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Armel Le Coz, blog-trotter : « La démocratie participative inquiète les élus »

Pendant six mois, Armel Le Coz a sillonné le pays pour aller à la rencontre des candidats aux élections municipales afin d’échanger avec eux sur une démocratie participative basée sur les nouvelles technologies.

Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde ! » Cette phrase de Gandhi, Armel Le Croz en a fait sa devise et s’est donné pour mission d’en faire profiter le plus grand nombre. Comment ? En réalisant un tour de France pour rencontrer les candidats aux élections municipales. À la manière d’Antoine de Maximy dans son émission « J’irais dormir chez vous », il leur a demandé le gite et le couvert pour au moins une nuit. Il a également rencontré les administrés en faisant de l’auto-stop.

Son but est ambitieux puisqu’il s’agit de dessiner un autre modèle démocratique, plus participatif et collaboratif. « Comme beaucoup, j’ai l’impression que notre système est en crise. La Société ne forme plus de citoyens, mais des consommateurs de services publics. Il fallait que je me rende sur le terrain pour vivre la campagne de l’intérieur. »

Ce projet est né du site Parlement et Citoyens auquel Armel a participé, sur lequel les élus proposent aux internautes de réagir sur leurs projets de loi. « Plusieurs élus nous ont contactés pour réclamer un projet similaire, mais dédié aux élections municipales », nous raconte le blog trotters.

C’est ainsi qu’est né le site « Tour des candidats et maires de France ». Et pour que tous puissent la suivre, cette aventure citoyenne a aussi été relayée sur des réseaux sociaux (Twitter et Facebook) et via une carte en ligne pour voir la progression du voyage. Chaque rencontre a été filmée et diffusée sur ces espaces.

Le périple a commencé en octobre 2013 et s’est terminé au soir du second tour. Armel a parcouru des centaines de kilomètres pour rencontrer 111 maires ou élus de toutes les étiquettes ou partis avec qui il a échangé sur leurs projets, leur relation avec les administrés, mais surtout sur leur vision de la démocratie et le rôle des technologies.

Internet ne menace pas le pouvoir des élus, au contraire

« Les maires sont loin d’être des geeks, admet-il. Ils utilisent les technologies pour surfer sur Internet, aller sur les réseaux sociaux, informer ou s’organiser. Pour aller plus loin, ils demandent à être convaincus. » Pour le jeune blogueur, cette réalité est un « frein pour aborder de nouvelles mesures ou apporter plus de transparence dans leur mission. »

Selon Armel, ce virage marque une opposition entre la démocratie représentative et la démocratie collaborative. « Elles peuvent cohabiter », fait-il remarquer avant de pointer la réticence des élus. « Avec Internet, Ils redoutent une perte de pouvoir et craignent de ne pas suffisamment maîtriser les outils. C’est de la méconnaissance, car ils ne risquent rien, bien au contraire. Ceux qui ont entamé ces démarches ont gagné en efficacité. »

Il a même découvert plusieurs de candidats qui ont tenté cette nouvelle voie, comme Jean-François Caron (EELV), élu au premier tour avec 100% des voix à Loos-en-Gohelle (Pas-de-Calais). « M. Caron se voit plus en animateur local pour relier les entreprises, les associations et le citoyen en se basant sur les travaux de l’économiste américain Jérémie Rifkin ». Il cite aussi l’approche de Jean-Paul Delevoye (droite) à Bapaume (Pas-de-Calais) qui ne s’est pas représenté cette année, ou Éric Brehin à Trémargat (Côtes d’Armor) réélu avec plus de 90% des voix. Leur point commun ? « Chacune de ces communes se lance sur des projets collaboratifs pour accompagner les envies des citoyens ».

La fin des élections municipales ne signe pas la fin du projet. « Après ces six mois d’immersion, il faut faire profiter le plus grand nombre des idées et des expériences que j’ai récolté. » Armel va publier un livre sur cette aventure avec l’aide du site de financement participatif KissKissBankBank. « Il ne s’agit pas d’un livre photo pour raconter mon voyage, mais d’une synthèse des idées que j’ai recueillies pendant ces six mois. J’ai appelé ce livre, Refaire le Monde. »

Son objectif était au départ de récolter 2000 euros pour financer l’ouvrage. Cette barre a rapidement été dépassée, preuve que les idées qu’il ramène intéressent du monde. Serviront-elles pour de prochains scrutins ? C’est toute la question.

Lire notre dossier “Numérique et élections municipales”.

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Pascal Samama