Porte de Versailles, figure pour la première fois comme une véritable confrontation entre deux mondes. Et au milieu d’eux, des politiques et des visiteurs, à qui reviendra le pouvoir de trancher.

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Source : InsideEVs