Apple vient de publier son rapport annuel sur le Personnel et l’environnement dans sa chaîne d’approvisionnement, un document dans lequel il aborde la question environnementale, l’impact du covid-19, mais aussi et surtout le comportement de ses fournisseurs vis-à-vis du droit du travail.
Un progrès au niveau des violations graves
Sur ce point, l’année 2020, marquée par la pandémie et les difficultés de production, semble avoir été celle d’un progrès notable. Ainsi, les violations majeures (core violations en anglais) de son code de conduite, auquel sont soumis ses fournisseurs, sont en baisse.
Elles étaient 17 en 2019 et neuf en 2020. Ces neuf cas touchent aussi bien des falsifications sur le nombre d’heures effectuées par les salariés que le non-respect du traitement des eaux usées ou du rejet d’air pollué. Un large spectre de violations, donc.
Le rapport se félicite également de n’avoir enregistré aucun cas de travail de mineur en 2020. En 2019, un cas avait été trouvé.
Tout n’est pour autant pas parfait : Apple indique avoir trouvé un cas où un fournisseur « avait mal répertorié des travailleurs étudiants et falsifié des documents pour cacher des violations » des accords signés avec Apple.
Cela permettait notamment aux fournisseurs de faire travailler ces étudiants de nuit et en heures supplémentaires. Pour précision, les règles édictées par Apple indiquent que les salariés de ses fournisseurs ne doivent pas travailler plus de 60 heures par semaine, et que les heures supplémentaires doivent être attribuées sur la base du volontariat.
La firme de Cupertino indique avoir placé en période probatoire cette société et avoir interrompu la mise en place de tout nouveau contrat jusqu’à ce qu’elle ait mené les actions nécessaires pour corriger ce problème.
Des dizaines de milliers de salariés suivis
Ce rapport de 113 pages a impliqué qu’Apple mène 1 121 enquêtes dans 53 pays, aussi bien chez ses assembleurs que ses fournisseurs, qui peuvent aussi bien être des fondeurs que des raffineurs de matériaux.
57 618 travailleurs ont été interviewés pour s’assurer que les propos tenus par le management de ces différents partenaires étaient fondés et cohérents avec la réalité. Apple précise également que plus de 34 000 de ces personnes interviewées ont ensuite bénéficié d’un suivi téléphonique pour s’assurer qu’elles n’étaient pas victimes d’une vengeance quelconque de la part de leur employeur.
196 647 salariés ont été sondés en 2020 pour enregistrer leurs retours sur leur expérience professionnelle au sein de 135 sites dispersés à travers le monde, aussi bien en Chine, qu’en Inde, Vietnam, en Irlande, ou même aux États-Unis. Ces enquêtes ont abouti à 3 173 ajustements, qui vont d’une augmentation des bonus à l’amélioration du confort des dortoirs ou la mise en place de navette de transports.
Apple indique également avoir formé 21,5 millions de travailleurs au respect de leurs droits depuis 2008.
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Au cours de l’année, le déplacement et l’exploitation de la minorité ouïghoure en Chine a également fait la Une des médias. Ofilm Group, un des fournisseurs d’Apple, était cité à cette occasion. Le géant de Cupertino ne revient pas sur ce cas particulier dans son document, mais avait précisé en mars dernier avoir cessé sa collaboration avec ce prestataire. Il précise en tout cas dans son rapport appliquer « une tolérance zéro pour le travail forcé de toute sorte, et s’assurer de la présence éventuelle de travailleur forcé dans l’étude de chacun de ses fournisseurs ».
Des actions en amont et en aval
En 2020, Apple aurait ainsi rejeté 8% de ses fournisseurs potentiels – parmi ses partenaires actuels et nouveaux – à cause du non-respect de ses règles, qui tendent à être meilleures que le droit du travail des pays où sont établis ces acteurs, ou en tout cas, qui veillent à protéger les salariés de certaines pratiques. C’est notamment le cas des frais de recrutement que font payer certaines agences d’emploi, par lesquelles les futurs salariés doivent passer s’ils veulent être embauchés. Or ces intermédiaires peu scrupuleux font payer les demandeurs d’emploi. En 2020, Apple a ainsi imposé à un de ses fournisseurs de rembourser ses employés. La somme s’élevait à 3,4 millions de dollars et concernait environ 10 570 personnes.
La gestion de la chaîne d’approvisionnement d’Apple doit être en soi un véritable casse-tête, une pyramide d’une complexité colossale. Travailler au respect des engagements est une tâche aussi vitale que complexe. Qu’Apple mène ce combat est donc louable. Mais certains observateurs pointent également le caractère ambivalent de la situation. Les négociations sévères qu’Apple impose à ses fournisseurs peuvent en effet inciter, dans certains cas, ses partenaires à tenter de trouver des marges économiques dans l’illégalité.
Source : Rapport d’Apple (PDF)
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