Alors que les ventes illégales d’iPhones déverrouillés sont florissantes en Chine et en Russie, Apple ne semble pas particulièrement pressé de conclure des accords avec des opérateurs afin de commercialiser son combiné vedette sur ces
deux immenses marchés par des circuits légaux.Le nouvel iPhone 3G a été lancé dans de nombreux pays d’Europe, aux Etats-Unis et en Asie, attirant des foules d’acheteurs. Il doit encore être lancé dans 49 autres pays, mais la Chine et la Russie, qui réunissent près de la moitié
des utilisateurs de téléphone portable du monde, ne figurent pas sur cette liste.Les opérateurs de ces deux pays rechignent en effet à reverser à Apple une part du chiffre d’affaires qu’ils tireraient des ventes de l’iPhone. La firme à la pomme a réussi à imposer ce type d’accord pour les partenariats établis dans
d’autres pays, en échange de contrats d’exclusivité nationaux,
comme avec Orange en France.Mais cette stratégie a été à l’origine de l’échec des discussions entre Apple et China Mobile. Si le premier opérateur chinois a indiqué que la société américaine avait réduit ses prétentions sur le partage des revenus tirés des
abonnements à l’iPhone, aucune date n’a encore été fixée pour un lancement. De leur côté, les trois principaux opérateurs russes ?” Mobile TeleSystems (MTS), Vimpelcom et MegaFon ?” n’ont fait part d’aucune avancée significative
avec le groupe californien.
Bonne ou mauvaise affaire ?
Pourtant, dans la mesure où les iPhone vendus illégalement en Chine et en Russie sont généralement achetés aux Etats-Unis, ce qui contribue à la progression des ventes d’Apple sur ce marché clé, certains analystes considèrent que
l’entreprise n’est pas totalement perdante.‘ A tort ou à raison, Apple doit présenter de bonnes ventes en volume. La Russie représente un marché très fructueux de ce point de vue, et ce d’autant plus que les iPhone qui y arrivent depuis le marché américain
ne sont pas sous garantie, ce qui permet à la société d’économiser environ 70 dollars par combiné ‘, explique Eldar Murtazin, analyste du Mobile Research Group à Moscou.Mais cet avis n’est pas partagé par tous. ‘ Si la circulation de combinés déverrouillés contribue sans aucun doute au marketing d’Apple, dans la mesure où elle entretient l’emballement autour de l’iPhone, elle lui
fait aussi perdre beaucoup d’argent ‘, estime pour sa part Shaun Rein, qui dirige le China Market Research Group.La Chine et la Russie sont probablement les deux pays où les ventes d’iPhone sur le marché noir sont les plus importantes, précise Andy Hargreaves, analyste à Pacific Crest Securities, qui souligne que le piratage de musique et
d’autres types de contenus constitue également un enjeu important pour le groupe américain.
Marché noir
Près d’un million d’iPhone piratés pourraient être en circulation en Chine, a déclaré ce mois-ci à l’agence Interfax l’analyste Kevin Li, d’In-Stat China, alors que, selon certaines estimations, 40 % des iPhone débloqués se
trouveraient sur le marché chinois. En Russie, les ventes d’iPhone piratés s’élèveraient à environ 20 000 unités chaque mois, d’après Eldar Murtazin.Le nombre total d’exemplaires importés dans des valises ou envoyés par courrier dans ce pays devrait passer de 400 000 unités à la fin du mois de juin à 600 000 ou 700 000 à la fin de l’année, ce qui représente une
quantité significative au regard des ventes mondiales de l’iPhone.Alors que le directeur général d’Apple, Steve Jobs, a annoncé que l’iPhone sortirait en Russie d’ici à la fin de l’année, Eldar Murtazin ne s’attend pas à ce que son lancement s’effectue avant février ou mars 2009, d’autant
plus que le groupe américain n’a toujours pas déposé de dossier pour la certification de son combiné 3G en Russie. Concernant la Chine, Andy Hargreaves pronostique qu’un accord sera conclu dans les six prochains mois.
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