Le récent rachat de Newbridge par Alcatel a de quoi surprendre. Certes, financièrement mal en point depuis plusieurs trimestres, le constructeur canadien était devenu une proie relativement facile. Il n’empêche : que l’un des pionniers de l’ATM en soit réduit à acheter sa technologie trahit quelques cafouillages stratégiques.
“Dès 1991, à Genève, Alcatel avait présenté les premiers commutateurs ATM. Mais, à cette époque, il s’agissait de réseaux pilotes. Et le marché n’a pas suivi, tant dans l’entreprise que chez les opérateurs. Nous avons alors considérablement ralenti les investissements dans ces produits”, explique Jacques Dunogué, secrétaire général d’Alcatel. Résultat, lorsque les commandes arrivent enfin, Alcatel, qui s’est arrêté au milieu du gué, est dépassé. D’autant plus surprenant que, selon Alcatel, l’ATM est poussé par l’ADSL, secteur sur lequel le constructeur français revendique la place de numéro un.
Et pourtant, au fil des rachats, Serge Tchuruk, PDG d’Alcatel, ne manquait pas de montrer que toute la panoplie des technologies était de mieux en mieux couverte par Alcatel. D’où l’étonnement lorsque celui-ci confesse que, avec le rachat de Newbridge, il va pouvoir être plus présent à la périphérie et au c?”ur des réseaux ATM. De sacrées lacunes, tout de même, pour un fournisseur global. Le constructeur comptait les combler en faisant “monter en puissance l’Omnicore, de Xylan, et en le “durcissant” pour satisfaire aux exigences des opérateurs. Le rachat de Newbridge va nous permettre d’aller beaucoup plus vite, puisque ce dernier dispose déjà du 36170 et d’une nouvelle machine, la 670 Routing Switch Platform, destinée à la périphérie du réseau et aussi – du moins, pour le moment – au c?”ur du réseau”.
La vague déferlante IP
Dépassé dans l’ATM, Alcatel n’a pas non plus vu venir la vague IP. A sa décharge, aucun parmi ses concurrents – Lucent, Nortel, Siemens ou Ericsson – ne l’avait non plus anticipée. Pris de vitesse par les deux premiers, il a été plus rapide que les deux derniers. Coup sur coup, il met la main sur Packet Engines, Xylan et Assured Access. Mais cet te panoplie ne couvre que l’entreprise et la périphérie des réseaux d’opérateurs. “Dans le c?”ur de réseau, nous utilisons les routeurs de Juniper. Pour l’avenir, nous travaillons sur le projet Xantium, qui atteint plusieurs gigabits par seconde et devrait entrer en phase de test à la fin de l’année”, précise Jacques Dunogué.
Il est vrai que, avec le rachat de Newbridge, Alcatel fait coup double. Non seulement il enrichit sa gamme, mais il compte aussi conquérir des marchés – notamment celui des opérateurs américains. “Alcatel est très bien placé en transmission, et nous sommes numéro un dans l’accès avec l’ADSL. Nous sommes également actifs dans la commutation dans les réseaux mobiles avec Motorola, et les réseaux relais de trames avec Sprint. Dans l’ATM, c’est vrai, nous sommes moins présents. Et Newbridge, qui détient 23 % du marché mondial, nous aidera sur ce point.” Espérons que, cette fois, le constructeur a pris le bon wagon et qu’il ne descendra pas en marche
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.
