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Android Wear : une semaine avec une montre connectée Google

La G Watch de LG fait partie des trois premières montres à bénéficier de l’OS dédié de Google, Android Wear. Techniquement satisfaisante, nous avons pourtant du mal à lui trouver un intérêt.

Les montres intelligentes, ou connectées, ne datent pas d’hier. On se souvient des premiers modèles Data Bank de Casio, qui permettaient d’y stocker quelques numéros de téléphones et des adresses, ou encore de cette horrible initiative de Samsung en 1999, la SPH-WP10. C’était l’une des toutes premières à faire véritablement office de téléphone. Plus récemment, en 2009, LG a de nouveau tenté une approche avec la Watch Phone, plutôt aboutie, mais bien trop chère.

Depuis 2012, des rumeurs persistantes prêtent à Apple des projets ambitieux dans le domaine des montres connectées. Et comme par enchantement, tout l’écosystème high-tech y va de son nouveau modèle pour prendre de l’avance et anticiper son arrivée. Samsung a dégainé sa Galaxy Gear, déclinée en différentes variantes, après Sony qui avait déjà entamé le mouvement avec ses deux SmartWatch… et même des marques qui n’ont à priori rien à voir avec les montres se lancent sur le créneau. On pense à Polaroid, par exemple, dont nous avons testé tout récemment la TimeZero. Les montres pullulent, donc, mais voilà : toutes reposent sur des systèmes propriétaires qui, de fait, ont du mal à susciter l’intérêt des développeurs, et donc des consommateurs.

Google l’a bien compris et a pris les devants en lançant Android Wear. Android Wear, c’est l’OS que met Google à disposition de toutes les marques qui souhaiteraient lancer rapidement des objets connectés, notamment des montres, et ce à moindres frais. Avec un OS tout prêt, plus besoin de développer de zéro un environnement logiciel coûteux en temps et en moyens. Mais que vaut vraiment ce système d’exploitation ? 

Le prolongement naturel d’un smartphone Android

La G Watch est l’une des trois premières montres connectées sous Android Wear, avec la Galaxy Gear Live de Samsung et la Moto 360 de Motorola. Nous utilisons le modèle de LG depuis son lancement début juillet et avec le recul que cette courte période nous autorise, nous la définirions comme une extension de notre smartphone Android. Une sorte d’écran déporté sur lequel s’affiche toutes les notifications qui s’entassent au quotidien dans la zone de notification de nos smartphones. Une fois appairé à votre mobile Android (et Android uniquement) en Bluetooth, l’écran de la montre affiche donc en temps réel les SMS, les mails, et les notifications de vos applis favorites. Android Wear prévoit différentes interactions en fonction des alertes reçues.

Email. On peut consulter la totalité d’un mail reçu directement sur le petit écran de la montre, Android Wear sait même différencier le texte du code HTML. L’affichage est du coup plutôt propre. Depuis la montre, il est possible de le supprimer, de l’ouvrir sur le smartphone pour le consulter sur un écran plus confortable, mais on peut surtout y répondre directement en utilisant la reconnaissance vocale. On dicte alors le message à la montre qui l’envoie… dans la foulée, sans qu’il soit possible de le modifier. Pratique pour répondre brièvement à un proche pas trop regardant, mais à proscrire dans le cadre professionnel pour éviter tout désagrément lié à une retranscription malheureuse !

SMS. Depuis la montre, on peut lire l’intégralité d’un SMS, le marquer comme lu, appeler son expéditeur et surtout y répondre. Par la voix via la reconnaissance vocale ? Et bien étrangement, non. Contrairement à l’email, il faut nécessairement passer par le clavier de son smartphone pour répondre ! Alors même qu’il est possible d’envoyer un message par la voix à n’importe quel expéditeur… (lire plus bas)

Notifications. Android Wear affiche à l’écran de la montre toutes les notifications des applications. Et comme sur le téléphone, il suffit d’un glissement de doigt vers la droite pour les faire disparaître une à une. Si l’application qui génère la notification n’a pas prévu de scénario spécifique à Android Wear, la seule possibilité qu’offrira la montre est d’ouvrir l’application sur le téléphone. On a connu plus innovant.

