Apple Watch : comment Apple veut vous vendre sa montre connectée

La Watch « est le produit le plus personnel » qu’Apple a « créé à ce jour ». Tim Cook, Jonathan Ive et toutes les personnes habilitées à parler pour Apple le disent depuis qu’elle a été officiellement dévoilée par une chaleureuse matinée de septembre en Californie. Un postulat de départ qui implique des précautions.

Trois étapes, dont deux pour faire un premier choix

Pour s’assurer que « l’expérience d’achat » est personnalisée, Apple a donc décidé, pour la phase de lancement tout au moins – dont la durée n’est pas déterminée –, de faire en sorte que l’utilisateur soit accompagné, pas à pas.

Dans les Apple Store, le visiteur se voit proposer trois étapes. La première, contempler les différents modèles de Watch dans un des présentoirs conçus spécialement pour elle. Des tables vitrées dans lesquelles les trois gammes, Watch Sport, Watch et Watch Edition, sont présentées. Un moyen de repérer le bracelet qui plaît le plus ou qui convient – même s’il sera possible d’acheter plusieurs bracelets pour une même montre. On pourra ainsi posséder un bracelet en fluoroélastomère et un bracelet en cuir avec une Watch classique qu’on changera quand on fera du sport ou se rendra au travail.

Deuxième étape, sur d’autres tables, des Watch fixées sur de larges supports blancs – les Apple Watch Demo – permettent d’utiliser un peu la montre, de découvrir sa couronne digitale, de changer ses cadrans, de voir ce que donne Siri, etc. Un conseil, profitez-en, c’est le seul moment où vous pourrez réellement interagir avec la montre connectée d’Apple.

Au cours de ces deux premières étapes, un employé d’Apple peut intervenir et proposer son aide, mais il vous est possible d’évoluer seul. La troisième étape implique en revanche forcément automatiquement la présence d’une personne en t-shirt bleu avec une pomme. Car il vous faudra avoir pris rendez-vous sur le site d’Apple… Les places sont évidemment limitées. A priori une quinzaine par tranche : matin, après-midi et soir.

Une prise en main aux petits soins

Dès lors, un salarié de l’Apple Store, accueillant et presque obséquieux, vous proposera d’essayer les modèles de Watch qui ont retenu votre attention. Si les salariés d’Apple interrogés ne nous ont pas indiqué une durée maximale pour ce genre de rendez-vous, nous avons observé, en ce premier jour de précommandes, qu’ils duraient une quinzaine de minutes. Un quart d’heure durant lequel on vous proposera d’essayer deux Watch. Trois si vous avez été rapide dans vos essayages ou vous êtes montré vraiment insatisfait.

Armé d’un petit chiffon frappé du logo d’Apple, pour effacer les traces d’empreintes sur le cadran et à l’arrière de la Watch, le vendeur vous conseillera sur la taille de l’écran et du bracelet à retenir en fonction de la largeur de votre poignet et de votre goût. Les montres que vous essayerez alors sont sorties à votre demande d’un tiroir sécurisé où elles sont maintenues en charge grâce à un support qui intègre le chargeur par induction. Si ce sont de vraies Watch, elles ne vous permettent en revanche pas d’interagir avec l’interface.

Ce qui n’est pas sans déstabiliser certains acheteurs potentiels. Ainsi, cet homme d’une soixantaine d’années, visiblement fébrile à l’idée d’acquérir la première Watch, qui demandait inquiet au vendeur qui s’occupait de son rendez-vous : « Mais comment je vais faire pour apprendre à m’en servir ? » La réponse vient, naturellement, avec un sourire : « Ne vous inquiétez pas, si vous l’achetez, nous vous aiderons à la configurer et vous apprendrons à l’utiliser ». « Même s’il y a une mise à jour ? », continue alors l’homme d’une voix guère rassurée. Car oui, en portant la montre connectée auprès du grand public, Apple expose aux yeux de tous une réalité que seuls les geeks ont jusque-là effleurée. Les smartwatches ne s’enfilent pas au poignet sans réfléchir. A donner plus que l’heure, elles complexifient forcément leur utilisation…

Quoi qu’il en soit, pour apaiser ses craintes, les gestes des vendeurs sont précis, les sourires appuyés et on vous demande à l’envi la permission de vous passer et d’ôter le bracelet. On sent que l’expérience utilisateur – le trait est un peu forcé – a été travaillée pour approcher un standing élevé, proche de celui des magasins spécialisés dans les montres de luxe ou semi-luxe ? L’impression n’est pas désagréable, bien qu’un peu déstabilisante – suis-je un être différent quand j’achète un MacBook ou une Watch ? 

Une chose est certaine: vous êtes un être différent si vous décidez d’acheter une Watch Edition, dont le prix débute à 11 000 euros. Tout d’abord, seuls les Apple Store qui répondent à un certain standing proposent des rendez-vous pour ce type de montre. Ensuite, il semblerait qu’il y ait deux fois moins de rendez-vous proposés pour la Watch Edition, ce qui pourrait laisser entendre que le rendez-vous est deux fois plus long…

Quand on demande des précisions sur ce qui est proposé pour les acheteurs de Watch Edition aux employés d’Apple, la réponse est systématiquement la même. Un sourire d’abord, puis une petite phrase pour confirmer qu’il y a bien quelque chose. A nouveau un sourire et un retrait stratégique ou l’introduction d’un autre sujet de conversation. Dès lors, tout est envisageable : Champagne ? Danseuse de revue pour ces messieurs ? Ephèbes aux corps musculeux pour ses dames ? Ou alors peut-être juste un essai un peu plus long loin du bruit ambiant du magasin, dans une atmosphère plus feutrée, plus conforme à ce que proposent les grandes maisons de bijoutiers…

Uniquement en ligne…

Mais tous les parcours se terminent de la même manière. Que vous achetiez une Watch Sport, classique ou Edition, la visite, si elle vous a convaincu, se termine par la possibilité de précommander la montre sur le site d’Apple, soit directement dans le feu de l’action auprès d’un autre salarié de l’Apple Store, soit, au calme, chez vous…

Les plus pressés ou convaincus ont d’ailleurs pu passer directement à cette étape et ne s’en sont d’ailleurs pas privés au vu des délais de livraison d’ores et déjà affichés sur le site d’Apple. Après avoir suivi ce parcours avec attention, on n’a toutefois l’impression de n’avoir qu’effleuré la partie essentielle de la Watch : son interface, son logiciel, ses fonctions. Si on peut se faire un avis définitif sur son aspect physique et sur le modèle qui nous ira le mieux au poignet, de nombreuses questions demeurent. Parmi celles-ci, une surnage : la Watch réussit-elle là où les autres montres connectées ont jusque-là plutôt échoué, à savoir devenir indispensable… car vraiment utile ?

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