Free Mobile a des impératifs de couverture de la population très stricts qui ont été fixés par l’Arcep : 27 % de la population au 10 janvier 2012, 75 % au 10 janvier 2015 et enfin 90 % au 10 janvier 2018. Aujourd’hui, l’opérateur dispose de plus d’un millier d’antennes actives et s’est fixé d’en installer plus de 2 500 d’ici à la fin de l’année.
C’est dans les zones à forte densité de population que le quatrième entrant éprouve le plus de difficultés à déployer ses antennes. D’une part, les sites prêts à accueillir les antennes ne sont pas légion : bon nombre d’entre eux sont déjà occupés par les trois grands opérateurs (Orange, SFR et Bouygues). D’autre part, les riverains sont peu enclins – de manière générale – à vivre à proximité d’un tel dispositif en raison des risques éventuels liés à une trop forte exposition aux ondes électromagnétiques pulsées.
Une polémique née avec la pose d’antennes rue de la Santé
Le 29 janvier dernier, Free Mobile a procédé à l’installation de trois antennes-relais sur le toit d’un immeuble situé au 64 rue de la Santé dans le quatorzième arrondissement de Paris. Le grutage des antennes a été effectué alors même que la mairie avait rendu un avis défavorable à l’installation du site. La réaction des riverains ne s’est pas fait attendre et l’affaire est remontée jusqu’au Conseil de Paris qui n’a pas vraiment apprécié la méthode de l’opérateur. S’en est suivie une réunion publique, le 20 mars, en présence du maire d’arrondissement, d’un adjoint au maire de Paris, d’une élue locale en charge de la téléphonie mobile, des riverains sensibilisés ainsi que des représentants de Free et de l’opérateur TDF.
La rencontre – dont nous avons récupéré le compte-rendu – a pris une issue surprenante ou, tout du moins, peu habituelle pour qui est coutumier des concertations sur le sujet entre riverains et opérateurs mobiles. Sous la pression du maire, le quatrième opérateur a reconnu que le déploiement de la téléphonie mobile ne pouvait plus se faire sans prendre en compte l’avis des riverains et leurs craintes légitimes.
Free s’est, en outre, engagé à effectuer sous une quinzaine de jours des simulations de calcul des seuils d’exposition des bâtiments entrant directement dans le champ des antennes sus-citées. Ces mesures permettront de vérifier que les niveaux d’exposition subis par les riverains sont en-deçà du seuil de précaution de 0,6 volt par mètre, préconisé par les expertises indépendantes, demandées par la mairie du XIVe, les associations et les habitants. Une autre réunion publique donnera lieu à la publication des résultats. D’ici là, Free s’est engagé à ne pas mettre les antennes du site en service.
Robin des toits salue « la position d’ouverture de l’opérateur »
Les élus et le porte-parole de l’association Robin des toits présents ont salué unanimement « la position d’ouverture de l’opérateur ». Car au-delà du résultat des estimations qui, de toutes façons, donneront lieu à de véritables prises de mesures ultérieurement, l’association Robin des toits, par la voix de son représentant Etienne Cendrier, considère que cette prise de position de Free constitue un précédent. En effet, si l’opérateur adopte réellement cette ligne de conduite, la concertation en matière d’implantation d’antennes-relais sur Paris pourrait repartir sur de nouvelles bases, bien plus acceptables aux yeux des riverains.
Si un tel schéma devenait « la norme », la concertation entre associations de riverains, mairies et l’opérateur commencerait bien en amont de la pose de l’antenne. L’opérateur ne pourrait plus procéder à des installations « discrètes » ou « en force ».
Une stratégie de séduction du public
Au-delà de la prise de position adoptée par Free Mobile sur ce cas précis, on peut se demander si le trublion a véritablement une autre option pour déployer son réseau. Comme nous l’évoquions précédemment, en 2012, le grand public a forcément entendu parler des éventuels risques liés à l’exposition aux antennes et Free aura certainement du mal à déployer son réseau en faisant fi de cette donnée. Il est bien plus judicieux pour l’opérateur d’implanter ses antennes en concertation avec la population, plutôt que de se mettre cette dernière à dos et procéder à des démontages (qui, financièrement, sont un très mauvais calcul).
Par ailleurs, Free Mobile, qui n’a pas forcément le vent en poupe ces derniers temps, pourrait redorer son blason en mettant en avant cette politique dans ses futurs plans de communication. Enfin, si, à l’avenir, l’opérateur ne remplissait pas ses obligations de couverture ou de qualité de service fixées par l’Arcep et l’ANFR, il pourrait alors se défendre en invoquant ces concertations engagées avec les collectifs de riverains et les mairies.
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