Passer au contenu

Assurance-maladie : de nombreux usagers privés d’indemnités à cause de bugs d’un logiciel

Depuis octobre, l’Assurance maladie expérimente dans deux départements un système automatisé pour payer les indemnités maladie et maternité. Problème : l’outil dysfonctionnerait, entraînant pour de nombreux assurés des retards et des suspensions de paiements des indemnités journalières. Des « victimes de la sécu » et des agents de la caisse d’assurance maladie de ces départements dénoncent l’inaction de la direction.

Quand un système automatisé coupe par erreur les indemnités maladie ou maternité d’assurés : dans un article du 27 janvier 2025, Mediapart rapporte les dysfonctionnements d’Arpège, un système automatisé actuellement testé par l’assurance maladie.

Depuis octobre 2024, la Caisse nationale d’assurance-maladie (Cnam) expérimente Arpège, un outil de traitement des indemnités des arrêts maladie et des congés maternité. Avant de généraliser ce dernier à l’ensemble du territoire, la Cnam a décidé de l’expérimenter dans deux départements : la Vendée et la Loire-Atlantique.

« Au lieu de se soigner », des malades contraints « de se battre contre » l’Assurance maladie

Problème : Arpège s’est avéré dysfonctionné : un problème qui toucherait plus de 10 000 assurés selon les syndicats, près de 3 800 en janvier 2025 selon l’assurance-maladie, rapporte Mediapart. Nos confrères racontent ainsi des cas de paiements bloqués par erreur, avec des assurés qui ne perçoivent plus rien ou seulement une partie des versements.

Résultat : « au lieu de se soigner », « des gens en arrêt maladie » sont contraints de « se battre contre la CNAM », déplore l’un des « sinistrés de la sécu ». D’autres peinent à payer leurs loyers et leurs factures, faute de versement de leurs indemnités, à l’image de Sylvie Dalibert, dont l’histoire est aussi racontée par Presse Océan, mardi 28 janvier.

En arrêt maladie depuis mars 2024, cette habitante de Loire-Atlantique ne touche plus l’intégralité de ses indemnités journalières depuis septembre, avec des conséquences sur sa santé et sa situation financière.

À lire aussi : La Défenseure des droits s’inquiète de « l’algorithmisation des services publics »

Malgré de nombreuses actions menées (courriers aux élus, interpellation de la Cnam par des députés, manifestations, débrayages, formation d’un collectif…), les problèmes ne seraient toujours pas corrigés. Des employées de la Cnam de Saint-Nazaire ont d’ailleurs débrayé mardi 28 janvier pour protester contre l’utilisation de ce logiciel. Pour cette agente interrogée dans les pages du quotidien régional, « l’incompétence et l’entêtement de la direction de la Cnam donnent un désastre ».

Les dysfonctionnements d’Arpège pourtant déjà connus

Il faut dire que les problèmes soulevés auraient pu, pour certains, être évités, car Arpège n’est pas un logiciel inconnu de l’Assurance maladie. Comme le rappelle la CGT de la CPAM du 44, dans un communiqué du 21 octobre 2024, l’outil automatisé a été utilisé pour payer les arrêts maladie des travailleuses et travailleurs indépendants depuis 2020, avec, là aussi, de nombreux dysfonctionnements observés.

Le syndicat déplorait déjà, en octobre, les « conséquences néfastes sur l’indemnisation de milliers de dossiers ». Il dénonçait « l’entêtement et l’incompétence de la Cnam qui a, coûte que coûte, mis en œuvre un outil non abouti malgré les alertes et met en danger la santé des salariés ». 

À lire aussi : France Travail (ex Pôle emploi) épinglé par la Quadrature du Net pour son recours aux algorithmes

Contactée par nos confrères de Médiapart, la Cnam explique que les anomalies identifiées sont en cours de correction. Mais le retour à la normale pourrait prendre plus de temps que prévu. Selon un représentant syndical CGT interrogé par Presse Océan, « on nous avait dit que ça rentrerait dans l’ordre en février, puis avril maintenant ce n’est pas avant un an ». Au risque de voir nombre d’assurés traverser une période de « complications financières », voire de précarité.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.