Le parquet de Paris vient d’annoncer la mise en examen de six personnes, rapportent nos confrères du Parisien. Les individus interpellés sont soupçonnés d’avoir participé à un vaste réseau criminel spécialisé dans les faux retours de colis, baptisé « Zulon ».
Dans le cadre d’une escroquerie de ce type, un fraudeur commande un produit en ligne, puis demande un retour en prétendant qu’il ne lui convient pas. Conformément à loi en Europe, les boutiques permettent en effet de renvoyer un achat si celui-ci ne sied pas à l’acheteur dans un délai de 14 jours. Le fraudeur envoie un colis vide ou un objet de moindre valeur. Il reçoit alors un remboursement, mais peut revendre le colis sur le marché de l’occasion ou le conserver.
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Amazon, Ikea… les victimes de Zulon
Parmi les cibles de Zulon, on trouve de grandes enseignes comme Ikea, Amazon, Leroy Merlin ou Auchan. Comme l’explique le parquet, « le décompte concernant la seule société Leroy Merlin atteignait déjà 1,6 million d’euros, celui concernant Amazon s’élevait à 254.000 euros ». Actif depuis au moins quatre ans, le groupe a détourné jusqu’à 30 millions d’euros.
L’enquête a débuté avec une plainte de La Poste en mars 2024. La plainte indiquait avoir constaté « des faux retours de colis déclarés par un facteur au profit de plusieurs clients ». Par la suite, les experts en cybersécurité ont débusqué « une boucle Telegram proposant ce service » de faux colis déclarés, intitulée Refund France.
Comment fonctionnait Refund France ?
Ce service criminel permettait de faire croire à Amazon, Ikea et consorts qu’un colis avait bien été renvoyé. Avec l’appui de facteurs corrompus, les escrocs se servaient des téléphones Factéo de La Poste pour scanner de faux codes-barres de retour. Cette approche aboutissait à un remboursement immédiat de la part des enseignes en ligne. Le réseau exploitait ainsi une faille béante dans le fonctionnement de la politique de remboursement immédiat des plateformes, qui promet de rembourser les clients avant même que le colis ne revienne dans les entrepots.
Il suffisait d’avoir accès aux smartphones professionnels utilisés par les facteurs de La Poste, qui servent à scanner des colis, enregistrer des signatures et accéder à des applications internes de gestion des données. Avec cette méthode éprouvée, certains des clients de Refund France ont détourné plus de 400 colis, dont des smartphones ou des vêtements.
Le cerveau de l’opération, un « geek anticapitaliste » résidant à Dubai, a été arrêté alors qu’il rendait visite à sa famille en France. Ce « crack en informatique, solitaire » a été placé en hôpital psychiatrique. Le facteur et des administrateurs, parmi lesquels un avocat exerçant à Paris, sont quant à eux soupçonnés « d’escroquerie en bande organisée, blanchiment en bande organisée, et administration de plateforme permettant des transactions illicites en bande organisée ». Trois personnes sont en détention provisoire, contre trois autres sous contrôle judiciaire.
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Source : Le Parisien
