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Asus ROG Phone : ses accessoires en font-ils une parfaite console de jeu?

Le premier smartphone pour gamer d’Asus constitue une plate-forme de jeu performante selon Asus, mais ce serait encore mieux quand on la couple aux accessoires vendus en option. 

Lors de sa présentation officielle au Computex 2018 de Taipei, nous avions pu approcher de très près le premier smartphone gaming d’Asus, le ROG Phone. L’occasion pour nous de vous donner nos premières impressions tant sur l’appareil que sur la cohorte d’accessoires qui l’accompagne. Des périphériques ou des stations d’accueil qui lui permettent de se transformer aussi bien en console de jeu portative, qu’en en simili PC de bureau sous Android.

Après avoir réalisé un test du smartphone seul ou, plus exactement, en le confrontant au dernier OnePlus 6T, un duel qui ne nous a pas totalement convaincus quant à la prestation du ROG Phone, nous avons pu l’utiliser avec tout le parc d’accessoires qu’Asus nous avait présenté à Taïwan. Il se compose de cinq éléments (six en comptant la coque de protection du smartphone), tous vendus en option. En outre, ils ne sont commercialisés que sur le site marchand de la marque. Ainsi, il faut prévoir un budget conséquent de 900 euros pour le ROG Phone seul, puis y ajouter un ou plusieurs accessoires, le moins cher coûtant 80 euros et le plus cher, 330 euros. Oui, tout de même.

  • Asus Gamevice pour ROG Phone
    Prix : 100 euros

Le GameVice incarne sans doute l’accessoire le plus réussi du lot, sans doute fort de l’expérience acquise par la société du même nom lors de l’élaboration des modèles pour iPhone et iPad. La finition plastique de l’ensemble n’est malgré tout pas à la hauteur de nos attentes et la prise en main, peu confortable. Surtout pour un accessoire aussi coûteux. Le modèle pensé pour le ROG Phone l’accueille en son centre pour le transformer en simili Nintendo Switch. Une fois pris dans les mâchoires de la manette, bon point, le smartphone ne bouge pas d’un iota.

Deux joysticks (un de chaque côté), une croix multidirectionnelle, quatre boutons latéraux arrière dont deux gâchettes, et quatre boutons à l’avant sont à disposition pour jouer à plusieurs centaines de jeux compatibles disponibles sur le Google PlayStore et regroupés dans l’application GameVice.

Les joysticks sont un peu petits, les boutons arrière manquent de rigidité et n’inspirent pas trop confiance de prime abord. Ils ont toutefois su résister à nos assauts répétés et à nos longues heures de Shadowgun, PUBG et Fortnite. Même si nous ne sommes pas totalement convaincus.

Reconnu comme une manette par beaucoup de titres, le GameVice peut dans ce cas de figure voir ses touches réaffectées assez facilement, si d’aventure le jeu propose un menu de paramétrage des commandes.
Dans le cas inverse, l’ensemble des contrôles est matérialisé sur l’écran tactile et le GameVice n’est pas du tout reconnu, il est alors possible de « mapper les touches » via le menu contextuel Génie du Jeu d’Asus. En clair, vous associez un bouton physique de la manette à une commande du jeu en vous servant de la surcouche d’Asus. Celle-ci est assez bien faite et offre pas mal de possibilités. Autre bon point, les prises USB Type-C et casque sont positionnées sur le côté inférieur droit de la manette et ne gênent pas la prise en main lorsque des câbles y sont reliés.

  • Asus WiGiG Dock
    Prix : 270 euros

Formant un duo intéressant avec le GameVice, le WiGiG Dock se relie à un moniteur PC ou à une TV en HDMI et vous permet de diffuser ce que vous voyez sur la dalle du smartphone vers un écran plus grand, sans le moindre fil. La procédure d’association entre les deux appareils se fait en 20 secondes, montre en main. Ensuite, vous pouvez streamer tout ce que vous voulez. Un peu comme vous le feriez avec un Google Chromecast. Sauf que là, les débits de communication entre le smartphone et le dock se font en WiGiG (802.11 ad), une technologie similaire au Wi-Fi mais bien plus véloce et donc à même d’envoyer des images de jeux vidéo à grande vitesse (4,6 Gbps). Et ce, normalement sans décalage puisque cette techno ne s’appuie pas sur les mêmes bandes de fréquence que les autres normes sans fil (60 GHz en l’occurrence).

Malheureusement, nous avons constaté des temps de décalage d’affichage justement. Et d’importance. Surtout dans des jeux de tir à la première personne comme Shadowgun ou PUBG. Des titres dans lesquels le moindre ralentissement inopportun peut vous être fatal. Et les effets de ralentis s’accentuent si vous jouez sur une TV plutôt que sur un écran de PC. Sur notre moniteur Dell 4K de test, nous avons constaté jusqu’à une seconde de retard et pourtant nous étions positionnés à seulement 1,5 mètre. Sur une TV Sony Bravia âgée de cinq ans, située à 3 mètres, nous avons relevé jusqu’à 3 bonnes secondes de différé. Sur des jeux plus calmes comme HearthStone, pas de soucis en revanche. Enfin, sachez que si le titre que vous aimez n’a pas de moteur 3D bien optimisé ou récent, voire une patte graphique très évoluée, y jouer sur un plus grand écran que celui du smartphone fait parfois très mal aux rétines.

