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ARM fait son beurre avec de la matière grise

Le Britannique spécialiste du design de puces continue sa croissance inexorable, faisant fi de la conjoncture.

Qu’ont de commun une console de jeu, un assistant numérique, un appareil photo numérique, un téléphone portable ? Risc, un microprocesseur de forte puissance mais de faible consommation fabriqué par des Agilent, Texas Instrument, ST Microelectronics ou encore Sanyo. Autre point commun, tous ces fabricants font appel au même designer, ARM. S’il n’est pas fait de publicité autour d’un “ARM inside”, à la mode Intel, la jeune société britannique est leader dans son secteur : la propriété intellectuelle. Car ARM ne fabrique rien, elle vend du concept.

74,6 % de parts de marché

À son siège de Cambridge, point de machines, seulement des dizaines d’ingénieurs occupés à imaginer le design des puces du futur. Son créneau : les processeurs Risc, qui ont pour immense avantage d’être light en consommation d’énergie et en coût. ARM détient sur ce secteur 74,6 % des parts de marché, selon le cabinet de consultants Andrew Allison. Le challenger, Mips, est loin derrière avec 11,3 % des parts de marché. Malgré ces temps quelque peu bousculés, la société continue de croître insolemment. Les revenus de son premier trimestre étaient de 65 millions d’euros, 5 % de plus que le trimestre précédent, 30 % de plus que l’année d’avant.Son modèle d’affaires : la licence de ses designs (55 % de son chiffre d’affaires), les royalties (15 %) sur les ventes de chaque produit fabriqué. Les 30 % restant venant des services et de ses outils de développement. “Ce modèle d’affaires a prouvé sa solidité. Nous continuons à croître alors que nos clients traversent une mauvaise passe”, affirme Warren East, président d’ARM. La force de la société vient aussi de sa diversification : ARM équipe tous les secteurs de l’industrie, des réseaux aux télécoms en passant par l’industrie traditionnelle et le grand public.La firme britannique a réussi à se faire une place dans la cour des grands en une petite dizaine d’années, “et nous avons encore de la marge pour croître : les processeurs Risc ne représentent que 7 % des processeurs sur le marché”. ARM est né au c?”ur de l’Angleterre, dans une de ses capitales technologiques, Cambridge, en 1990. Advanced Risc Machine, son nom complet, est un joint-venture entre Acorn Computer Group, Apple Computer, et VLSI Technology. Le premier a fourni les bases de la technologie, le deuxième ses forces vives, le dernier le financement.Mais face aux géants comme Intel, les 12 ingénieurs à son origine se sont longtemps posé la question de leurs options. “Nous pouvions lever d’énormes fonds auprès de capital-risqueurs et affronter ces géants de face, en lever un peu moins et sous-traiter la fabrication à des Taïwanais ou encore licencier la technologie”, résume le PDG. C’est le troisième modèle qui sera préféré…Le premier gros poisson ne tarde pas. Client d’Apple, Sharp se laisse convaincre. Deuxième grande pointure à adhérer, Texas Instrument. “Texas était face à un dilemme. Il avait essayé de vendre ses propres processeurs à Nokia pour ses téléphones. Mais Nokia venait de rejeter la technologie qu’elle trouvait trop gourmande pour ses téléphones”, se souvient Warren East. Séduit par les processeurs light d’ARM, Texas Instrument signe et reconquiert son client le leader mondial des portables.Ces premiers pas réalisés, l’équipe commence à engranger des clients et s’impose doucement comme standard. Mais si les processeurs sont reconnus pour leur côté économe, ils pèchent par leurs performances. L’alliance avec Digital Semiconductor, en 1994, balaye ce défaut de jeunesse. L’Américain est à l’origine d’un processeur très rapide, mais lourd… L’enfant s’appellera Strong ARM et installera définitivement ARM sur le marché.En 1997, l’entreprise entre en Bourse et doit jouer véritablement dans la cour des grands. “C’est horrible d’être coté en ce moment. On aimerait parfois pouvoir souffler et prendre du temps pour résoudre certains points mais c’est impossible”, regrette Warren East. Plus que jamais, l’accent est mis sur les hommes, la réelle force de frappe d’ARM, qui affiche un effectif total de 750 salariés, dont une écrasante majorité de scientifiques.

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Agathe Remoué