Bis repetita. Comme elle l’avait fait en début d’année avec le .nom.fr, l’Afnic (l’Association française de nommage Internet en coopération) organise du 2 juillet au 15 décembre 2001 une opération promotionnelle d’enregistrement gratuit de noms de domaine en .asso.fr.Il s’agit ici de célébrer le centième anniversaire de la loi du 1er juillet 1901 sur la liberté d’association. Selon le directeur général de l’Afnic, Jean-Yves
Babonneau, l’initiative vient de se voir décerner le label de la mission interministérielle commémorative, présidée par l’ancien député et conseiller d’Etat, Jean-Michel Belorgey.Voilà pour les honneurs. Mais parallèlement, depuis son annonce diffusée il y a tout juste un mois, cette opération de communication essuie un feu nourri de critiques tant en provenance du monde associatif et des interlocuteurs publics que de certains prestataires techniques membres de l’Afnic. Tous remettent en cause ?” pour des motifs parfois opposés ?” les modalités et la conception de l’offre .asso.fr.
La gratuité ne dure qu’un an
Ainsi, dans un communiqué publié le 28 mai dernier, l’association IRIS (Imaginons un réseau Internet solidaire) fustige la démarche de l’Afnic, l’accusant de vouloir privilégier les “gros prestataires commerciaux” au détriment des “prestataires associatifs et coopératifs”.A la différence de la promotion du .nom.fr, qui ne portait que sur la gratuité du nom de domaine, la nouvelle offre de l’Afnic, oblige en effet les prestataires participants à fournir gracieusement l’enregistrement du nom de domaine sur un an, ainsi qu’un ou plusieurs autres services afférents (créations d’adresses mail, hébergement de pages Web, reroutage…).Par ailleurs, au mois de mai, l’Afnic annonçait avoir “obtenu l’accord de principe” du secrétariat d’Etat à l’Economie solidaire, avec lequel elle prévoyait l’organisation d’une conférence de presse de présentation.Devant la levée de boucliers suscitée par cette annonce, la conseillère technique du ministre Guy Hascoët, Véronique Kleck, avait alors opposé un démenti à ces affirmations, en déclarant avoir demandé un supplément d’information à l’Afnic concernant l’opération.Aujourd’hui, il n’est plus question de partenariat avec le secrétariat d’Etat, mais Jean-Yves Babonneau affirme toujours être “en contact avec le Conseil national de la vie associative (CNVA)” et préparer une action d’envergure au niveau local. Le service de la vie associative présent dans chaque mairie pourrait ainsi constituer un excellent relais d’information.
Une démarche contreversée
Au niveau logistique, ce sont entre cent huit et cent douze prestataires membres de l’Afnic (sur près de mille cent) qui participeront, au final, à l’opération .asso.fr.
Et c’est paradoxalement de certains d’entre eux qu’émanent les plus virulentes critiques sur l’opération.Pour assurer un certain succès à son offre, l’Afnic utilisera une base de données fournie par l’un des prestataires, EAR France, adhérent de fraîche date de l’association, et spécialisé dans la gestion de fichiers sur les associations.Certains participants à l’opération, tel Charles Tiné, gérant du prestataire marseillais Mailclub, s’étonnent d’une telle démarche et s’interrogent sur les hasards du calendrier qui ont conduit à l’entrée en scène de ce nouveau concurrent. Concrètement, l’adhésion d’EAR France à l’Afnic est intervenue au mois de mars, quelques jours à peine avant l’annonce officielle de l’opération .asso.fr faite aux prestataires lors d’un comité de concertation. Pour Charles Tine l’offre .asso.fr est de facto faite “sur mesure” pour un prestataire comme EAR France.A l’Afnic, Jean-Yves Babonneau récuse en bloc ces allégations, et affirme “qu’il ne sert à rien de faire le grincheux dans son coin”.Selon lui, il s’agit ” d’un concours de circonstances total “, car au moment de son adhésion, EAR France n’était pas informé de la future opération. ” Les responsables d’EAR France sont venus début avril présenter leurs activités au service Interface de l’Afnic, qui leur a appris à ce moment précis l’existence de l’opération sur le .asso.fr “, précise Jean-Yves Babonneau.Il justifie par ailleurs le recours à la base de données de ce prestataire par son caractère unique. Il y a dix-huit mois EAR France a ainsi entrepris de scanner tous les Journaux officiels d’aujourd’hui à 1901.Le service est aujourd’hui disponible à tous sur Internet, mais la société fournira à l’Afnic un accès rapide qui devrait faire l’objet selon Jean-Yves Babonneau “d’un engagement forfaitaire minimal”.
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