L’année 2022 restera comme une grande année pour les montres connectées d’Apple. Ou, pour l’occasion, pourrait-on dire le monstre connecté d’Apple. Le géant de Cupertino a mis à jour la Watch SE, qu’il positionne plus que jamais en périphérique destiné à ceux qui n’ont jamais eu de Watch ou même d’appareil de la marque. C’est vraiment la montre pour le grand public, et plus particulièrement pour les enfants.
La Series 8 est l’héritière directe de la version sortie l’an dernier. Une évolution en douceur. Enfin vient le grand pas en avant, celui dont on entend parler depuis presque deux ans, la Watch Ultra, que la rumeur nommait Pro.
C’est elle que nous avons prise en main le plus longuement. Pourquoi ? Parce que c’est la plus… nouvelle. En effet, elle cumule les nouveautés et forces des autres Watch 2022 – puce bicoeur S8, fonction de suivi du cycle menstruel via la surveillance de la température, détection d’accident, etc. – et y ajoute des fonctions résolument nouvelles dans l’écosystème d’Apple.
Autrement dit, la Watch Ultra est capable d’envoyer un SMS via Siri, de passer un appel ou de vous mettre sous les yeux votre paresse du jour qui n’a pas fait tellement avancer vos anneaux, mais elle peut bien plus. La Watch Ultra est aussi une Watch, mais à contempler son design « renforcé », on comprend vite qu’elle a d’autres cartes en main.
Encombrante, mais pas si lourde
Son apparence en impose, sans pour autant, arriver sur ce point à la cheville de la Fenix 7, de Garmin, par exemple, qui nous donne toujours l’impression d’avoir un poignet de Lilliputien. Chaleur californienne oblige, nous portions des manches courtes, mais on émet un doute préliminaire sur la capacité à facilement gérer une chemise manche longue avec cette Watch Ultra. Elle mesure tout de même 1,44 cm d’épaisseur, à peine moins que la montre de Garmin. En revanche, ce qui surprend, c’est son poids. Avec ses 61,3 g, contre 51,5 g pour la Series 8 grand format en acier, ou 33 g pour la Watch SE 2022, on ne peut pas dire qu’elle soit légère. Pourtant, elle est bien moins lourde qu’on le craignait.
La première fois qu’on la passe au poignet, on est agréablement surpris. Sans doute parce qu’elle aurait pu être plus lourde si Apple n’avait choisi l’option titane pour le corps du boîtier. En l’espèce, le matériau de qualité aérospatiale apporte sa résistance élevée et sa légèreté. Et sans doute également son coût… Par ailleurs, si la Watch Ultra est clairement plus grosse et qu’elle est bien plus encombrante, elle ne paraissait pas aussi large que peuvent l’être certaines montres de sport. Elle ne donne pas cette impression de dévorer le poignet, de le recouvrir au point de le faire disparaître. Sur un avant-bras de taille moyenne, en tout cas.
C’est également le bon moment pour parler des trois types de bracelets introduits aux côtés de la Watch Ultra. Que ce soit le bracelet Alpine pour la montagne, le Trail pour la course ou Océan pour la plongée, on constate avec grand plaisir à quel point eux aussi ont été bien pensés. Ils assurent une grande stabilité à la montre, un confort évident au poignet et paraissent parfaitement adaptés aux différentes activités qui leur ont donné leur nom. Le modèle Trail propose ainsi une petite languette qui facilite le réajustement de la tension du bracelet autour de votre poignet quand vous courez. Le bracelet Océan lui est conçu pour bien se bloquer une fois serré et laisser passer l’eau.
Bref, en tissu ou en élastomère, ils offrent tout ce qu’on peut attendre de ce genre de bracelet. On notera d’ailleurs en passant que les bracelets des Series dont le boîtier mesure 44 ou 45 mm sont compatibles avec la Watch Ultra, et inversement. Vous pourrez par exemple porter votre Watch Ultra avec un bracelet à maille milanaise si vous le souhaitez quand vous allez au bureau…
Une Watch (pas) comme les autres
A l’œil et en main, il est surprenant de constater à quel point la Watch Ultra reste une… Watch. Sans même avoir à y penser, on retrouve ses marques la couronne digitale, plus grosse et cerclée d’indentations profondes afin d’être utilisable facilement avec des gants, et le bouton latéral. Les deux sont faciles d’accès malgré leur base renforcée, afin de les protéger des chocs éventuels.
L’écran de 49 mm, une première, qu’on accueille avec plaisir tant il offre plus d’espace pour des informations, est affleurant et totalement plat, et non légèrement bombé comme sur les autres montres.
Ceux qui font de l’escalade avec leur Watch – nous en sommes – se réjouiront de ce changement. Les rayures latérales devraient être de l’histoire ancienne. D’ailleurs, il est intéressant de noter que le pourtour légèrement réhaussé de l’écran le protège mais sert aussi d’antenne pour le GPS dual band. Il est toujours agréable de voir l’intelligence que les concepteurs de produits peuvent mettre dans leur ouvrage.
On soulignera également deux points forts de cet écran, dont l’intérêt est flagrant même après une si courte prise en main. Le premier est la luminosité de la Watch. Avec une dalle qui peut être poussée à 2 000 cd/m2, l’écran reste lisible même sous des projecteurs ou en plein soleil, et ce malgré les reflets. Le second est un détail qui donne toute la mesure d’une réflexion poussée et d’une attention aux détails. Quand vous faites rouler la couronne digitale vers le haut face à l’écran d’accueil, celui-ci change et tout l’affichage devient rouge. L’objectif est de moins éblouir l’utilisateur dans un environnement faiblement éclairé, si vous faites une sortie de nuit par exemple.