  • Asus TwinView Dock
    Prix : 330 euros

C’est le plus cher et le plus emblématique des accessoires du ROG Phone. Celui qu’Asus nous a présenté à grand renfort de démos et de prise en main. Et c’est sans doute le plus décevant du lot. Pourtant, d’un point de vue purement technologique, il partait pour être le plus intéressant. Ce dispositif embarque un second écran AMOLED Full HD de 6 pouces, un ventilateur, une batterie supplémentaire, deux gâchettes et deux moteurs haptiques afin de transformer le ROG Phone en véritable console de jeu portable à double écran. Sur le papier, on peut à la fois jouer sur deux écrans (si le jeu le permet…) ou bien jouer et garder un oeil sur son compte YouTube Gaming ou Twitch, voire profiter des deux écrans pour afficher plusieurs applications en même temps et les piloter indépendamment.
Malheureusement, le TwinView est lourd (400 grammes à ajouter au 200 g du smartphone) et le plastique n’est, là encore, pas du tout de bonne qualité. En main, l’ensemble s’avère massif et peu confortable à utiliser des heures durant. Ce Dock est aussi capricieux par moment, refusant de s’allumer ou de recharger le smartphone à moins d’extraire ce dernier de son logement et de le rebrancher.
Quant à jouer ou diffuser une partie, il faut disposer d’un excellent réseau 4G ou Wi-Fi à portée d’antenne pour éviter les latences générant de trop gros temps de décalage. De plus, piloter son compte Twitch du bout des doigts sur l’écran du smartphone tout en jouant sur celui du TwinView Dock devient bien trop fastidieux à la longue. Quant à dépenser 330 euros pour regarder une vidéo YouTube sur l’écran du haut et répondre à un mail sur celui du bas, cela semble tout à fait hors de propos.

  • Asus Mobile Desktop Dock
    Prix : 200 euros

Voilà un accessoire qui nous rappelle le DeX de Samsung ou encore les dispositifs Continuum de feu les Windows Phones. Le Mobile Desktop Dock a pour vocation de transformer le ROG Phone en PC de bureau. On peut y relier un ou plusieurs écrans, un câble réseau, un clavier, un souris, etc. On peut même se servir du smartphone comme d’un écran primaire et du moniteur PC ou TV, comme d’une dalle secondaire, où s’affichent par défaut toutes les applications installées sur l’appareil.

Sauf que, faute d’interface dédiée à cet usage (à l’inverse du DeX par exemple), c’est Android qu’on se retrouve à piloter au clavier et à la souris. Et l’OS mobile de Google n’est pas vraiment optimisé pour cela. C’est un calvaire. Autre souci, le clavier est invariablement reconnu comme un modèle QWERTY (anglais) donc pour la saisie, c’est compliqué. Nous avons fouillé, cherché dans les menus mais rien, nous n’avons pas réussi à le repasser en AZERTY. Pour le jeu, c’est déjà un peu moins problématique… sauf que la très grande majorité des titres Android ne sont pas pensés pour être maniés avec les périphériques PC !

Il est bien sûr possible de mapper les touches via l’utilitaire Génie du Jeu d’Asus, comme avec le GameVice. Mais, pour cela, il faut que l’écran du smartphone soit en mode duplication et non en mode étendu. Il faut aussi prendre le temps de faire glisser les puces virtuelles représentant les lettres sur les commandes tactiles, une par une.
Précisons que de temps à autre, la souris n’est reconnue que sur deux axes ce qui entrave les mouvements de caméra. Bref tout paramétrer est vraiment trop laborieux et les limitations, nombreuses. On vous conseille de passer votre chemin.

  • Asus Professionnal Dock
    Prix : 80 euros

Cinquième et dernier accessoire, le Professionnal Dock. C’est un modèle très réduit et portable du Mobile Desktop Dock qui propose simplement des connectiques classiques comme l’USB 3 ou le HDMI pour brancher divers périphériques à l’appareil. Pas de fonction 100% gaming ici, hormis peut-être la prise réseau pour disposer d’un débit plus important qu’avec le Wi-Fi dans certaines situations d’utilisation sédentaires. Voire utiliser la prise HDMI pour déporter l’affichage du smartphone sur un écran le temps d’une partie ou d’une vidéo à partager avec des amis présents dans la même pièce que vous.

Nous ne nous sommes pas réconciliés avec le ROG Phone

Après avoir passé quelques jours avec les accessoires et le ROG Phone, il est de temps de conclure. Le premier essai est valable mais pas du tout transformé par Asus. Tant au niveau de l’appareil que des accessoires.

Le smartphone, en lui-même, s’avère tout à fait correct sur le plan technique. Il est endurant, a de la puissance à revendre et son écran AMOLED 90 Hz est de bonne qualité. Ses appétences pour le jeu demeurent indéniables, renforcées par la présence des gâchettes haptiques présentes sur son flanc droit. Mais comme nous l’avions évoqué lors de notre duel avec le OnePlus 6T, tout cela ne justifie pas le prix de l’appareil. Le design très marqué tout comme le poids important du mobile ne jouent pas en sa faveur non plus.

Du côté des accessoires, le bilan est bien moins bon. Mis à part peut-être le GameVice, les autres équipements n’ont pas su nous convaincre. Trop chers, pas assez bien finis, dépourvus d’interface dédiée ou facile à prendre en main, bref… nous allons continuer à jouer du bout des doigts sur l’écran de notre mobile, avec la souris et le clavier sur notre PC et à la manette sur console. Et surtout, ne rien mélanger !

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Aymeric Siméon et Thomas Remilleret (vidéo)