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Apple : tout ce qu’on sait du M1, son premier processeur ARM en 10 chiffres

Annoncée hier en introduction d’une conférence préenregistrée qui a vu trois Mac initier la transition vers les puces Apple Silicon, le SoC M1 est mystérieux mais déjà paré de nombreuses vertus, matérialisées par une nuée de chiffres. Voici les plus significatifs.

Hier, Apple a ouvert les portes. La grande marche de ses Mac vers les puces Apple Silicon est officiellement initiée et trois gammes d’ordinateurs sont déjà concernées : les MacBook Air, et les MacBook Pro 13 pouces et Mac mini d’entrée de gamme.

Encore très mystérieuse – quelqu’un a trouvé la trace d’une fréquence de fonctionnement ? -, la première puce ARM pour Mac a donc désormais un nom : M1. Apple s’est régalé hier à comparer ses performances apparemment astronomiques à différentes puces Intel, parfois clairement identifiées, parfois moins.

Avant de passer en revue quelques-uns des chiffres qui ont formé une avalanche impressionnante de données, il nous semble toutefois important de souligner un point. Non seulement le M1 est le premier pas, le premier SoC Apple pour Mac, mais aussi et surtout, il s’agit d’une puce d’entrée de gamme.

En effet, Apple n’a remplacé que certains des Core i3, i5 ou éventuellement i7 quadricoeur (de 8e ou 10e génération) par sa propre puce. Ainsi, le Mac mini hexacoeurs reste à l’affiche, tout comme les puces de dixième génération plus performantes des MacBook Pro 13 pouces.

D’une certaine manière, et certains détails le prouvent (la quantité de RAM maximale supportée, par exemple), cette puce qui semble si prometteuse et si apte à balayer ses concurrentes n’est que le plus petit effort d’Apple en la matière. Voilà qui n’incitera pas au calme les plus impatients…

Jetons maintenant un œil à quelques-uns des chiffres jetés hier en pâture.

14, comme dans A14

Si le M1 est le premier SoC pour Mac, il n’est pas un OVNI. Il partage la même base technique que l’A14, la puce qui anime les quatre derniers iPhone et le nouvel iPad Air. C’est un des points forts des architectures ARM, c’est qu’elles sont « scalables », elles peuvent s’adapter à différentes plates-formes. Apple semble être passé maître dans cet art, quand il décline la base de son architecture pour l’A14, le S6 (de la Watch Series 6) et le M1.

5, comme dans 5 nanomètres

Le M1 est la première puce pour Mac à être gravée en 5 nanomètres. Les puces Intel le sont en 14 nm, en général pour celles de dixième génération. Cela lui permet de bénéficier de l’apport de la réduction des composants, et doit certainement peser dans les gains en performances et consommation électrique annoncés.

16, comme 16 milliards de transistors

Si ce n’est évidemment pas un record pour un processeur, ça l’est pour une puce Apple. Le M1 intègre 16 milliards de transistors, là où l’A14 (toujours lui) en embarque 11,8, en progression par rapport aux 8,5 de l’A13.

Une fois encore, la gravure en 5 nm aide grandement à glisser autant d’éléments dans un seul SoC.

Apple – Les premiers Mac équipés d’une puce Apple Silicon. Les MacBook Air, MacBook Pro et Mac mini.

8, comme 8 cœurs

Sur le principe des puces qu’on a vu animer au fil du temps les iPhone et les iPad, le M1 embarque un bon nombre de cœurs. Il en embarque huit pour la partie CPU. Comme pour les autres modèles des puces Apple, le M1 décline une variation du big.LITTLE d’ARM. On trouve ainsi quatre cœurs haute performance, qui interviendront quand de la puissance est requise – ils sont les représentants du big. Tandis qu’on trouve également quatre cœurs basse consommation – les « LITTLE », pour les tâches moins gourmandes en ressources, comme le surf sur le Web, par exemple, ou la bureautique de base.

Pour ne prendre que le cas du MacBook Air, le M1 y est donné pour être 3,5 fois plus rapide que le processeur de la génération précédente, tandis que la partie graphique, elle, est jusqu’à cinq fois plus performante.