Des fonctions assez sommaires

Au-delà des notifications, Android Wear donne accès à quelques fonctions via son écran tactile ou la reconnaissance vocale (la G Watch est dépourvue de bouton). Tapotez une fois sur l’écran, la montre se met en mode «écoute» et vous pouvez lui dicter différentes actions à mener. La plus courante : l’envoi de SMS. Pour transmettre un message à un correspondant, vous devez dicter à la montre l’ensemble des consignes dans une seule et même phrase. Exemple : « envoyer un message à Mélanie je rentrerai vers 20 heures à tout à l’heure faut-il acheter du pain ?» Et une fois le message capté par la montre, vous n’avez que 4 secondes pour pouvoir l’annuler avant qu’il ne soit automatiquement envoyé ! Si la rapidité du processus est appréciable, il induit forcément une part de risque concernent la retranscription… Et au passage, il oblige à recommencer la diction depuis le début en cas d’erreur de la part de l’utilisateur. Fastidieux, d’autant que la procédure est identique pour l’envoi de mails.

Depuis la montre, il est possible d’appeler d’autres fonctions par la reconnaissance vocale : demander un itinéraire vers un lieu spécifique et afficher la carte et le guidage sur l’écran du smartphone par exemple. Plutôt pratique, mais la réalisation est perfectible. Il faut forcément sortir votre mobile de veille manuellement pour lancer l’affichage de Google Maps… On aurait préféré que la montre force cette sortie de veille, notamment en voiture où nos deux bras sont constamment occupés. Par la voix, on peut aussi appeler son agenda, la météo, créer une note, afficher le nombre de pas calculé par le podomètre intégré, et accéder à des fonctions plus classiques pour une montre : chronomètre, alarme, horloge mondiale, etc.

Enfin, l’appareil fonctionne de pair avec Google Now, l’assistant intelligent de Google. Il peut donc afficher des informations spécifiques en fonction de l’heure de la journée (itinéraire vers le bureau, le domicile…) ou des données de votre agenda («il est temps de partir pour votre rendez-vous de 15h»). Google Now voit souvent juste, il est vrai, et affiche ces informations intéressantes sans qu’on ait à le faire manuellement. Mais on touche ici au coeur des questionnements sur Android Wear et sa philosophie.

Un système rigide qui en impose un peu trop

Car voilà, il est plus rapide de dresser la liste des choses qu’elle sait faire plutôt que l’inverse. Il est impossible par exemple de consulter sur l’écran l’ensemble des SMS ou mails déjà reçus. En effet, seuls ceux qui font l’objet d’une notification peuvent être lus sur la montre. On regrette aussi qu’il ne soit pas possible de consulter le journal des appels pour appeler un correspondant plus rapidement qu’avec la reconnaissance vocale. D’autant que cette dernière n’est pas adaptée à toutes les situations : qui voudrait partager avec les autres usagers du bus ou du métro le petit surnom donné à son compagnon ? Impossible également de donner des instructions à Google Maps en cours de navigation directement depuis sa montre, comme un changement d’itinéraire ou la recherche d’une station-service en chemin.

Globalement, Android Wear doit être avant tout considéré comme une plate-forme dédiée au «push», notamment parce qu’elle fonctionne de pair avec Google Now et le volet de notifications d’Android. Mais avons-nous réellement besoin d’un appareil orienté spécifiquement vers cet usage, et qui plus est constamment à notre poignet ? D’aucuns y verront sûrement un intérêt, mais nous sommes convaincus que tout reste encore à faire, et que le modèle n’en est encore qu’à ses balbutiements. D’ailleurs, Android Wear a été présenté en premier aux développeurs, preuve que Google compte énormément sur sa communauté technique pour imaginer les fonctions dont nous ne pourrons plus nous passer demain.

À l’heure actuelle, pour les utilisateurs de la G Watch, «demain» est une notion beaucoup plus terre-à-terre qui lui rappelle un autre très gros défaut de leur montre : l’échéance quotidienne de l’autonomie de la batterie. Difficile de rendre un accessoire moins accessoire quand il faut le relier chaque jour à une prise de courant !

Voir le test de la LG G watch en vidéo.

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Christofer Ciminelli