Il y a des objectifs qui font date. En 2020, Apple, ses bureaux, magasins et data centers sont totalement alimentés en électricité produite par des fermes solaires ou éoliennes, bref, par des sources durables et renouvelables. Une tâche d’autant plus colossale que les besoins en énergie d’Apple ont été multipliés par quatre depuis 2011. Comme pour montrer le sérieux de son engagement, la firme de Cupertino précise que dans le même temps, la réduction de l’émission de carbone aurait été réduite de 71% pour la même période…
Une nouvelle ambition
Cette réalisation est l’occasion pour Apple de fixer une nouvelle échéance, 2030, et une nouvelle cible, plus ambitieuse encore : faire que toute son activité, de la production à la distribution de ses produits, en passant par l’entièreté du cycle de vie de ses produits, affiche un bilan carbone neutre.
Comment est-ce possible quand on designe et fabrique des appareils électroniques, qui requièrent des terres rares ou l’utilisation de produits chimiques pas vraiment écologiques ? Comment l’envisager quand ces produits sont pensés dans un pays, assemblés dans un autre, avant d’être dispersés à travers le monde ?
Pour commencer, la firme de Cupertino indique vouloir réduire ses émissions de 75% d’ici 2030, tout en développant des projets innovants visant à compenser les 25% d’empreinte carbone qui ne pourront pas être supprimés.
Afin d’aider à la mise en place de ce projet, Apple dit avoir établi un Impact Accélérateur – un accélérateur d’effet ? -, qui « se concentrera sur l’investissement dans des petites structures qui ont un effet positif sur sa chaîne d’approvisionnement ou sur des populations exposées de manière disproportionnées aux dangers environnementaux ».
Réduire l’empreinte carbone de la conception au recyclage
Mais la société de Tim Cook dresse également une feuille de route qui vise à créer des designs de produit à faible empreinte carbone. Comment ? En utilisant davantage de matériaux recyclés, par exemple, notamment grâce à un nouveau robot.
Successeur de Liam et Daisy, Dave est capable de démonter les Taptic Engine présents dans les iPhone pour y récupérer terres rares, et tungstène, par exemple.
Pour voir Dave en action et en vidéo, cliquez ici.
Par ailleurs, pour prolonger cet effort et multiplier les pistes, le laboratoire de récupération des matériaux d’Apple, situé à Austin, dans le Texas, s’est allié aux chercheurs de la prestigieuse université Carnegie Mellon.
Mais, Apple entend aussi travailler à des produits conçus pour avoir moins d’effets néfastes. Dans ce cadre, les processus de fabrication, tout comme les matériaux utilisés, sont également revus.
Ainsi, le géant américain rappelle qu’il a aidé au développement d’une nouvelle méthode de production de l’aluminium qui ne dégage pas de gaz à effet de serre mais de l’oxygène. Une aventure qui aboutit à un résultat, annoncé aujourd’hui : après avoir produit des Mac (Mac mini et MacBook Air) en aluminium recyclé, ce sont désormais les MacBook Pro 16 pouces qui vont passer du côté vert de l’aluminium grâce à des productions qui utilisent ce nouveau processus.
Verdir la chaîne de production
Ces efforts ne couvrent toutefois qu’une infime partie du spectre tentaculaire des activités d’Apple. En tant que fabricant de produits sans usine, le géant de Cupertino assoie sa chaîne d’approvisionnement sur une multitude de fournisseurs et de partenaires.
Arriver à un bilan carbone neutre pour ses produits implique dès lors obligatoirement d’associer ces acteurs qui travaillent pour lui. Pour atteindre son objectif, la société américaine encourage donc ses fournisseurs à rejoindre un de ses programmes de réduction d’émission carbone. Elle investit également dans des programmes sino-américains pour faire en sorte que ses partenaires se fournissent également en énergie verte. C’est a priori le cas pour 70 d’entre eux, à 100%.
Les sommes mises sur la table, 100 millions de dollars en l’espèce, paraissent à la fois importantes et dérisoires au regard du travail à réaliser. En tout cas, l’investissement a le mérite d’exister. Et sans doute est-ce le début d’un chantier colossal dont il est difficile d’apercevoir l’ampleur exacte.
Imaginez la complexité de la chaîne d’approvisionnement d’une société dont un seul produit, l’iPhone, peut s’écouler à plus de 80 millions d’unités en un trimestre.
En plus de tous ces investissements, programmes et incitations à passer au vert, Apple établit aussi des projets pour compenser l’empreinte carbone qu’il ne pourra pas réduire. Ainsi, Apple investit massivement dans des forêts protégées, des campagnes visant à protéger des écosystèmes. Autant de points, qui éloignent peut-être Apple de son activité première, mais permettent de garantir une biodiversité et d’assurer un monde écologiquement plus sain. Est-ce suffisant ? Est-ce pertinent ? La réponse à la première question est sans doute non, et la seconde, peut-être. Mais, l’essentiel n’est pas là.
Vaguelette et raz-de-marée
Les plus cyniques verront dans la communication de ces efforts et de ces objectifs un green washing de plus. De fait, la dimension communicationnelle est évidemment essentielle. Le calcul de l’empreinte carbone est également très complexe et permet parfois quelques tours de passe-passe. Mais dans un monde où certaines superpuissances se désengagent d’accords climatiques internationaux et essentiels, voir des acteurs aussi importants qu’Apple placer la barre haut est déjà une victoire.
Malgré les doutes, les questions qui restent en suspens, les limites de cet exercice qui s’inscrit toujours dans un contexte de course à la croissance, malgré tout cela, ce pas volontaire d’Apple pourrait bien avoir des effets secondaires considérables dans le monde, et pas seulement celui de la tech. Avec une modestie qu’on veut croire sincère, Tim Cook déclare qu’Apple espère « être une vaguelette, dans une mare, qui crée un changement bien plus important ». Reste une dernière question, à partir de quand la vaguelette produite par un géant est-elle un raz-de-marée ?
Source : Apple
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