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Apple : et si le design était son pire ennemi ?

Roi du design industriel, Apple donne naissance avec régularité à quelques-uns des produits les plus séduisants qui soient. Pourtant, cette quête semble parfois nuire à l’innovation, qui est l’autre pilier associé à Apple.

Soigné. Epuré. Minimaliste. Le design est essentiel au succès des produits Apple et à leur identité. Une image de haute qualité, de produit de « luxe ». Une image paradoxale qui véhicule l’« unique », alors qu’on a bel et bien à faire à un produit de consommation de masse.
Un design que le marketing de la firme de Cupertino sait vendre comme un argument supplémentaire pour tomber dans la pomme.
Ainsi, lors du choc frontal entre le Galaxy SIII et l’iPhone 5, certains détracteurs de Samsung (ou zélateurs d’Apple) n’hésitaient pas à dénigrer la finition « plastique » du smartphone du géant coréen.

Design mobile

Pour autant, l’iPhone 5 a connu pendant plusieurs semaines de sérieux soucis d’approvisionnement. Des retards liés à la difficulté de fabriquer certains de ses composants et également à la complexité à les assembler. Un problème qui a culminé au cœur des usines du fabricant d’écran japonais Sharp. La finesse des dalles Retina et la qualité exigée rendait la tâche particulièrement difficile.

L’iPhone 5 s’est malgré tout bien vendu. Il doit représenter une bonne part des 47,79 millions d’iPhone écoulés lors du premier trimestre fiscal 2013.

Les Mac touchés

Ce problème de la confrontation entre le réel et le design poussé dans ses retranchements a aussi touché un autre des produits emblématiques de la firme de Cupertino : l’iMac. Dernier-né d’une gamme très populaire, le nouvel iMac s’est pourtant moins vendu que son prédécesseur. Le Digitimes avance même quelques chiffres précis. Pendant le quatrième trimestre 2012, soit le premier trimestre fiscal 2013 pour Apple, les ventes d’iMac ont chuté de plus de 40% par rapport au trimestre précédent. « Seulement » 578 000 nouveaux iMac ont été expédiés sur les trois derniers mois de l’année 2012. C’est 55% des ventes en moins par rapport à la même période l’année précédente.

Pour se donner une idée de l’importance de l’iMac dans les ventes totales de Mac, il suffit de constater qu’Apple a vendu 1 137 000 Mac de moins pendant les mois d’octobre novembre et décembre 2012 qu’au cours des mêmes mois, en 2011.

Des retards à la mise en production

Et cette baisse ne s’explique pas par un désamour pour l’iMac – un rebond dans les ventes début 2013 est attendu. Ce sont plutôt les délais à répétition dans leur fabrication initiale qui ont posé problème. Annoncé le 23 octobre en même temps que l’iPad mini, pour une sortie en novembre, il a fallu attendre le tout dernier moment, le 30 novembre, pour avoir de ses nouvelles et se voir informé de sorties échelonnées. Certains modèles d’iMac n’ont d’ailleurs été disponibles chez certains revendeurs que début janvier, trop tard pour figurer au palmarès des résultats trimestriels et trop tard, surtout, pour briller au pied des sapins.
Mais Apple n’a évidemment pas « traîné » volontairement. C’est principalement son nouvel écran qui a été la cause de ces retards.

Les limites du tour de force

Le design d’Apple est souvent qualifié de « tour de force ». Pour autant, la course au design ultime, à la miniaturisation et à la finesse à ses limites : celle des chaînes de production. Apple a rarement péché par excès de design. On garde en tête deux cas extrêmement marquants. Le premier est évidemment le Cube, ordinateur impressionnant et splendide, qui chauffait trop, et n’a finalement pas rencontré le succès. Le second prend une forme différente. C’est l’antenna gate de l’iPhone 4. L’antenne est placée dans le cerclage métallique extérieur de l’iPhone pour gagner de la place et maintenir l’assemblage des différents panneaux. Cela aboutit à un problème de réception des réseaux sans-fil… Où comment toucher aux limites d’un design, qu’il a fallu revoir partiellement.

Moins de design plus d’innovation ?

Dès lors, on peut s’interroger, Apple ne serait-il pas en train de se « cubifier ». Entre intégrer une nouvelle technologie – la NFC, par exemple, et un design épuré, quel choix ferait Apple ? Ou plutôt quel choix a fait Apple ?

La tentation du design n’est-elle pas, en définitive, trop forte ? Trop profondément ancrée dans l’identité d’Apple… L’innovation aussi, pourra-t-on rétorquer. Oui, certes, mais pourquoi dès lors les innovations des derniers iPhone, par exemple, sont-elles plus liées à l’ingénierie qu’aux usages ou aux technologies, à proprement parler ?

Apple a besoin de réaffirmer son image de société innovante pour avancer, et continuer à séduire aussi bien le grand public que les marchés financiers. On l’a vu avec la déception des analystes après l’annonce des derniers résultats financiers, et avec ceux du trimestre précédents d’ailleurs, qui étaient, pourtant, eux aussi historiques…

Le design innovant seul ne suffira pas – ne suffit plus à l’heure où la concurrence excelle. Pourquoi ne pas rêver alors à un iPhone 5S moins « beau » mais plus innovant ? Ou pour mettre la barre plus haut, beau et innovant…

Source :
Digitimes

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Pierre Fontaine