On l’incrimine d’évasion fiscale, Amazon déclare avoir payé 250 millions d’euros de prélèvements obligatoires l’année dernière. On l’accuse d’avoir détruit 8 000 emplois, l’entreprise américaine fait valoir une création nette de 30 000 emplois depuis vingt ans en France. On lui reproche son impact négatif sur l’environnement, le géant du e-commerce insiste sur ses actions vertes.
4,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2018
Loin de son mutisme habituel, l’entreprise américaine a souhaité détailler dans un communiqué ses activités en France pour démontrer son impact positif sur l’emploi, l’économie et l’investissement. Pour la première fois, Amazon a déclaré son chiffre d’affaires et la somme des prélèvements obligatoires dont il s’est acquitté l’année dernière. Aucun détail n’est en revanche donné sur la méthode de calcul.
« Nous faisons aujourd’hui le choix de rendre publics les montants de chiffre d’affaires et de prélèvements obligatoires correspondant à l’ensemble des activités françaises d’Amazon. » En 2018, l’entreprise déclare ainsi un chiffre d’affaires en France de 4,5 milliards d’euros pour lequel les prélèvements obligatoires (impôt sur les sociétés, cotisations patronales, impôts locaux, etc. -tout confondus) ont atteint 250 millions d’euros.
« Minimiser l’importance de l’impôt sur les sociétés »
Malgré l’apparente volonté de transparence, des doutes planent autour du calcul de ces sommes.
« Ils ne sont pas transparents sur les activités qui correspondent à ce chiffre d’affaires et la répartition des impôts qu’ils payent. C’est comme s’ils voulaient minimiser l’importance de l’impôt sur les sociétés, en insistant sur les cotisations », a dit Mounir Mahjoubi à l’AFP.
Dans le communiqué, les 250 millions d’euros mentionnés compilent effectivement 150 millions d’euros d’impôts directs (impôt sur les sociétés, cotisations patronales, etc.) que paie Amazon. Mais aussi 100 millions de taxes, contributions et impôts « collectés auprès de [leurs] clients, de [leurs] collaborateurs et d’autres tiers ». Ce qui comprend notamment notamment la « TVA et les cotisations sociales salariales, ainsi que la CSG et la CRDS ».
https://twitter.com/gchampeau/status/1207609446156947456
« 57 % du chiffre d’affaires dissimulé »
« Ce n’est pas le montant d’impôts payés qui compte, mais le taux d’imposition effectif », a réagi, de son côté Raphaël Pradeau, le porte-parole d’Attac France, interrogé par l’AFP. « Amazon refuse de publier son bénéfice réalisé en France, donc on ne peut pas calculer le taux », critique encore l’organisation altermondialiste. « Les déclarations d’Amazon ne remettent pas en cause ce que l’on a montré, c’est-à-dire qu’une grande partie du chiffre d’affaires d’Amazon, 57 % selon Attac France, est dissimulé dans les paradis fiscaux. »
30 000 emplois créés depuis vingt ans
Sur le volet de l’emploi, la société de Jeff Bezos met en avant son rôle de pourvoyeur d’emplois et moteur pour l’investissement français.
« Depuis plusieurs années, Amazon est également devenu l’un des principaux créateurs d’emplois en France. En trois ans, nous avons plus que doublé nos effectifs et compterons plus de 9 300 collaborateurs à la fin 2019 […] Au total, Amazon est ainsi à l’origine de plus de 30 000 emplois répartis sur l’ensemble du territoire Français », peut-on lire dans le courriel officiel.
Fustigée sur les conditions de travail de ses employés, l’entreprise nord-américaine, elle, se dit « fière de ce qu’[elle] créé ». Pour démontrer cela, Amazon s’appuie sur le classement classement Glassdoor 2020 qui la place au 11e rang des entreprises les plus attractives de France pour les employés. La plate-forme internationale invite les curieux à la « visite guidée » de leurs entrepôts de manière virtuelle.
Alors qu’Amazon a annoncé faire peser la taxe Gafa sur les commerçants qui utilisent ses services, l’entreprise revendique plus de 10 000 entrepreneurs et commerçants français présents sur la plate-forme. Et ceux-ci auraient «exporté pour plus de 300 millions d’euros via Amazon en 2018 ». Mais l’impact positif d’Amazon ne s’arrêterait pas la. Le géant de la logistique met également en valeur son action à l’aménagement du territoire, notamment dans les campagnes.
« Nous offrons aux habitants des zones rurales une sélection de produits et des prix identiques à ceux proposés en zone urbaine, malgré les différences de coût d’acheminement », s’est enorgueillie la compagnie.
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Sur le volet environnemental, Amazon rappelle ses engagements dans le cadre de The Climate Pledge qui vise la neutralité carbone d’ici 2040, soit dix ans avant l’Accord de Paris. L’entreprise a d’ailleurs indiqué mettre en place une flotte totalement composée de 100 000 véhicules électroniques pour des livraisons moins polluantes.
Cet argumentaire un peu bancal, notamment sur la partie fiscale, va-t-il convaincre les plus fervents opposants à son modèle ? C’est loin d’être certain.
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