Après la Loi de Programmation militaire, le projet de loi antiterroriste présenté par le ministre de l’Intérieur ce mercredi 9 juillet risque de relancer à nouveau le débat entre tenants de la liberté et partisans de la sécurité. Car pour lutter contre la propagande pro-terroriste et pro-jihad, ce texte propose de bloquer des sites Web, comme l’a révélé Le Monde.
Dans un entretien sur France Info, Bernard Cazeneuve a abordé cette proposition. « Il faut mesurer ce qu’il se passe sur Internet. Nous avons des groupes qui s’organisent à travers la diffusion de vidéos et de photos sur les réseaux sociaux pour recruter. Le recrutement se fait essentiellement voire exclusivement sur Internet. […]« Je souhaite que nous bloquions ces sites »
Et pour ce faire, le ministre demande l’aide des fournisseurs d’accès à Internet et des géants du net. « Il faut qu’ils soient sensibilisés à ces questions. » Pour mettre en place efficacement ce dispositif, M. Cazeneuve indique que l’Europe doit être le mettre au point main dans la main avec les Etats-Unis. « C’est la raison pour laquelle le coordinateur en charge de ces questions de l’UE Gilles de Kerchove et la commissaire Cecilia Malmström ont rencontré les opérateurs et tous les ministres de l’Intérieur. Nous allons essayer d’engager une action de sensibilisation des opérateurs avec les États-Unis. »
Les opérateurs deviendront-ils officiellement des « auxiliaires de police » ? C’est très probable. D’ailleurs, l’idée a déjà été avancée dans le rapport de Marc Robert sur la cybercriminalité.
Le blocage des sites est-il efficace ?
Cette proposition, qui semble à la fois s’inspirer du rapport « Protéger les internautes » de Marc Robert et de la loi de 2011 sur la sécurité intérieure Loppsi 2, pose question. Limite-t-elle la liberté d’expression ? Sur ce point, le ministre est clair. « Internet est un grand espace de liberté, mais ce n’est pas pour cela qu’il doit servir à engager des actions terroristes, à inciter à la haine ou au meurtre. La liberté et la responsabilité sont deux notions qui s’articulent ensemble », a déclaré le ministre.
Son application risque de toute façon d’être délicate à mettre en œuvre techniquement. Les éditeurs de ces sites ont suffisamment de compétences techniques et juridiques pour contourner les textes et jouer au chat et à la souris avec les autorités. Ils peuvent facilement dupliquer leurs sites ou utiliser d’autres réseaux, comme Tor, qui garantissent l’anonymat des échanges sur Internet.
Sur ce point, le gouvernement trouvera vraisemblablement de l’aide auprès des services de sécurité américains. La semaine dernière, la presse allemande a révélé que la NSA piste très activement les utilisateurs de Tor, qu’elle considère comme des « extrémistes », pour les identifier.
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– Lutte contre la cybercriminalité : un rapport, cinquante-cinq propositions (01/07/2014)
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