Les voitures ont leurs chevaux, les ordinateurs leurs mégahertz et les appareils photo leurs mégapixels. Pour comparer les produits entre eux, on s’en réfère souvent à un seul critère, une démarche facile mais Ô combien trompeuse ! Dans le domaine de l’image numérique, le mégapixel a (bêtement) servi de mètre étalon pendant des années. Mais aujourd’hui vous allez oublier cela, faire table rase du passé et vous concentrer sur un élément plus important : la taille du capteur.
Des smartphones en passant aux compacts experts en passant par les hybrides, jamais les capteurs d’image n’ont été aussi grands et les appareils petits. La miniaturisation des boîtiers répond au ras-le-bol des photographes de se trimbaler des appareils trop lourds – combien de reflex prennent-ils la poussière sur les étagères ? A l’inverse, les capteurs d’image n’en finissent plus de grandir, que cela soit au sein des appareils photo mais aussi dans nos téléphones. A titre d’exemple, le capteur du nouvel l’iPhone 5S comporte autant de pixels que celui des iPhone 4/4S/5 mais s’avère 20% plus grand. Un gain de taille qui lui permet de réaliser de plus beaux clichés.
En effet, à côté de l’optique et du processeur d’image, le capteur est le troisième élément qui détermine la qualité d’image. Quels sont les avantages d’un plus grand capteur ?
Primo, à densité égale, plus un capteur est grand, plus chacun de ses photosites (les fameux « pixels ») reçoit de lumière par rapport à un capteur plus petit.
A cela s’ajoute une meilleure isolation électronique : plus les photosites sont larges et éloignés les uns des autres, moins ils subissent les interférences électromagnétiques de leurs voisins, des parasites générés par le courant électrique qui circule. Un capteur de grande dimension est donc moins sensible au “bruit numérique”, un phénomène qui génère ces défauts d’image qui apparaissent surtout dans les hautes sensibilités – lorsque l’on photographie en basses lumières par exemple.
Finalement, plus un capteur est grand, plus sa zone de netteté est fine, ce qui lui permet de générer ces arrière-plans flous si séduisants pour les portraits. Des images impossibles à réaliser avec des capteurs plus petits.
Un grand capteur connait aussi certaines limites : la finesse de la zone de netteté peut poser des problèmes de mise au point, notamment en vidéo, où les petits capteurs sont plus performants. Et surtout, plus un capteur est grand, plus il nécessite de grosses optiques, ce qui nuit à sa compacité.
Un tir groupé de Sony
Trois modèles d’appareils ont marqué des vraies étapes dans la saga de l’agrandissement de la taille des capteurs : le X100 de Fujifilm et les RX100 et RX1 de Sony.
Lancé en 2011, le X100 est le premier appareil à capteur de reflex à connaître un tel succès et il a donc ouvert la voie — et le marché. Le RX100 de Sony, lui, a mis tous les compacts experts K.O. à sa sortie en 2012 avec son capteur jusqu’à 8 fois plus grand que la normale. Un appareil qui nous a même forcé, lors de sa sortie, à déclasser tous les compacts experts 5 étoiles tellement sa qualité d’image écrasait la compétition !
Le RX1, véritable pièce d’orfèvre, est le premier appareil si compact à intégrer un capteur plein format de reflex professionnel. C’est cet appareil qui a mené Sony à lancer, en ce mois de novembre, les nouveaux Alpha A7 et A7R, les premiers appareils hybrides à capteurs plein format (24 x 36 mm). Là encore, ces appareils à capteurs géants sont des lilliputiens puisqu’ils pèsent à peine 474g (avec batterie) ! À titre de comparaison, le plus léger des reflex équipés d’un tel capteur est le Canon EOS 6D, 60 % plus lourd avec ses 755 g.
Sony RX100, Sony RX1, Sony Alpha 7 : Sony, Sony et encore Sony. Comment se fait-il que la marque nippone soit à ce point en position de force ? Dans le marché de la photo, le géant de l’électronique dispose d’un atout de poids : il est le premier fabriquant de capteurs CMOS au monde et fournit de nombreux concurrents. Dans le domaine des compacts d’abord, où il produit la majorité des capteurs estampillés « BSI » ou « rétroéclairés ». Mais aussi dans le domaine des reflex et hybrides, où il livre des capteurs à Pentax, Olympus et même Nikon ! Ce savoir-faire et cette position de super-fournisseur a permis au groupe électronique japonais de lancer une grande offensive sur les capteurs grand format. Une façon comme une autre de se démarquer dans ce marché si concurrentiel.
Même les smartphones passent aux grands capteurs
À côté des appareils de Sony, s’ajoutent aussi les X100 et X100s de Fujifilm, le Canon G1X ou encore le Ricoh GR et le Nikon CoolPix A. Et le nombre d’appareils, même compacts, qui voient la taille de leur capteur s’agrandir est en augmentation constante. Si la compétition entre les constructeurs photo y est bien sûr pour quelque chose, l’impact du succès des smartphones est, elle aussi, déterminante. Puisque nos téléphones offrent une qualité d’image équivalente à celle des compacts d’entrée de gamme, ces derniers perdent tout intérêt. Un appareil photo ne doit plus se contenter de prendre des photos, mais il produire des images d’une qualité bien supérieure. Et à ce jeu-là, la taille du capteur est une donne primordiale… que les constructeurs de smartphones ont bien compris ! Il n’y a qu’à voir les derniers HTC One, Nokia Lumia 1020 et autre iPhone 5S : tous ces appareils haut de gamme disposent d’un capteur bien plus grand que ceux de la génération précédente !
Interrogé lors du Salon de la photo de Paris en octobre 2011 sur la menace « smartphone », Pascal BRIARD, directeur de la communication de Canon France expliquait « que c’est plutôt une aubaine ! Cela met un appareil photo dans les mains de tout le monde, attirant de plus en plus de monde vers la photographie. Et il y aura forcément un pourcentage de ces millions d’utilisateurs qui souhaiteront passer à la vitesse supérieure avec des appareils de bien meilleure qualité ».
Un point de vue confirmé par l’engouement pour les appareils experts, tel le X100 de Fujifilm. Selon nos sources, au moment de lancer son appareil, la marque nippone pensait vendre un maximum de 15.000 exemplaires dans le monde pendant sa durée de commercialisation. Dix-huit mois plus tard, la marque se fendait d’un communiqué pour annoncer avoir dépassé les 150.000 exemplaires vendus et lançait une nouvelle version dans la foulée. Pas mal compte tenu du prix – pas moins de 1000 € au lancement – et des limites (focale fixe, autofocus hésitant) de cette première mouture !
En définitive, comme pour la course aux mégapixels, la course à la taille des capteurs connaît une limite, celle de la taille des optiques. Mais n’ayez crainte, les constructeurs travaillent déjà d’arrache-pied à leur miniaturisation…
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