L’ASP, vous connaissez ? Ça signifie Application Service Provider ou location d’application dans la langue de Voltaire. C’est un peu comme chez Hertz ou Avis : au lieu d’acheter un logiciel, on vous le met à disposition et vous payez en fonction de sa catégorie et de son temps d’utilisation. Simple, il n’y a rien à télécharger. Tout se passe sur le Web avec un navigateur.Etant moi-même adepte de services comme Hotmail ou Yahoo mail, je me suis naturellement laissé tenter par ceux qui proposent du Word et de lExcel sur le même modèle. La proposition est plutôt alléchante : plus de problème d’installation, plus de mise à jour ou d’incompatibilité. On accède à des applications bureautiques de n’importe où sur la planète et à partir de n’importe quelle machine. Et en plus, c’est gratuit.Trop beau pour être vrai. J’aurais dû me douter qu’il y avait un loup. Disons le tout net, ça ne marche pas. Et quand ça marche c’est quasiment inutilisable. Pourtant, j’en ai essayé plusieurs, histoire d’être sûr de ne pas rater quelque chose. Mais rien n’y fait. Aucun n’est vraiment exploitable.Commençons par les plus nuls. Ceux qui, comme Desktop.com ou Visto, ne proposent que des applications inutiles. Le premier est très fier de son navigateur au look intersidéral. Mais il oublie que pour l’utiliser, il faut déjà passer par un navigateur. Ses auteurs ont dû confondre ASP et Application Super Pléonastique. Le second ne fait pas mieux avec son agenda et son carnet d’adresses. J’ai beau être technophile, j’ai du mal à m’imaginer en pleine rue, dégainant mon portable, enfichant un modem cellulaire et surfant le Web pour avoir l’adresse d’un rendez-vous.Il y a aussi les sectaires, Personnal.com par exemple. A priori, celui-ci a l’air plus séduisant. Si on arrive à se connecter, on atterrit sur le bureau d’un PC sous Windows 2000 que l’on peut torturer dans tous les sens, comme si on l’utilisait en local. Manque de chance, le site ne fonctionne ni sur Mac, ni sous Linux alors qu’un client Java est disponible. Quitte à faire de l’émulation Windows sous Windows, je préfère VMWare, c’est bien plus rigolo.Alors j’ai continué ma quête et je suis tombé sur des lourdaux qui vous obligent à télécharger un plug-in ou une applet de 10 Mo. C’est le cas de ThinkFree ou de Freedesk.com. Là, on n’utilise plus des applications Windows classiques mais des clones en Java. Reste que l’interface est parfois tellement préhistorique qu’on finit par regretter Notepad et Write. Et puis comment fait-on pour imprimer ? On récupère ses documents en local, on installe Office et on imprime ? La belle affaire. Mais il y a pire, si la connexion rend l’âme, on perd tout son travail. Alors ASP ou Application Sans aucune Protection ?Durant toutes mes pérégrinations, un seul site est sorti du lot : Runaware.com. En fait, il ne s’agit pas d’un service de location mais plutôt de test d’applications. Il évite de télécharger et d’installer la démo d’un logiciel, on peut donc l’étrenner directement, en ligne, et se faire une opinion avant d’acheter. Une bonne idée qui mérite d’être développée. En plus, le site fonctionne sur Linux et sur Mac. Seul problème, les logiciels proposés ne se comptent encore que sur les doigts des deux mains.Mais voilà. Tous ces sites sont lents comme une Twingo sur l’autoroute. Même avec une ligne spécialisée, les traitements de textes ont du mal à suivre ma frappe. J’ai tenté l’expérience avec un modem 56 K et j’ai perdu patience. Moi qui me voyais déjà les utiliser à l’hôtel, où les lignes multiplexées atteignent péniblement 33,6 K.Alors pourquoi acheter des logiciels quand on peut les louer moins cher, voire gratuitement sur Internet ? Eh bien parce que c’est plus pratique, plus rapide et plus sûr. D’autant que l’argument de prix ne tient plus avec de logiciels gratuits comme Star Office. Et puis sans être parano, il est parfois préférable d’avoir ses fichiers près de soi. Ne serait-ce que pour pouvoir travailler sans connexion Internet.En fait, c’est ma mère qui avait raison. Louer c’est jeter l’argent par les fenêtres. J’ai bien l’impression que ceux qui prônent la location ne cherchent qu’une chose : nous faire payer indéfiniment pour un service que l’on utilise épisodiquement.Prochaine chronique le 12 juillet
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