Apple fêtera, demain samedi 1er avril 2006, ses trente ans. Après avoir connu des difficultés et essuyé des échecs, la célèbre firme à la pomme ne s’est jamais aussi bien portée qu’aujourd’hui… Avec un milliard de chansons téléchargées dans le monde depuis le lancement d’iTunes, 14 030 000 baladeurs numériques et 1 254 000 ordinateurs vendus au premier trimestre 2006, ‘ le meilleur trimestre de l’histoire d’Apple ‘ selon Steve Jobs, et une croissance du chiffre d’affaires de 65 % en 2005, les dirigeants de la firme de Cuppertino ont de quoi avoir le sourire aux lèvres.
Pourtant, le constructeur revient de loin. Dans les années 90, ce précurseur du marché de l’ordinateur individuel a fortement souffert face à la toute-puissance du couple Wintel, soit les PC associant un processeur Intel et un système d’exploitation Windows.
Malgré des innovations, souvent lancées trop tôt et donc aboutissant à des échecs ?” citons le Newton, un PDA lancé en 1993, un décodeur numérique, le Set Top Box en 1996, ou encore le réseau mondial d’information eWorld lancé avec AOL en 1992 ?”, la société a vu sa part de marché dans l’informatique s’effondrer. Elle est passée de 10 % au début des années 90 à un petit 2 % au dernier trimestre 2005.
59 % du chiffre d’affaires dans la musique
Apple a donc dû se réinventer et partir à l’assaut de nouveaux marchés. Ce que l’entreprise a très bien su faire avec la musique, qui est devenue une source de revenus majeure. Lors de son premier trimestre 2006, Apple a ainsi réalisé 59 % de son chiffre d’affaires dans la musique. L’association de l’iPod et d’iTunes Music Store sert désormais de moteur à la survie d’Apple et lui a permis d’être le n?”ud numérique dont rêvait Steve Jobs à son retour en 1997. D’un simple baladeur numérique lancé en 2001, la société a généré un véritable écosystème en vendant aussi bien du matériel (iPod, enceintes iPod hi-fi) que des biens immatériels (musiques, clips vidéo, films et séries aux Etats?”Unis).
Apple n’a pas pour autant renoncé à son métier historique et a appliqué à ses ordinateurs la même recette que celle de l’iPod. Après la suite logicielle iLife (iPhoto, iTunes, GarageBand, iMovie, iDVD et iWeb) pour créer simplement du contenu numérique, Apple a lancé Front Row, un media center associé à une télécommande pour transformer ses ordinateurs en PC de salon.
‘ Il n’y a que peu de marques capables de s’imposer à la fois sur le marché des PC et dans l’électronique grand public. Apple est l’une d’entre elles, estime Rangit Etwel, analyste du Gartner Group. En fournissant des produits très différents les uns des autres, la société a réussi à refaire des bénéfices. Ce qui, hormis pour Dell, est rare parmi les constructeurs informatiques. Comme le marché des PC mûrit, il se fragmente de plus en plus. Apple s’insère bien dedans en répondant aux besoins de certaines niches qui n’hésitent pas à payer le prix de l’innovation. ‘
Mais, même pour ces niches, le prix élevé des machines Apple peut être un problème. Steve Jobs le sait bien et, après le semi-échec de la campagne Switch en 2002 (incitant les utilisateurs à passer au Mac), il annonçait en 2005 que les Mac tourneraient désormais sur des processeurs Intel. Générant alors une angoisse chez les aficionados du Mac, mais aussi beaucoup de spéculations sur la possibilité de voir des PC utilisant MacOS, ou des Mac capables de démarrer alternativement sous MacOS et sous Windows. Si rien de cela ne s’est encore produit, les premiers ‘ Macintel ‘ suscitent l’intérêt des consommateurs, quitte à provoquer des ruptures de stock en magasin.
Cela ne suffira pas pour reconquérir le marché des PC, selon Rangit Etwel. ‘ Ce choix permet à Apple de baisser ses prix et de conquérir une partie des utilisateurs Intel. Mais la pression économique reste importante sur ce secteur, la société devra choisir soigneusement à quelle partie de ces utilisateurs elle souhaite s’adresser. ‘
Interview :’ Apple va devenir un groupe média ‘
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