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Après le rachat de CNT, McData va devoir déstocker

La société va devoir opérer des arbitrages douloureux et peut-être abandonner des technologies fraîchement développées.

Le constructeur devient le premier acteur sur le marché des commutateurs, avec un chiffre d’affaires 2003 de 780 millions de dollars. Grâce au rachat de CNT pour 235 millions de dollars, il devance ainsi Brocade, son
éternel concurrent. Mais, au-delà du podium, ce rapprochement soulève de nombreuses interrogations.Car les atouts de CNT ?” forte présence dans les mainframes et les outils de connexion inter-SAN ?” ne font pas oublier le choc frontal intervenant au niveau des ‘ directeurs ‘ (des commutateurs haut de
gamme de plus de 64 ports).
L’UMD, de CNT, fait en effet doublon avec l’Intreprid 10 000, la toute nouvelle machine de guerre lancée par McData le jour même du rachat. L’arbitrage que devra
opérer McData signera nécessairement l’abandon d’une technologie fraîchement développée.

Une santé financière chancelante.

D’un côté, l’UMD, d’origine Inrange (racheté en 2003) et revendu par IBM, apporte son lot de nouveautés : architecture interne totalement rénovée, services intégrés de connectivité inter-SAN et de
virtualisation, débit de 4 et 10 Gbit/s, 256 ports, etc. De l’autre, l’Intreprid 10 000, issu de l’acquisition de Sanera par McData en 2003, présente globalement les mêmes caractéristiques. A ceci près
qu’il offre en plus une fonction ?” unique ?” de partitionnement logique de SAN.Si, pour l’heure, McData n’a émis aucun jugement, on voit mal comment il renoncerait à un an et demi d’efforts de développement. Sans compter qu’il serait périlleux d’opter pour une machine,
l’UMD, dont le constructeur d’origine (Inrange) n’a jamais réellement rayonné au-delà des mainframes.En attendant le verdict, les clients de McData risquent de geler leurs investissements… Au plus grand bénéfice de Brocade et de Cisco. McData devrait donc clarifier au plus vite ses intentions afin de ne pas affecter davantage une
santé économique déjà chancelante. Le constructeur affiche, en effet, un recul de 3 % de ses revenus sur les trois premiers trimestres 2004.

De beaux jours pour l’interconnexion de SAN.

Il n’en reste pas moins que McData a de solides cartes à jouer avec cette acquisition : il devient potentiellement le champion de l’interconnexion de SAN, domaine promis à une forte croissance. CNT contrôle toute la
connectique nécessaire à la réplication de baie à baie sur fibre noire, tant en environnements grands systèmes que dans les mondes ouverts. Mais, il est également spécialisé dans le stockage sur IP.McData maîtrisait déjà iFCP (Fibre Channel sur IP) avec Nishan. Avec CNT, il acquiert le spécialiste de
FCIP, protocole concurrent d’iFCP. Il coupe, par la même occasion, l’herbe sous le pied de Brocade, lequel revendait ses boîtiers.Certes, depuis peu, le fournisseur de commutateurs maîtrise FCIP avec son routeur Fibre Channel. Mais ses richesses fonctionnelles restent encore limitées par rapport à celles de CNT ou de Cisco, spécialiste d’IP.Par ailleurs, McData, surtout présent aux Etats-Unis, renforce sa couverture géographique avec CNT, bien implanté en Europe et en Amérique du Sud. Sa proie lui apporte également des compétences d’intégration de SAN, acquises avec
le rachat d’Articulent par CNT en 2001.Reste à savoir comment McData positionnera ces équipes. Car si CNT, et en particulier Inrange, axe sa stratégie sur la vente directe (en dehors de l’accord OEM signé avec IBM), McData a toujours vendu ses machines par le biais de
partenaires constructeurs. Là encore, un arbitrage devra vite être rendu.

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Vincent Berdot