Ouvert initialement dans 9 pays, @Rating recense déjà 23 millions de sociétés (35 à fin 2000) dans 150 pays. Le service est consultable gratuitement sur www.cofacerating.com en cinq langues (dix à la fin de l’année). Il propose une notation sous forme de rating : un triple @ ?” @@@ ?”, pour la meilleure garantie de solvabilité, un double @ ?” @@ ?” pour un bonne garantie et un seul @, voire un X, pour signifier qu’un élément révélant sa vulnérabilité a été enregistré concernant l’entreprise.
Ce système permet d’évaluer le risque-crédit présenté par ces 23 millions de sociétés de par le monde, c’est-à-dire la capacité d’une entreprise à honorer ses traites pour un encours-crédit donné. C’est un produit classique de l’industrie du renseignement commercial.De grandes enseignes telles que Dun & Bradstreet et Equifax à l’international, ORT ou plus récemment Bil (avec la note SolvaBil), ont toutes fait de leur score de solvabilité l’un des éléments essentiels de leur offre. Là où l’offre Coface innove profondément, c’est au niveau du business model associé à la fourniture de cette note de solvabilité. Classiquement, le score de solvabilité est payé par celui qui le consulte et qui est désireux de se prémunir d’un risque-crédit en estimant la solidité financière d’un client potentiel.
@Rating adopte un modèle économique radicalement inverse : la consultation du score de solvabilité de l’une des 23 millions d’entreprises de la base Coface est dès aujourd’hui entièrement gratuite. Faisant le pari qu’une société a tout intérêt à bénéficier d’une notation de solvabilité la plus fine possible, la Coface entend faire payer, non plus l’utilisateur de l’information, mais la société sur laquelle porte celle-ci.
Un modèle : les agences de notation financière
Le modèle des agences de notation est bien connu des milieux financiers : les notations de Moody’s ?” filiale de Dun & Bradstreet ?”, Standards & Poor’s et de l’européen Fitch IBCA, sont payées fort cher par les sociétés qui prétendent à ces notations.
De celles-ci dépendent étroitement les conditions auxquelles elles pourront se procurer des capitaux sur les marchés internationaux. La Coface ne fait ni plus ni moins que transposer à la notation de solvabilité le modèle de la notation financière.
Si les 23 millions d’entreprises recensées sur Cofacerating.com font toutes l’objet d’un rating, sollicité ou non, seules celles signalées par le label @ Rated, ont fait l’objet d’une notation sollicitée (contre paiement d’une somme de 600 euros en première année, de 300 euros les années suivantes).Alors que la notation non sollicitée est établie en gros à partir des informations déjà disponibles dans la base de données Coface, la notation sollicitée prend en compte d’autres éléments financiers et commerciaux fournis en ligne par l’entreprise elle-même.
La notation sollicitée par l’entreprise elle-même ?” gage de sa crédibilité ?” n’est pas forcément meilleure que la note non-sollicitée (l’entreprise a d’ailleurs le droit de la refuser), mais elle se distingue par le @ Rated qui est en somme la signature de la Coface.
Celle-ci, en se transformant en agence de notation, se positionne donc en tiers de confiance, en certificateur vendant la crédibilité de sa garantie dans un contexte de mondialisation des échanges où les partenaires commerciaux, ne se connaissant pas forcément, ont besoin de ce type de certification établie par un opérateur international crédible, à forte notoriété. Seconde grande originalité d’@Rating : pour la première fois, à la note de solvabilité internationale proposée par la Coface, est associée un encours crédit maximum.L’entreprise qui consulte cofacerating.com peut soit choisir d’assumer elle-même le risque-crédit en tenant compte de la note @Rating, soit souscrire en ligne un contrat d’assurance-crédit proposé par la Coface (dont l’assurance des transactions B-to-B est le premier métier) la garantissant contre ce risque. La notation de solvabilité sert donc également, dans ce nouveau business model, de produit d’appel pour une prestation d’e-assurance.
L’impact de l’e-commerce sur l’information de solvabilité
L’iniative @Rating est exemplaire en ce qu’elle illustre à la perfection la convergence entre e-commerce, mondialisation, et modification des business models de l’information de solvabilité.
L’e-commerce, en induisant des transactions qui se nouent instantanément en ligne, exige une information de solvabilité consultable en ligne, dans le temps même de la transaction. A une information de solvabilité lourde (fourniture des bilans, de rapports enquêtés), l’e-commerce tendra à susbstituer une information de solvabilité immédiate, décisionnelle, synthétique : la notation.
Mais cette plus grande abstraction de l’information de solvabilité est liée à un plus grand besoin de certification, de fiabilité et de garanties ; d’où l’association logique avec une prestation d’assurance. Enfin la mondialisation des échanges, amplifiée par Internet, entraîne un fort besoin de labelisation par des tiers de confiance.Sur le papier @Rating est donc une initiative particulièrement intéressante, bien au-delà d’ailleurs de la seule stratégie Coface. Mais il est encore trop tôt pour mesurer son impact réel sur les résultats du groupe. Et les facteurs d’insuccès ne sont pas négligeables. D’une part, si le système de la notation payante est familier aux financiers, il l’est beaucoup moins pour les Credit managers.
Même si le ticket d’accès à une notation labelisée @ Rated est modeste, pour atteindre une masse critique intéressante de notations sollicitées (avec une ventilation géographique suffisamment diversifiée pour être en phase avec les ambitions internationales du système), la Coface va sans doute devoir amorcer la pompe.
D’autre part, comme pour tout business fondé à la fois sur la notion de masse critique et la création d’une notoriété internationale de certificateur, les temps d’affirmation de @Rating seront longs. Moody’s ne s’est pas fait en un jour.Au-delà des annonces actuelles, c’est la gestion patiente et obstinée du système @Rating, à long terme, qui est susceptible de transformer une bonne idée en un fonds de commerce unique et très rentable.
Or ce long terme n’est pas celui des marchés financiers auxquels la Coface doit des comptes depuis son introduction en Bourse, en février dernier. Il induit par ailleurs un ” effet ciseau ” temporel problématique. Les pleins effets du nouveau business model @Rating ne se feront pas sentir avant plusieurs années.
Dès aujourd’hui, la Coface, comme tous les grands acteurs de l’information de solvabilité, subit une très nette érosion de son chiffre d’affaires ” information sur les entreprises “.Liens utiles
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