Deux ans après avoir racheté Primephonic, et avec un peu de retard sur la promesse originelle, Apple vient de mettre en ligne son application Apple Music Classique ou Classical, en anglais. Ce pendant d’Apple Music dédié totalement à la musique classique est disponible depuis les premières heures de ce 28 mars.
Le goût d’Apple Music, mais pour le classique…
Avant toute chose, il faut garder en tête que l’accès à l’application est inclus dans l’abonnement à Apple Music. Il ne coûte donc rien de plus– et il n’est pas possible de s’abonner pour un tarif réduit seulement à l’application classique.
Ensuite, il ne faut que quelques minutes d’utilisation de la nouvelle application pour comprendre pourquoi Apple s’est résolu à l’extirper de Music.
Bien entendu, il y a de fortes ressemblances entre les deux applis, notamment ses tuiles très visuelles avec des dessins ou photos des instruments, compositeurs, musiciens, etc. Et, bien entendu, on retrouve aussi les mêmes onglets à l’exception de celui dédié aux radios – un projet à venir ?
- Ecouter liste les nouveautés chaque semaine, qui sont sélectionnées et présentées par une rédaction de passionnés. Il est possible d’y trouver des listes de lecture par instruments, compositeurs, ou encore artistes.
- Explorer est subdivisé en trois sous-onglets : Catalogue, Playlists et Instruments. S’y découvrent des playlists par humeurs, par époques et genres, par compositeurs ou chefs d’orchestre, par solistes ou ensembles, instruments, etc. Cette dernière entrée est particulièrement bienvenue si vous vous sentez d’humeur à écouter un concerto pour guitares, ou cherchez à retrouver une pièce qui fait la part belle à la harpe ou à la viole, par exemple. Mais vous pourrez aussi y débusquer des interprètes selon qu’ils rentrent dans les catégories vocales : Soprano, Mezzo-soprano, Baryton basse, Ténor ou bien encore Contre-ténor.
- Bibliothèque, comme son nom l’indique, contiendra tous les morceaux et autres playlists que vous aurez ajoutés au fil de vos écoutes.
- Enfin, Rechercher dit bien ce qu’il signifie, mais là encore, il y a quelques détails à connaître. Par exemple, que ce champ offre la possibilité de chercher un compositeur avec différentes orthographes, celles de son nom pouvant parfois varier entre le français et sa langue natale. Mais il est aussi possible de mener une recherche en utilisant la notation d’une pièce, son surnom, ou tout simplement en saisissant un terme générique, comme « requiem », pour découvrir toutes les créations de ce genre.
50 millions et ce n’est pas fini…
Des ressemblances de façade avec Apple Music, donc, mais des différences colossales en coulisses, qui justifie l’existence de deux applications distinctes. Car, il y a deux enjeux à retenir, l’un pédagogique et l’autre technique. Pour le premier, Apple Classical est tourné aussi bien vers les débutants qui veulent être guidés que vers les experts qui veulent affiner leurs connaissances déjà encyclopédiques de cette partie essentielle de la création musicale. Jusqu’à présent, il était parfois difficile de trouver une œuvre même quand on savait qu’elle existait, l’enjeu est désormais de faire en sorte qu’on trouve, même quand on en ignorait jusque-là l’existence…
Pour y arriver, et c’est là la cœur de l’enjeu technique, le géant californien s’est lancé à l’assaut d’une tâche assez colossale : créer une base de métadonnées d’une complexité impressionnante, où chacune des données saisies est un critère potentiel de recherche. La base de données préexistait, grâce à Primephonic, mais a été renforcée.
Prenons un exemple simple, donné par Apple. Là où une chanson de Taylor Swift répondra généralement à trois critères de recherche : le nom de l’artiste, le nom de la chanson et le nom de l’album, la neuvième symphonie de Beethoven répond à pas moins de dix critères : le nom du compositeur, le nom de l’orchestre, du chef d’orchestre, du type d’œuvre, ainsi que le numéro de la création, sa clé, le numéro de l’opus, le mouvement, son surnom et enfin le nom de l’album. Cela en dit long sur la richesse de la musique classique, sans pour autant impliquer la pauvreté des autres genres musicaux, qui pourraient tout à fait voir leur ensemble de métadonnées enrichi avec des informations sur le studio, le producteur, les musiciens de studios, les dates et technologies de prises, etc.
Quoi qu’il en soit, l’ensemble de métadonnées de Classical compose une pharaonique somme de 50 millions de points de données – et de nouveaux sont ajoutés régulièrement. Car, au-delà des plus de cinq millions de morceaux classiques disponibles via Apple Classical, ce sont 350 000 mouvements, 115 000 œuvres et 20 000 compositeurs, qui sont classés. Il est ainsi possible d’écouter, comparer, étudier, s’immerger dans les différents enregistrements ou conduites d’une même variation.
Et puisqu’on parle de variation, si vous souhaitez réécouter les Variations Goldberg, vous pourrez y arriver en tapant Variations, Goldberg, BWV988, ou encore Jean-Sébastien Bach. Vous seront alors proposées la sélection de la rédaction avec les enregistrements de Glenn Gould et celles d’autres artistes. On notera juste qu’il est peut-être dommage sur ce point précis que seuls les enregistrements de 1981 soient proposés d’emblée, il faut chercher un peu plus longtemps pour trouver ceux de 1955, si différents, bien plus enlevés et rapides.
Des exclusivités à se pâmer
Apple étant Apple, Classical va également proposer des contenus exclusifs. Ainsi, le géant de Cupertino a signé des accords avec de grands lieux de la musique classique :
- le Carnegie Hall,
- le Berliner Philharmoniker,
- le London Symphony Orchestra,
- le Metropolitan Opera,
- le New York Symphonic,
- le Chicago Symphonic Orchestra,
- le SF Symphony,
- le Concertgebouworkest
- ou encore le Wiener Philharmoniker.
Pour ce dernier, ce seront six enregistrements exclusifs par saison qui seront disponibles sur Classical. L’occasion de découvrir des programmations et des interprétations que vous n’auriez pas pu écouter autrement. Ce pourrait être en soi une motivation suffisante pour souscrire un abonnement…
Bien entendu, la musique classique ne se limite pas à la déjà très vaste étendue de la création au fil des siècles passés. Les musiques de film de Joe Hisaishi à Hans Zimmer en passant par le magistral Ennio Morricone – dont toutes les créations ne sont pas présentes, hélas, sont évidemment disponibles à l’écoute. Et comme les amateurs de musique classique se doublent souvent d’audiophiles avertis, Apple propose ses morceaux en Lossless et Hi Res Lossless (24 bit/192 kHz). S’ajoutent à ces encodages le traitement Dolby Atmos. Ce sera notamment le cas pour les captations exclusives.
Reste encore quelques questions en suspens. Apple n’a ainsi pas donné d’informations sur la mise à disposition de l’application sur Apple TV, macOS, CarPlay ou même Android. Il faudra pour le moment se contenter d’iOS, mais il est bien possible que cela puisse vous occuper un petit moment. Nous y sommes plongé depuis une journée, et n’en finissons pas de découvrir et redécouvrir la variété de la musique dite classique, ce que Jonny Greenwood, du groupe Radiohead, qualifiait justement, lors d’une brève discussion cadrée par Apple à l’annonce de l’application, de « musique du futur ».
🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.