La Commission européenne a dressé hier une impressionnante liste à la Prévert de fonctions qu’Apple doit implémenter dans iOS afin d’assurer une meilleure interopérabilité avec la concurrence, en vertu du DMA. Les exigences sont parfois très pointues : le constructeur doit ainsi permettre aux utilisateurs de passer d’un appareil à un autre (entre l’iPhone et un Mac, par exemple) avec des écouteurs compatibles, pas uniquement avec des AirPods.
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Bruxelles demande également que les produits des fabricants tiers doivent pouvoir afficher et réagir aux notifications provenant d’un iPhone et de permettre aux apps de continuer certaines tâches en arrière-plan (ce qui est déjà possible, étrangement). Apple devra aussi autoriser des connexions sans fil rapides pour le partage de fichiers ou la diffusion sur des lunettes VR, ce qui est un marché ultra-niche.
Les développeurs pourront créer des alternatives à AirPlay, le système de diffusion sans fil, tandis qu’Apple devra prendre en charge des alternatives à AirDrop. L’iPhone fera aussi en sorte de communiquer avec des objets connectés en NFC en mode lecture et écriture, par exemple avec des bagues connectées.
Ça n’est pas tout : la feuille de route comprend la simplification du jumelage Bluetooth d’un appareil avec un iPhone ; ces mêmes appareils devront avoir accès aux informations des réseaux Wi-Fi enregistrés sur le smartphone afin de s’y connecter automatiquement. Et ce n’est que la partie concrète de l’iceberg, dont on trouvera tous les détails à cette adresse.
La Commission européenne impose également à Apple un calendrier de mise en œuvre de toutes ces mesures : les notifications iOS et le jumelage de proximité apparaitront en bêta avant la fin de l’année pour un déploiement le 1er juin 2026. Le reste s’étalera entre iOS 19 (septembre 2026) et iOS 20 (septembre 2027).
Apple ne veut pas donner les clés d’iOS à la concurrence
Comme on peut l’imaginer, tout cela ne fait pas les affaires d’Apple. Le constructeur a déploré auprès de 01net les « lenteurs administratives » de cette décision, qui ralentit « [sa] capacité à innover pour les utilisateurs en Europe et nous obligeant à offrir gratuitement nos nouvelles fonctionnalités à des entreprises qui ne sont pas soumises aux mêmes règles ». La firme à la pomme estime que « c’est mauvais pour nos produits et pour nos utilisateurs européens ».
Le groupe, qui ne peut décemment pas se priver du marché européen, va continuer de travailler avec la Commission même s’il se dit persuadé que ces mesures d’interopérabilité ne permettront pas d’atteindre les objectifs de la Commission en matière de concurrence et d’innovation. Un des axes de défense d’Apple est de souligner à quel point son traitement est injuste : elle devra en effet livrer ses innovations à des entreprises dont le modèle est de copier les technologies d’Apple ou de mauvaises pratiques en termes de confidentialité et de sécurité.
En décembre dernier, Apple mettait en ligne un rapport sur la conformité au DMA qui mettait en avant les demandes d’interopérabilité émanant d’entreprises gourmandes de données. En donnant l’exemple de Meta qui a réclamé l’accès à AirPlay, CarPlay, Messages, les propriétés Wi-Fi, le Bluetooth…

Si Apple doit accepter ces demandes, Facebook, Instagram et WhatsApp donneraient à Meta la possibilité de lire tous les messages et emails d’un utilisateur d’iPhone, déplorait le constructeur à l’époque.
Au-delà, Apple laisse entendre que les utilisateurs européens pourraient ne pas profiter des nouveautés en même temps que le reste du monde. Dans l’esprit de l’entreprise, les régulateurs ont maintenant le pouvoir de microgérer la conception des futurs iPhone — on relèvera que ça n’a pas été un si gros problème pour l’USB-C, dont le monde entier bénéficie aujourd’hui sans que cela ait posé de problèmes insurmontables.
La décision européenne pourrait compliquer le lancement de nouveaux produits et technologies sur le vieux continent : ça a déjà été le cas pour Apple Intelligence, dont les fonctions seront finalement disponibles en Europe en avril. Il faut s’attendre à d’autres reports malgré le calendrier précis fourni par l’UE.
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