Bertrand Meunier a démissionné : à la tête du groupe informatique Atos depuis novembre 2019, le président du conseil d’administration était la cible de nombreuses critiques depuis des mois. Ce lundi 16 octobre, son départ, annoncé la veille par Le Monde, a été confirmé par communiqué de presse. Celui qui était jusqu’à peu président du conseil d’administration laisse sa place à Jean-Pierre Mustier, un ancien cadre dirigeant de la Société générale, et l’ancien directeur général de la banque italienne UniCredit, avec effet immédiat. Les raisons de son départ ne sont pas précisées. Il s’agirait d’une « décision personnelle », a expliqué ce matin, lors d’une conférence téléphonique, Yves Bernaert, directeur général du groupe depuis le 5 octobre dernier – le troisième en deux ans.
Mais pour une source proche du dossier, citée par le Financial Times, « Bertrand Meunier avait perdu la confiance de tout le monde : les actionnaires, les employés, les parties prenantes ». La fronde contre le dirigeant était partie du projet de séparer le groupe informatique, très endetté, en deux parties distinctes : Techfoundations pour l’infogérance – la maintenance de parcs informatiques – et Eviden pour les activités de cybersécurité, des supercalculateurs et du cloud du groupe. Il est prévu que Techfoundations soit vendu au milliardaire Daniel Kretinsky. Ces mesures de scission et de cession avaient suscité une levée de boucliers d’hommes politiques et de petits actionnaires.
Kretinsky mettra-t-il toujours un pied dans les activités les plus stratégiques du groupe ?
Car l’homme d’affaires tchèque doit aussi monter au capital de la seconde entité qui sera créée, Eviden ( à hauteur de 7 %). De quoi faire réagir certains politiques LR qui avaient appelé, dans les colonnes du Figaro en août dernier, à maintenir totalement Atos « sous le giron français », en particulier pour tout ce qui est supercalculateurs. Ces « superordinateurs » indispensables aux simulations d’essais nucléaires, font partie des actifs stratégiques pour le Gouvernement. Selon une personne au fait de la situation, citée par le Financial Times, « les activités stratégiques » du groupe sont sources « d’une grande inquiétude », pour le ministère des Armées français.
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Côté actionnaires minoritaires, certains préparent une alternative à la cession partielle, pendant que deux autres, les fonds Alix AM et CIAM, ont porté plainte devant le PNF, le parquet national financier. Ces derniers reprochent à l’opération d’être trop favorable à Daniel Kretinsky. Mais ce changement à la tête du groupe aux 110 000 salariés dans le monde ne remet pas en cause l’opération, qui aura bien lieu. Jean-Pierre Mustier, le nouveau président, a déclaré vouloir « poursuivre la transformation du groupe dans l’intérêt de toutes ses parties prenantes », peut-on lire dans le communiqué.
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La cession à Daniel Kretinsky est simplement décalée de plusieurs mois, apprend-on dans un texte distinct, officiellement pour des raisons réglementaires. Prévue initialement à la fin de l’année, elle aura lieu au « début du 2ᵉ trimestre 2024 ». Selon de nouvelles modalités ? Peut-être, selon le quotidien financier américain, qui avance que Daniel Kretinsky serait prêt à abandonner son entrée au capital d’Eviden (la future entité stratégique qui comprend les supercalculateurs). Une lettre au Gouvernement aurait même été envoyée pour faire part de cette nouvelle position, selon nos confrères. Le groupe, lourdement endetté, n’en finit pas d’enchaîner les crises depuis des mois. Depuis que l’annonce de la cession a eu lieu, le 1ᵉʳ août, le cours de l’action Atos a chuté de 48 %.
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Source : Communiqué d'Atos