L’ancien directeur de publication du journal Libération se souviendra longtemps de ce vendredi 28 novembre. Au petit matin, Vittorio de Filippis a été interpellé à son domicile par trois policiers, menotté,
fouillé au corps et conduit au dépôt du tribunal de grande instance de Paris, de manière particulièrement musclée. L’actuel directeur du développement de Libé n’a pourtant commis aucun crime passible d’emprisonnement : il
est simplement sous le coup d’une poursuite en diffamation intentée par Xavier Niel, le fondateur d’Iliad, maison-mère de Free.Comme Vittorio de Filippis le raconte dans ce
témoignage détaillé, il avait déjà été attaqué plusieurs fois par Xavier Niel, en tant que directeur de publication de
Libération entre mai et décembre 2006, après la publication d’articles traitant des démêlés judiciaires du fondateur d’Iliad. Ce dernier aurait été débouté systématiquement.
Une procédure légale selon Rachida Dati
Cette fois, c’est un commentaire à un article posté sur Libération.fr à la même époque qui aurait déclenché l’ire judiciaire de Xavier Niel, particulièrement attentif à la teneur des forums le concernant la société
Free. Un lecteur de 01net. en a fait l’expérience l’an dernier. Poursuivi en diffamation après avoir publié un post sur Free
et les newsgroups, l’internaute avait été relaxé, non sans avoir subi une perquisition musclée.Pour autant, Xavier Niel ne peut être tenu pour responsable de la méthode d’interpellation employée, qui est du ressort du juge d’instruction. Selon la juge chargée de l’affaire, Muriel Rosié, Vittorio de Filippis n’aurait pas répondu
aux convocations qui lui avaient été préalablement envoyées. ‘ Dans cette affaire, il y a une personne qui est mise en cause, à trois reprises on lui envoie une convocation, il ne défère pas aux convocations à trois reprises,
le juge d’instruction en toute indépendance délivre un mandat d’amener, ce qui est tout à fait possible dans le cadre des procédures ‘, a rappelé la garde des Sceaux Rachida Dati, interrogée sur cette affaire qui fait encore
grand bruit ce lundi 1er décembre.Aussi légale soit-elle, la procédure n’en semble pas moins disproportionnée au regard des faits reprochés. La mésaventure de Vittorio de Filippis aura eu le mérite de le mettre en lumière, même si bien d’autres citoyens
lambda l’ont déjà vécue. L’affaire a d’ailleurs tourné à l’orage médiatique, sur fond d’atteinte à la liberté de la presse. Editorialistes, syndicats, associations, et même partis politiques, les déclarations d’indignation se
multiplient depuis ce week-end. Une mauvaise presse dont Xavier Niel se serait certainement bien passé.
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