Malmenés par la crise économique et le ralentissement des ventes, deux géants de la micro-informatique explorent aujourd’hui de nouveaux gisements de croissance. Apple et Compaq vont en effet rejoindre les linéaires des magasins d’équipement électronique grand public aux côtés des Sony, Thomson Multimédia et autres Samsung. L’objectif est clair: le micro-ordinateur familial doit être considéré comme le noyau central d’une nébuleuse de terminaux numériques: caméscope, lecteur CD, assistant personnel ou… lecteur MP3.
Stockage sur disque dur
Mi-octobre, les deux fabricants américains ont ainsi lancé, à quelques jours, d’intervalle leur version respective d’un baladeur numérique MP3. Mais seule la dernière création d’Apple, l’Ipod, bénéficiera d’un lancement mondial, Compaq ayant décidé de limiter la diffusion de sa gamme Ipaq Personal CD Player au seul marché américain.Ces nouveaux acteurs du monde de la musique numérique portable ont tous deux choisi un stockage des informations sur disque dur, ce qui offre une capacité de mémoire sans commune mesure avec celles proposées par le clan adverse (Matsushita, Sony, etc.) qui utilise des cartes de type Smart Media, Memory Stick ou encore SD. “Aujourd’hui, le frein principal à une démocratisation de ces appareils, c’est le support mémoire”, souligne d’ailleurs Julien Jolivet, analyste marketing audio portable du panel GfK, en rappelant qu’une carte de 64 méga-octets, soit une heure de musique, se vend autour de 150 euros (soit près de 1 000 francs) alors que le prix de vente des lecteurs oscille autour de 300 euros. En revanche, les appareils qui exploitent le format disque dur souffrent généralement d’un volume et d’un prix plus élevés.
L’oreille informatique
C’est le cas de l’Ipod, mais son handicap ne se limite pas à cela. Ce petit boîtier, grand comme un jeu de cartes, dispose sans doute de l’une des capacités mémoire les plus élevées du marché ?” 5 giga-octets soit un millier de pistes en qualité CD ?” associée à une ergonomie, une simplicité d’utilisation et un design auxquels la firme de Cupertino nous a désormais habitués. Mais son prix ?” 449 euros ?” place ipso facto l’Ipod dans la catégorie des appareils les plus luxueux, la moyenne tarifaire des lecteurs MP3 ?” modèles carte ou disque dur ?” oscillant autour de 380 euros chez un distributeur comme la Fnac. De surcroît, l’Ipod est totalement incompatible avec le monde du PC. Dommage. La base installée d’utilisateurs de Macintosh atteint 1,2 million, rappellent les responsables marketing d’Apple, qui avouent cependant qu’à peine 25 à 30 % du parc actuel est équipé pour tirer parti de ce nouveau produit. “Nous allons les inciter à racheter un nouvel ordinateur”, clame Hugues Asseman, chef produit Europe d’Apple France. Voilà l’Ipod à peine né, chargé de relancer les ventes d’ordinateurs du groupe ! Enfin, les fonctions offertes par l’Ipod sont avant tout celles d’un produit issu de la technologie informatique (gestion des fichiers, affichage, etc.). À titre d’exemple, il n’existe aucune possibilité d’augmenter les basses à faible volume. Encore dommage, car l’Ipod se destine tout de même au marché de l’audio grand public où les fabricants proposent depuis longtemps de telles fonctions. Malgré tout, Apple estime pouvoir écouler plusieurs dizaines de milliers dunités dès les premiers mois.
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