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Apple censure un roman français pour sa couverture, jugée trop osée

La firme de Cupertino ne veut pas du roman “La Femme” de l’écrivaine française Bénédicte Martin. Son éditeur s’insurge contre cet acte de censure… Qui pose de nouveau le problème du contrôle total qu’Apple exerce sur iOS.

Nouveau cas de censure par Apple : le géant américain a refusé de diffuser la version numérique du livre de Bénédicte Martin La Femme, en raison de sa couverture jugée « inappropriée », ont déploré vendredi Les Editions des Equateurs.

Cupertino estime que la couverture du livre de Bénédicte Martin, à paraître le 20 mars, « représentant en noir et blanc une femme aux seins nus prolongeant une lame de poignard, est inappropriée », explique à l’AFP Olivier Frébourg, directeur des Editions des Equateurs, qui s’insurge « contre cet acte de censure manifeste, à rebours de la liberté de création. C’est une atteinte à la liberté d’expression ».

Cette couverture est une création d’inspiration surréaliste du maquettiste Stéphane Rozencwajg. « C’est notre diffuseur Interforum qui nous a prévenus. Apple ne censure pas le livre en raison de son contenu, par ailleurs un récit littéraire et poétique sur la féminité, mais le censure juste parce qu’il y a une femme aux seins nus sur la couverture. C’est à la fois absurde et grave. Un exemple affligeant des excès de la pudibonderie américaine ! », déplore Olivier Frébourg.

 « Et vous pouvez diffuser les oeuvres les plus “hard” du moment que vous avez une couverture neutre ». « Apple, qui joue à Big Brother, ne diffusera donc pas le livre, sauf si nous changeons la couverture, ce que je refuse catégoriquement », affirme-t-il.

M. Frébourg estime que les pouvoirs publics doivent prendre position car la liberté de création est en jeu. C’est pourquoi les Editions des Equateurs « demandent à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, ainsi qu’au Syndicat national de l’édition, et à la Commission européenne de réagir et de prendre position sur cette question fondamentale de la liberté d’expression ».

Apple, un habitué de la censure

C’est une tradition chez Apple depuis la création de l’App Store, puis de l’iBook Store : des dizaines d’applis, de livres, de magazines ont été bannis d’App Store car contraires à une doctrine morale marquée par la pudibonderie. On se rappelle notamment de l’affaire Izneo, durant laquelle l’entreprise spécialisée dans l’édition de BD numériques avait été obligée de supprimer les deux tiers de son catalogue, considéré comme pornographique par la marque à la pomme.

On se souvient aussi qu’Apple était allée jusqu’à censurer une appli créée par un Mark Fiore, un dessinateur brillant, couronné par un prix Pulitzer. En 2012, la firme avait même caviardée la couverture d’un livre pour enfant tout à fait innocent, T’Choupi part en pique-nique, pour cacher sous des étoiles le mot « nique », jugé lui aussi inapproprié !

Cette nouvelle affaire pose de nouveau le problème du contrôle quasi-dictatorial qu’Apple impose sur sa plate-forme iOS, sur laquelle toutes les applis, tous les livres, toutes les musiques doivent être validées par ses propres équipes. 

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Eric LB avec AFP