16, encore, comme dans 16 cœurs

Dans le M1, on trouve un Neural Engine comportant 16 cœurs, comme sur l’A14. Il est capable de réaliser 11 000 milliards d’opérations par seconde. Pour perspective, celui de l’A11 pouvait en réaliser 600 milliards.

Depuis 2017 et l’A11, les puces « Bionic » embarquent un Neural Engine, une partition matérielle conçue pour exécuter et accélérer les calculs liés à l’apprentissage machine. Au fil du temps, elles sont devenus de plus en plus puissantes, à la fois pour réaliser des tâches plus ardues et aussi pour décharger d’autant le GPU.

L’apparition d’une telle puce dans les Mac pourrait clairement changer la donne dans de nombreux domaines. Dans les logiciels photographiques ou de montage vidéo, la reconnaissance faciale ou de scène pourrait faciliter la tâche des monteurs, étalonneurs, etc. Dans le domaine de l’apprentissage automatique, Apple vante d’ores et déjà une vitesse 15 fois plus rapide par rapport à ce qui était possible sur les Mac Intel remplacés. Cela signifie que les logiciels que nous connaissons pourraient très prochainement s’enrichir de fonctions liées au Machine Learning. Quand nous avions interrogé l’équipe de développeurs de Pixelmator sur le développement de sa fonction ML Super Resolution pour iPad, il nous avait été répondu que ce projet avait été lancé parce que l’A14 le permettait. Il y a donc fort à parier que d’autres suivront cette voie, maintenant que le M1 et son Neural engine s’installe dans nos Mac.

4, comme dans USB 4

Apple a travaillé dès l’origine avec Intel pour pousser en avant le standard Thunderbolt. Avec le M1, les prises Thunderbolt prennent également en charge la norme USB 4, nouvelle interface pour des débits de 40 Gbits/s.

2, comme 2 fois plus rapide

Apple a indiqué que la puce M1 s’accompagnait d’une armada de coprocesseurs aux fonctions diverses et variées. On trouve parmi eux un nouveau contrôleur de stockage qui permet une gestion deux fois plus rapides des données sur le SSD.

2, encore, comme dans Apple T2

La puce développée par Apple qu’on trouve dans les Mac Intel et qui est chargée de sécuriser le boot, de gérer le chiffrement du disque ou Touch ID souffre d’une faille impossible à corriger.

L’arrivée de M1, qui intègre une Secure Enclave, résout le problème, la puce T2 devient caduque et la faille checkm8, une crainte du passé.

15, comme 15h d’autonomie

Apple se veut prudent, comme par peur de décevoir. Néanmoins, le géant de Cupertino annonce 15h d’autonomie en surf Web pour son nouveau MacBook Air et 17h pour son MacBook Pro. Cela reste évidemment à vérifier mais le progrès semble colossal.

Apple clame que son M1 est le processeur ayant le meilleur rapport performance/Watt, il semble que l’autonomie soit là pour le prouver (et l’absence de ventilateur dans le MacBook Air également).

6, comme dans Wi-Fi 6

Alors que les processeurs Intel sont tout à fait capables d’embarquer et gérer des modules Wi-Fi 6 depuis quelque temps déjà (au moins depuis les Core de dixième génération, pour faire simple), il aura fallu attendre qu’Apple passe à ses propres puces pour que ses Mac adoptent enfin le réseau sans-fil le plus moderne… Et, encore, on ne se donnera pas la peine de remarquer qu’Apple n’a pas profité d’avoir la haute main sur ses SoC pour doter ses MacBook Air et Pro de la 4G et 5G. Sans doute faudra-t-il attendre les modems maison ou que toutes les gammes soient converties à Apple Silicon.

Mais, patience, la transition des processeurs Intel vers les SoC ARM ne fait que commencer, le futur est certainement riche encore de nouveautés, de performances bluffantes et aussi de déceptions – soyons honnêtes. Il faudra à Apple du temps pour prendre son rythme de croisière, affiner sa vision, redéfinir éventuellement ses gammes, et pas seulement les Mac, car les frontières avec les iPad semblent condamnées à s’estomper davantage encore désormais. Tant de questions, tant de possibles… Et une seule certitude, ce changement capital pour Apple est sans l’ombre d’un doute un des moments les plus excitants de la tech depuis bien longtemps !

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Pierre FONTAINE