Orange n’imaginait pas susciter autant d’émotions en mettant fin au télégramme ce lundi 30 avril à 23h59. L’opérateur n’avait d’ailleurs pas prévu de communiqué officiel pour annoncer la fin de ce service qui périclitait chaque année davantage depuis les années 80. Il aura suffi du tweet d’un employé pour qu’une vague de nostalgie s’empare de la presse qui a depuis abondamment repris la nouvelle.
Voilà c'est fini, le dernier #telegramme est parti ce Lundi 30 Avril à 23h59, Une page de l'histoire des Telecoms qui se tourne. pic.twitter.com/fnGBvfFfbm https://t.co/0PuLI3RvL8
— Christophe NDI (@ChristopheNDI) April 30, 2018
Un premier message transmis en 1844
Les origines du télégramme remontent au XVIIIe siècle. Mais le premier message est envoyé en 1844 par Samuel Morse, qui a laissé son nom au fameux alphabet. Ce dernier réussit à transmettre des informations entre Washington et Baltimore via des câbles électriques et depuis une machine, le télégraphe, dont il a déposé le brevet quatre ans plus tôt. L’appareil envoie un code électrique en morse différent pour chaque lettre qui sera reçu par un autre appareil à l’autre bout de la ligne.
Les mots sont imprimés et collés sur un papier les uns à la suite des autres. On peut ainsi transmettre environ 30 mots par minute. Le service est payé au mot, d’où la brièveté des textes. Comme il n’y a pas de code pour le point de ponctuation, il est bientôt remplacé par la célèbre expression “STOP”.
45% des télégrammes étaient dictés par téléphone
Voilà pour l’histoire. Le service avait été lancé en 1879 en France. Orange a continué à le proposer en vertu de son héritage d’opérateur historique. Mais il ne fonctionnait bien évidemment plus comme au XIXe siècle.
En 2017, seuls 38 500 télégrammes ont été envoyés, essentiellement par des entreprises. “En 2016, 45% des télégrammes étaient adressés via des serveurs, 45% dictés à un agent par téléphone au 3655 et, enfin, 10% par fax”, nous explique un porte-parole d’Orange.
Les messages étaient ensuite transmis par voie orale au destinataire. Mais comme autrefois, Orange continuait à les imprimer et à les envoyer par la poste dans les jours suivants. Coût du service : entre 7 et 19 euros le mot suivant la demande.
Une valeur légale
Si vous vous étonnez que des entreprises aient encore pu utiliser ce mode de transmission à l’heure d’Internet, cela s’explique par la valeur légale endossée par ce document – à condition de fournir des pièces justificatives – un peu comme une lettre avec accusé de réception. Ce qui explique que le secteur bancaire, immobilier, médical ou de location de voitures y ait encore eu recours ces dernières années. “Ce n’est pas un arrêt brutal. Les clients ont été avertis à plusieurs reprises en avance et les salariés qui travaillent dans ce service sont tous reclassés”, fait observer Orange.
Balayé par Internet, le télégramme aura tout de même vécu 139 ans dans notre pays. C’est plus que le Minitel qui a rendu l’âme en 2012.
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