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Asie 2/9 : Lenovo se lance sur le marché des consoles de jeux

Cette semaine, la Chine s’apprête à lancer une console maison sur un marché captif, les opérateurs japonais de jeu social courtisent les développeurs occidentaux et le Tokyo Game Show se prépare…

Jusqu’à présent le nom du quatrième constructeur mondial de PC, Lenovo, rimait avec PC de bureau. Désormais, il faudra y ajouter jeu vidéo. A en croire le quotidien chinois China Daily, une filiale de Lenovo, la société Eedoo, créée pour l’occasion, travaille à la conception d’une console de jeux pour le marché chinois. Son nom : l’eBox !

Casse-tête chinois

L’équipe d’Eedoo, forte d’une quarantaine d’ingénieurs issus de la grande famille Lenovo, a développé sa propre technologie de reconnaissance de mouvements sans manette, suivant la voie tracée par le contrôleur Kinect de Microsoft.

Le but avoué est d’offrir une alternative crédible aux trois grands constructeurs que sont Nintendo, Sony et Microsoft. Paradoxe, leur présence sur le marché chinois est d’autant plus difficile à estimer que toute importation de consoles est prohibée depuis 2000 par le pouvoir central, soucieux de protéger sa population de l’influence délétère des machines et jeux venus de l’étranger.

Esquisses et recherches de design
Esquisses et recherches de design – Esquisses et recherches de design

Ironie mordante : la Xbox 360, pourtant intégralement produite et assemblée sur le sol chinois, y est toujours officiellement interdite à la vente, bien que l’on puisse la trouver sous le manteau tout comme la Wii et la PS3.

A ce blocage légal s’ajoute la culture du piratage tous azimuts qui, malgré une population urbaine dont le niveau de vie progresse à grande vitesse, fait de la Chine un repoussoir pour les géants du domaine. Cela ne les empêche pourtant pas, Microsoft en tête, d’investir dans un lobbying effréné afin de faire lever l’embargo sur leurs machines et de disposer enfin d’une vitrine légale sur le plus gros marché émergent de la planète.

Avec l’eBox, Eedoo espère ainsi s’imposer comme une console familiale dédiée au casual gaming, en tablant sur sa bonne connaissance de la culture et du marché chinois ainsi que sur sa maîtrise des canaux de distribution locaux. Autrement dit, une situation de quasi-monopole accordée de facto et à l’avance par les bonnes grâces du pouvoir politique.

Bientôt dans les foyers

Selon Hack Luo, le président de la firme, « l’eBox n’offrira peut-être pas les graphismes magnifiques ou le contenu violent » qui caractérise les autres consoles, mais elle devrait « encourager les membres de la famille à quitter le sofa pour faire un peu d’exercice ».

On joue à l'eBox sans manette
On joue à l’eBox sans manette – On joue à l’eBox sans manette

Les mauvais esprits n’hésiteront pas à souligner qu’il s’agit là du plus petit dénominateur commun décrivant à la perfection le shovelware (appellation qui regroupe les dizaines de titres médiocres produits « à la pelle ») qui pollue la ludothèque Wii.

La reconnaissance de mouvements fera partie intégrante de la console, laquelle sera livrée avec une trentaine de jeux gratuits, et commercialisée à un prix qui devrait être légèrement inférieur à celui d’une Xbox 360. Ce qui demeure un montant plutôt élevé au regard du pouvoir d’achat moyen des ménages chinois. Eedoo cible avant tout la population urbaine, soit près de 120 millions de foyers et autant d’acheteurs potentiels, tablant sur des ventes annuelles dépassant le million d’exemplaire dès la deuxième ou troisième année.

Développeurs de tous les pays…

Malgré l’orientation résolument sino-chinoise de la machine, seize développeurs internationaux se seraient déjà engagés à produire du contenu pour l’eBox. Les premiers prototypes fonctionnels devraient être dévoilés dès le mois de novembre, suivis par une commercialisation au cours du premier semestre 2011.

S’il est peu probable de voir l’eBox distribuée un jour sous nos latitudes, une étape cruciale n’en aura pas moins été franchie pour la Chine, qui démontre ainsi qu’elle a parfaitement saisi les enjeux du domaine vidéoludique, tant sur son marché intérieur que sur la scène internationale.

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Nathan Sommelier