Il doit être bien difficile de faire partie de l’équipe Siri au sein de Cupertino. Les mauvaises nouvelles se sont en effet accumulées ces dernières semaines. Les fonctions qui devaient donner à l’assistant de plus grandes capacités d’action (« Siri personnalisé ») ont été reportées à plusieurs reprises, et maintenant le constructeur ne s’engage plus sur une date si ce n’est « dans l’année à venir ». C’est ballot, sachant qu’une bonne partie du marketing autour des iPhone 16 reposait sur cette nouveauté…
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À cela s’ajoute l’incompétence devenue hélas habituelle de Siri, qui ne va pas aller en s’arrangeant. Une position impossible à tenir à l’heure des chatbots IA de plus en plus intelligents et conversationnels. Durant une réunion relatée par Bloomberg, Robby Walker, directeur de Siri chez Apple, a qualifié le retard des nouvelles fonctions d’« horribles et embarrassants ».
Et le pire, « c’est qu’on a montré ces fonctionnalités au public avant même qu’elles soient prêtes. D’habitude, on attend d’avoir un produit finalisé avant de le présenter, mais cette fois, on a voulu aller trop vite ». L’admission devant ses troupes fait très mal, car en agissant ainsi, Apple a vendu du vent.
Walker a également reconnu que ses équipes pouvaient se sentir « en colère, déçues et épuisées » : « Je comprends que certains d’entre vous aient honte ou se sentent mal à l’aise quand des amis ou des collègues leur demandent ce qui s’est passé. C’est normal. On aurait tous aimé que ça se passe autrement ». Il salue leur travail acharné en les encourageant à se sentir « fiers » de ce qu’ils avaient déjà accompli. Il a filé une métaphore étrange en comparant leur situation à une tentative de nager jusqu’à Hawaï :
« On a parcouru des centaines de kilomètres à la nage, un record du monde en soi, mais on n’a pas atteint Hawaï. Et au lieu de nous féliciter pour ce parcours incroyable, on nous reproche de ne pas être arrivés à destination. »
Le directeur a-t-il réellement testé Siri ces derniers mois ? Ça n’est vraiment pas bon, y compris après les quelques aménagements en lien avec Apple Intelligence, comme la connaissance des produits Apple qui fonctionne cahin-caha.
Il assure toutefois que « Siri personnalisé » donne de bons résultats « environ deux fois sur trois », ce qui n’est pas suffisant comme il le reconnait. « On doit encore améliorer ces chiffres pour que les utilisateurs puissent vraiment compter sur Siri ».
Le dirigeant a aussi dit la pression qui pèse sur épaules en interne : « Il y a une forte responsabilité personnelle dans ce projet, que ce soit de la part de mon équipe, de mon boss John Giannandrea [le responsable IA d’Apple] ou encore de Craig Federighi [chef du logiciel]. On sait qu’on a beaucoup de travail à faire ».
Pour le moment, il n’est pas question de faire voler des têtes ; cependant, des ajustements sont toujours possibles dans le groupe chargé de l’IA et du logiciel. Kim Vorrath, dirigeante expérimentée et « pompière » d’Apple, a été appelée en renfort mais ça ne suffira probablement pas.
Le hic, c’est que Robby Walker n’est même pas certain de pouvoir tenir le délai annoncé par Apple. C’est qu’il y a d’autres projets en cours, des engagements qui ont été pris avec d’autres équipes. « On veut tenir nos engagements sur d’autres fronts tout en avançant sur Siri. Chaque décision sera prise au cas par cas », indique-t-il. L’objectif du constructeur est toujours de proposer un assistant virtuel de pointe, « le meilleur », mais le directeur de Siri ne peut pas donner de garantie sur les délais.
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Source : Bloomberg