Bref. Plus grand et mieux protégé, l’écran n’en est pas moins toujours tactile et reste important dans l’utilisation de la Watch Ultra. Sa grande taille permet aussi d’afficher bien plus de données dans l’application Exercices. Six statistiques peuvent être ainsi présentes à l’écran simultanément. Par ailleurs, la dalle est suffisamment grande pour afficher une carte lisible, qui permettra de retrouver un sentier ou le chemin emprunté précédemment.
Une ergonomie enrichie
Par ailleurs, Apple semble avoir entendu les remarques des utilisateurs, dont nous sommes, qui réclament depuis des années un autre bouton pour les activités extérieures. Voici venu, sur le côté gauche de la montre, le fameux bouton Action. Il peut permettre de lancer l’application Exercices, d’activer un repère GPS pour marquer votre cheminement lors d’une sortie, ou encore de passer d’une épreuve à une autre au cours d’un triathlon… Oui, vous avez bien lu ! Magie de l’Ultra et de watchOS 9, il sera enfin facile d’enchaîner ces phases sur la Watch sans batailler avec l’écran tactile mouillé.
Le bouton Action a donc de multiples usages actuels et à venir, il faudra voir ce que les développeurs lui permettront de faire dans leurs applications. Pour le moment, il peut même être personnalisé, dans une certaine limite. Il est ainsi prévu, via les réglages de la Watch Ultra, de définir par vous-même ce que vous voulez qu’il fasse pour vous. Lors de sa première utilisation, la liste des options s’affiche. C’est pratique, même s’il faudra voir si ces premières possibilités de personnalisation seront enrichies à l’avenir.
Les nouveautés qu’on n’a pas pu utiliser
Bien entendu, notre première prise en main ne nous a pas permis de prendre toute la mesure des changements et promesses de la Watch Ultra. Il faudra la pousser, courir, nager, pédaler, recommencer, pour voir ce qu’elle a vraiment dans le ventre. Et, en toute modestie, aussi sportif soit-on, on ne prétendra pas être une star de l’ultra trail. On s’interroge également sur un point : pourra-t-elle nous accompagner lors de la phase d’échauffement et cardio de nos entraînements de judo – avant les randoris ? Après tout, sa taille pourrait s’avérer un peu gênante. Il faudra s’en assurer.
Nous avons aperçu lors d’une démonstration au cœur de l’Apple Park ce que pouvait apporter le nouveau GPS avec la fonction de suivi des parcours et la possibilité de revenir ensuite en arrière. Il nous a semblé que le positionnement était bien plus précis et qu’un écart de quelques mètres était visible sur l’écran de la Watch entre le parcours initial et nos pas lors de notre retour. Il faudra évidemment voir ce que cela donne au milieu de la nature, dans une ravine ou une forêt, ou au contraire dans un environnement urbain où le signal GPS rebondit sur les façades des bâtiments.
L’autre promesse à vérifier, et sans doute même la plus importante, est celle de l’autonomie, avec et sans le Low Power Mode. Jusqu’à présent, la Watch, qui tient le choc lors d’une journée normale, a toujours eu de la peine à survivre à nos journées les plus sportives. Cumulez une sortie de course à pied d’une vingtaine de kilomètres, un peu de vélo et éventuellement un peu de nage, et la Watch (Series 7 en l’espèce) demandera grâce en fin ou milieu d’après-midi.
Or, pour séduire les sportifs exigeants, les aventuriers du sport, pourrait-on dire, la Watch Ultra devra prouver qu’elle a la capacité de tenir longtemps, toute une journée d’effort, tout un ultratrail, par exemple…
La question des services ?
La Watch Ultra a du potentiel, puisqu’au-dessus de son berceau se dresse Apple et ses moyens et ambitions considérables. Mais, pour autant, arrivera-t-elle à s’imposer comme une réelle concurrente des montres haut de gamme de Garmin ? Car, au-delà de la montre, généralement excellente, c’est l’écosystème de Garmin qui séduit. Ce sont son intégration avec d’autres produits de la marque et surtout son service Connect (et son ouverture) qui contribuent à son succès et fidélisent les utilisateurs.
Sur ce point, paradoxalement, Apple n’a pas encore déployé de services connexes. Les données existent, la Watch les génère et les conserve précieusement pour vos yeux seulement, mais ceux qui aiment optimiser leur entraînement en analysant leurs données n’auront pas la même mise en perspective semble-t-il avec l’Ultra.
Peut-être Apple compte-t-il sur le fait qu’il y a « une application pour cela », que des acteurs du secteur tireront parti de sa nouvelle montre pour enrichir leur offre et proposer quelque chose. Toutefois, on ne peut s’empêcher de penser que ce serait une bonne addition à l’écosystème Fitness +. Le coaching ou en tout cas l’accompagnement à la préparation de course ou compétition serait tout à fait pertinent dans l’écosystème d’Apple.
Quitte, évidemment, à imaginer un abonnement qui va avec. Alors la Watch Ultra serait un autre moyen de pousser des services qui enrichiraient son utilisation.
La question est de savoir si les utilisateurs visés seront assez nombreux pour que ce soit rentable. Mais ce pourrait être le prix de la vraie réussite du monstre qu’est la nouvelle Watch Ultra d’Apple.
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