Un nouveau géant européen des services informatiques est né. En annonçant leur fusion, Atos et Origin revendiquent de fait le troisième rang sur le Vieux Continent (derrière Cap Gemini-Ernst & Young et Getronics). Comme le résume l’actuel PDG d’Atos Bernard Bourigeaud, “avec cette opération, il s’agit pour nous de rentrer en première division et de devenir par conséquent un acteur mondial”. En effet, avec un chiffre d’affaires pro forma de 2,8 milliards d’euros, une présence avérée dans trente pays et quelque 27 000 collaborateurs, Atos-Origin se donne les moyens de ses ambitions.Au niveau de la transaction financière proprement dite, cette opération marque un certain désengagement stratégique de Philips, jusqu’ici maison mère d’Origin. Concrètement, Philips cède 98 % du capital d’Origin à Atos et obtient en retour 49,9 % du capital du nouveau groupe Atos-Origin. La part du géant hollandais dans le chiffre d’affaires de la SSII, qui représente aujourd’hui près de 40 %, devrait tomber dans les trois ans à venir à 15 %. Pour Philips, les activités informatiques ne semblent donc plus stratégiques.
Un directoire et un conseil de surveillance
Après accord des autorités de régulation et de contrôle (COB…), la fusion Atos-Origin sera pleinement effective à compter du 1er janvier 2001. Le siège social de la nouvelle SSII sera situé à Paris, mais sa structure opérationnelle demeurera basée à Amsterdam. L’équipe dirigeante, constituée à parité par les responsables actuels d’Atos et d’Origin, prendra la forme d’un directoire, avec à sa tête le PDG d’Atos, Bernard Bourigeaud. A ce directoire, s’ajoutera un conseil de surveillance, dont trois des membres resteront nommés par Philips.Après plusieurs mois de négociations, cette ” fusion amicale ” donne donc naissance à un véritable ” projet industriel ” dont l’activité se répartira pour moitié sur l’intégration, le reste étant attribué à l’infogérance (pour près d’un milliard d’euros de CA) et aux services en ligne multimédias.Pour Atos, qui emploie 11 000 personnes dans onze pays européens et a réalisé, en 1998-1999, un chiffre d’affaires de 1,083 milliard d’euros, dont 33 % hors de France, l’intérêt d’un rapprochement avec Origin est double. La SSII française peut conforter son développement à l’international (notamment en Grande-Bretagne) et pénétrer des secteurs d’activités qui lui étaient jusqu’alors inconnus ou peu fréquentés comme le domaine pétrolier ou certains pans de la finance internationale.
Des milliers d’embauche
De plus, à de très rares exceptions près, les activités des deux composantes Atos et Origin sont annoncées comme complémentaires. Et le plus souvent, les positions sur les marchés (tels que l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie ou la Belgique) risquent de s’en trouver renforcées, à tout le moins au niveau des effectifs engagés. Ce sera le cas de la France, où Origin employait jusqu’à présent 700 collaborateurs et réalisait 80 millions d’euros de chiffre d’affaires.Pour accompagner cette fusion, Atos-Origin table déjà sur plusieurs milliers d’embauches dans les années à venir, avec, pour retenir les nouveaux venus, la mise en place d’un programme d’accès au capital pour tout le management, ainsi qu’une forte politique de formation.Enfin, le nouveau groupe se donne un peu de temps pour se repositionner. Les dirigeants prévoient d’ores et déjà de céder quelque 200 millions d’actifs et, en contrepartie, aucune acquisition d’envergure n’est prévue pour l’exercice 2001. A l’exception toutefois de quelques petites structures de conseil.Un domaine où Atos-Origin, sans toutefois prétendre rivaliser avec Ernst & Young, entend faire sa place. Selon Bernard Bourigeaud, cette ” activité de conseil doit être plus présente. Dabord sur les secteurs où nous opérons, et ce, pour mieux connaître les métiers de nos clients “.
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