Pendant près d’une heure et demie, le patron d’Apple a savamment joué avec les nerfs du bon millier de personnes venues assister, lundi 7 janvier, à la conférence inaugurale du salon Macworld de San Francisco. À chaque nouveau silence de Steve Jobs, la tension monte d’un cran. “Il y a une dernière chose dont je souhaite vous parler, finit-il par lancer. Il est temps de dire au revoir à l’iMac.” Simultanément, deus ex machina, l’iMac nouvelle mouture émerge du plancher. Un écran plat supporté par un bras articulé en métal chromé, et qui surmonte une unité centrale en forme d’hémisphère blanc. Le silence total, qui s’est fait dans la salle, en dit long sur la surprise générale. “Je vous annonce aujourd’hui la mort des écrans cathodiques”, triomphe Steve Jobs tout en jouant avec le bras articulé du nouvel iMac.L’iMac de seconde génération surprend par son design. Comme avant lui le Macintosh et l’ancien modèle d’iMac, l’iMac bis change radicalement l’image que l’on se fait d’un ordinateur. Dans une interview exclusive au magazine Times, Steve Jobs raconte s’être inspiré de la nature.“Chaque élément doit conserver son identité”, explique-t-il à Jonathan Ive, le designer maison déjà auteur de l’iMac et du Cube. Au lieu de concentrer le PC sur la face arrière d’un écran plat comme le suggérait le projet initial, Steve Jobs évoque l’idée d’un ordinateur ressemblant à un tournesol. La fleur au fusil, le nouvel iMac à écran plat est cependant loin d’être un essai stylistique. À l’intérieur du bulbe blanc qui tient lieu d’unité centrale, est logé le nec plus ultra de la technologie Apple (voir infographie). De fait, le nouvel iMac n’a plus grand-chose à envier à son grand frère, le Power Mac, si ce n’est la possibilité d’évolution, format oblige. Une richesse de configuration qui contraste d’autant plus avec le prix. Le modèle d’entrée de gamme ne coûtera que 1 599 euros, soit 400 euros de plus que le prix actuel d’un iMac G3 (encore disponible en deux versions pour quelques mois), et bien moins cher qu’un Power Mac de configuration équivalente.
De l’outil au signe de statut social
Reste au nouveau modèle à trouver son public. Apple n’a en effet rien épargné pour doter son nouveau modèle d’une image avant-gardiste, et donner ainsi à ses possesseurs l’impression d’être les pionniers d’une nouvelle ère ?”“un nouvel âge d’or de l’informatique, où l’ordinateur personnel devient le point de ralliement de tous les périphériques numériques”, prophétise Steve Jobs.Cette approche quelque peu élitiste se trouve renforcée par la conception même du nouvel iMac. Semblant sortir tout droit des années soixante-dix, l’iMac à écran plat mise incontestablement sur un effet de mode et vise un public plus ou moins captif : les métiers de la création et des arts graphiques. Pour Pascal Cagni, vice-président d’Apple Europe, “le nouveau modèle est la première traduction d’une conception beaucoup plus mature de l’informatique, qui ferait de l’ordinateur personnel non plus seulement un outil, mais un élément de statut social “. Un véritable casse-tête en perspective pour les distributeurs, qui devront adapter leurs méthodes de vente à cette nouvelle informatique.Officiellement, l’iMac à écran plat peut séduire tout le monde, aussi bien les particuliers attirés par son design et ses applications que les entreprises convaincues par son rapport puissance/prix… Mais les gages donnés aux entreprises par Apple restent minces.Bien qu’il se soit réjoui de l’augmentation du nombre de projets d’applications d’entreprises pour Mac OS X et son noyau Unix, Steve Jobs n’a cependant pu donner aucun exemple, excepté les traditionnels Photoshop (dont l’arrivée pour Mac OS X est imminente) et Premier d’Adobe.
En attendant le PowerPC G5
Mais ce n’est pas en révélant que le laboratoire de biotechnologie Genentech ?” dont le PDG est membre du conseil d’administration d’Apple ?” s’apprêtait à déployer mille nouveaux iMac que le dirigeant peut convaincre de l’orientation professionnelle de sa gamme. Rien non plus sur le futur processeur PowerPC G5, qui permettrait aux Power Mac, transformés en serveurs, de mieux répondre aux besoins des applications d’entreprises, même si “tout le monde sait que le PowerPC G5 arrivera bien un jour”, augure Frédéric Morel, Platform Marketing Manager Apple France. Rien non plus sur l’adaptation à Mac OS X des grandes applications métiers (CAO, PGI, etc.). “Nous procédons par étapes. Le plus important pour nous était d’avoir l’application que tout le monde utilise : c’est fait avec Office v.X, rappelle Frédéric Morel. Aujourd’hui nous sommes bien présents sur certains marchés, comme ceux de l’éducation, du graphisme ou de la presse et nous tentons de gagner celui de la vidéo” [avec Final Cut Pro, Ndlr].
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